Le constat est sans appel. Dans l’industrie du transport, le taux de féminisation est seulement de 21 %. Bien loin de la parité attendue. Pour trouver l’équilibre entre hommes et femmes au volant de ses bus et aux manettes du tramway, RD Brest (491 salariés, 48 M€ de CA), qui affiche 27 % de femmes, a décidé de mettre en place une politique volontariste pour trouver des conductrices. Grâce à cette démarche, la société a reçu le trophée de l’entreprise inclusive de l’Union des entreprises du Finistère dans la catégorie mixité.
Chercher des compétences
La filiale brestoise de RATP Dev a été créée quand le groupe parisien a été choisi pour opérer le réseau de bus de la Cité du Ponant : Bibus. La délégation de service public (DS P) a démarré en juillet 2019 et cours jusqu’en 2027. Parmi les nombreux chantiers de l’entreprise, le fait d’accentuer la mixité au sein de ses équipes en est un majeur. "C’est assez simple pour les fonctions support, moins pour les activités de conduite et de maintenance", remarque Babacar Diouf, chargé de recrutement chez RD Brest. La conduite concerne 77 % des effectifs, c’est donc sur ce métier que la direction de RD Brest a décidé de commencer.
"Quand nous mettons simplement une annonce pour recruter un chauffeur ayant déjà un permis, un seul candidat sur 10 est une femme", explique Yann Martinez, directeur des ressources humaines, qui a alors décidé de changer de méthode. "Déjà, quand nous passons une annonce désormais, nous mettons tout au féminin. Nous cherchons une agente commerciale de conduite, qui est le terme exact." Mais les femmes sont peu attirées par le métier qu’elles imaginent demander de la force physique. "Aujourd’hui, avec la technologie, ce n’est plus du tout le cas : direction assistée, ABS, etc. Les bus ne se conduisent pas tout seuls, mais presque !", sourit Le DRH.
Yann Martinez cite aussi les efforts de l’entreprise avec des berceaux dans une crèche d’entreprise, la garderie avec horaires décalés et la possibilité d’échanger des tours avec des collègues. "Sans compter qu’un temps plein chez nous, c’est 33 heures et 18 minutes", précise Babacar Diouf.
Peu de femmes ayant également leur permis de transport public, RD Brest a aussi choisi de recruter sur d’autres critères. "Nous recherchons des compétences comme la relation clients, le sens commercial, la vision périphérique, la coordination, etc.", ajoute Yann Martinez. RD Brest se charge ensuite de former et faire passer les permis. "Avec cette méthode, nous avons pu lancer une promotion de douze personnes à la rentrée, avec six femmes ! Au départ, nous avons eu 70 candidats dont 34 femmes", précise le dirigeant.
Des accidents moins graves
RD Brest bénéficie de l’aide de ses partenaires comme Pôle Emploi pour trouver et orienter des femmes en reconversion de l’hôtellerie ou de la GMS mais le métier de conductrice. "Pour nous, c’est un atout d’engager des femmes à ces postes. Des statistiques montrent que si elles ont autant d’accidents que les hommes, ils sont moins graves", indique Yann Martinez, bien conscient que la mixité prendra du temps car il y a peu de turn-over à Bibus. "Nous embauchons environ une vingtaine de conducteurs ou conductrices par an", estime Babacar Diouf.
La prochaine étape sera de féminiser l’atelier de maintenance. "C’est une autre affaire. D’autant qu’en ce moment, nous avons du mal à trouver des agents de maintenance, quel que soit le genre !" Ce travail de fond sur la mixité accompagne celui sur l’inclusion des publics éloignés de l’emploi et des personnes handicapés. "Nous sommes sur la bonne voie", souligne Yann Martinez.
