Finistère
Philippe Mahé, préfet : « Le bureau de la relance dans le Finistère, c’est le mien »
Interview Finistère # Services de l'Etat

Philippe Mahé préfet du Finistère Philippe Mahé, préfet : « Le bureau de la relance dans le Finistère, c’est le mien »

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Nommé cet été préfet du Finistère, Philippe Mahé a déjà de nombreux dossiers économiques sur son bureau : les difficultés de Brittany Ferries, de Meunier, Hop !… Surtout, le préfet se positionne comme le relais du plan de relance de l’État.

— Photo : © Isabelle Jaffré

Dans quel contexte économique le Finistère se trouve-t-il aujourd’hui ?

Nous sommes, à l’automne 2020, toujours en pandémie. Nous sommes sortis du confinement avec une situation sanitaire qui est très différente selon les territoires. Dans le Finistère, nous ne sommes pas en zone d’alerte. Par ailleurs, avant le Covid-19, les fondamentaux de notre économie étaient sains avec un taux de chômage faible et un bon niveau d’investissements des entreprises. Depuis le début de la crise sanitaire, tout ce qui a été mis en place par l’État à permis d’accompagner les entreprises à travers l’activité partielle (156 M€ engagés dans le Finistère entre mars et fin septembre), des prêts garantis par l’État (913 M€ d’encours) et un fonds de solidarité (60 M€ pour 18 000 entreprises). Sans parler des reports des échéances fiscales. Cette sauvegarde est le premier chapitre de la relance. Et nous continuons.

Quel est le suivi des entreprises toujours en difficulté ?

BAI (Brittany Ferries, NDLR) et Hop ! font l’objet de traitements particuliers avec des discussions entre les instances ministérielles et les directions de ces entreprises. Pour BAI, des choses ont été annoncées par le Premier ministre (15 millions d’euros, correspondant au remboursement de l’intégralité des cotisations salariales de l’entreprise pour 2021, NDLR). Les discussions se poursuivent et vont aboutir sur un plan précis pour leur faire dépasser cette difficulté conjoncturelle. Pour Hop !, il y aura vraisemblablement un rencontre entre direction et élus locaux à Morlaix. Je suis également de près le dossier Meunier (l’entreprise brestoise a été placée en redressement judiciaire à l’été, NDLR).

Avez-vous un rôle à jouer dans le plan de relance de 100 milliards d’euros annoncé par le gouvernement début septembre ?

Le plan et ses 74 fiches sont le deuxième chapitre de cette relance. Les actions sont de différentes natures, elles balayent tous les secteurs d’activité avec des temporalités différentes, des méthodes d’appels à projets distinctes et des circuits financiers multiples (subvention, avance remboursable, prêt, etc.). Notre urgence a été d’utiliser au maximum la commande publique locale. C’est elle qui fait que le bâtiment et les travaux publics peuvent mettre en œuvre un certain nombre de projets et créer de la valeur. L’État nous demande d’engager tous les crédits votés par le parlement en juillet, au titre de la dotation de soutien à l’investissement local.

Que cela représente-t-il dans le Finistère ?

Ici, la première dotation était de 6 millions d’euros, la deuxième après le Covid-19 est de 17 millions d’euros. S’ajoutent 13 millions d’euros de dotation aux équipements des territoires ruraux. Ces 36 millions d’euros au total représentent pour un montant de 163 millions d’euros de projets engagés maintenant jusqu’au printemps 2021. Cela concerne la transition énergétique, le patrimoine, le sanitaire, l’aménagement de pistes cyclables, les opérations culturelles, les bâtiments scolaires, sportifs… Les collectivités finistériennes ont présenté de nombreux dossiers pour démarrer les opérations avant le 31 mars 2021. C’est important car en avril prochain, nous aurons à peu près les mêmes enveloppes. Il n’y a jamais eu autant d’argent pour investir aux côtés des collectivités locales. C’est une année historique pour l’aide à l’investissement local.

Qu’attendez-vous des entreprises ?

Qu’elles soient aptes à répondre à la commande. Cela veut dire répondre aux appels d‘offres et avoir les moyens humains pour pouvoir réaliser les travaux. Je sais que parfois les entreprises sont en difficulté soit pour répondre au cahier des charges, soit pour anticiper sur les recrutements. Je vais donc mettre en place un observatoire de la commande publique.

Autour de moi, il y a aura la DDFIP, la CCI, les filières, la CMA, le Medef et aussi les collectivités, maîtres d’ouvrage. L’idée est d’anticiper les commandes publiques. Nous allons expliquer quelles sont les intentions de réalisation d’ouvrages à 6 mois, un an, 18 mois, deux ans et sur quels types de travaux, avec quelles formules juridiques utilisées. Les entreprises peuvent solliciter les collectivités en demandant comment elles peuvent s’y préparer du mieux possible. Nous ferons cette première réunion avant la fin de l’année. Les entreprises pourront ainsi se projeter, être en confiance pour recruter.

Comment allez-vous aider les entreprises à s’approprier le plan de relance ?

Les entreprises doivent savoir que dans ce département, le bureau de la relance, c’est le bureau du préfet. J’ai déjà une petite dizaine de projets qui relèvent de ces fiches. On est en train de les examiner pour les mettre dans le bon tuyau. Que demandent les entreprises ? Que les administrations au plus près puissent mettre dans le bon tuyau leur projet et qu’on puisse travailler avec elles sur l’organisation de leur projet pour qu’il soit éligible au plan de relance. J’ai commencé à le faire en temps réel avec un premier projet de 2,5 millions d’euros d’investissement. Une autre entreprise a un projet de 10 millions d’euros qui n’avait pas de réponse d’un organisme central. J’ai fait le lien. Nous sommes des facilitateurs et connaisseurs de terrain. On sait expliquer qui sont ces entreprises et ce qu’elles font à ceux qui vont décider, au niveau central, là où sont les expertises avérées sur les sujets très pointus. Avant la fin de l’année, j’organiserai un comité de suivi du plan de relance pour dire quels sont les projets déjà retenus. Et quelle sera la suite !

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