Récupérer directement dans le bloc opératoire les références, caractéristiques, données et contexte d’opération des prothèses implantées chez les patients pour en assurer une traçabilité optimale : c’est la solution que propose Oxyledger, jeune entreprise finistérienne créée en 2018 à Plouzané. "Notre objectif est de simplifier cette traçabilité en supprimant le papier, l’enregistrement de données manuscrites et le système de collage d’étiquettes des boîtes de prothèses sur les feuilles d’intervention dans les blocs opératoires", résume Xavier Moal, son directeur général.
Une solution testée au cœur des blocs opératoires
Pour y parvenir, les cinq salariés d’Oxyledger ont mis au point une solution digitale de suivi et de stockage des données de bloc opératoire, en partenariat avec le CHRU de Brest, actionnaire de l’entreprise depuis janvier 2020. De quoi tester sa solution au plus près des utilisateurs et en conditions réelles, au sein du service d’orthopédie et traumatologie. "Notre prototype fonctionne et nous avons désormais pour objectif de le décliner dans d’autres spécialités. Mais nous avons encore quelques défis techniques à relever, notamment en termes d’interopérabilité avec les autres systèmes d’information. Nous réfléchissons aussi à un projet de collaboration entre plusieurs établissements de santé pour disposer d’un référentiel général qui garantisse à 100 % le succès d’une opération en connaissant précisément ce qui rentre dans le bloc et ce qui en sort", confie Xavier Moal, dont la solution attise l’intérêt de grands acteurs industriels et des professionnels de santé.
Un tour de table réunissant des chirurgiens et un industriel
Un intérêt confirmé lors de la première levée de fonds finalisée en novembre dernier par Oxyledger. Un tour de table d’1,5 million d’euros, dont les deux tiers ont été apportés par un industriel français du secteur de la santé investissant son argent personnel, ainsi que plusieurs chirurgiens spécialistes des prothèses orthopédiques et un spécialiste en innovation santé. Pour continuer à développer sa solution, Xavier Moal peut également compter sur le soutien de Jean Chaoui, son ami et conseiller scientifique qui a notamment créé Imascap, spécialisé dans les prothèses personnalisées.
"Au-delà de la sécurité des patients, notre solution répond aussi à des besoins logistiques et financiers car notre clé de traçabilité suit tout le cycle de vie de la prothèse et va devenir à terme une clé de facturation. Elle répond aussi à des besoins scientifiques, car les données récoltées vont permettre de recréer des cohortes de patients et de donner lieu à des publications", souligne le directeur général, qui vient tout juste de prendre ses quartiers dans ses nouveaux locaux au sein du W.inn, le centre d'innovation du CHRU de Brest. "Nous venons d'embaucher une personne supplémentaire et avons encore deux postes ouverts sur des profils informatiques. Nous devrions être une dizaine d'ici deux ans. Le plus difficile pour continuer à nous développer sera probablement de constituer un socle de compétences localement, car nous avons le potentiel pour employer une cinquantaine de personnes en rythme de croisière", conclut Xavier Moal, qui vise une mise en œuvre opérationnelle de sa solution à l'hôpital de Brest en 2022.