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Naval Group prévoit d'investir 65 millions d'euros à Brest d'ici à 2023
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Naval Group prévoit d'investir 65 millions d'euros à Brest d'ici à 2023

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Après une enveloppe de 21 millions d'euros en 2019, Naval Group octroie 65 millions d'euros pour rénover, agrandir et moderniser ses trois sites brestois. Un atelier multispécialités est d’ores et déjà en construction.

Eric Balufin, directeur de Naval Group Brest. — Photo : © Isabelle Jaffré

« 2019 a marqué un tournant pour Naval Group Brest », explique Éric Balufin, le directeur du site depuis 2017. Avec une enveloppe de 21 millions d’euros en 2019, le site a vu doubler sa capacité d’investissement, qui tournait autour de 10 à 11 millions d’euros par an les années précédentes. « C’est une marque forte de la confiance du groupe dans l’activité à Brest », insiste le directeur.

Naval Group, ex-DCNS (2,9 Md€ de CA en 2018), est aujourd’hui dans une phase de forts investissements à Brest, qui fait suite à une période de regroupement des activités du site spécialisé dans la maintenance en conditions opérationnelles des sous-marins Scopene notamment. L’entreprise occupait auparavant des bâtiments aux quatre coins de « l’Arsenal ». Un regroupement qui fait sens, désormais. « Nous sommes locataires, ici, nous voulions réduire notre emprise. » Naval Group Brest emploie 2 830 salariés, dont la majorité sur le site de la base (1 500 personnes environ). Une partie des salariés est située sur le site de la Marine nationale de l’Île Longue. Enfin, depuis début 2016, le groupe naval français occupe un bâtiment neuf, zone de Froutven à Guipavas. 250 à 300 personnes y travaillent. « Nous avons également plus de 300 personnes par an qui partent sur des chantiers extérieurs pour des marines étrangères », précise Éric Balufin.

Un atelier multispécialités fin 2020

Sur les 21 millions d’euros octroyés à Brest en 2019, 14 millions ont été affectés à la construction d’un nouvel atelier d’usinage, situé entre l’atelier mécanique et chaudronnerie, pour créer un grand atelier multispécialités sur la base navale. « Auparavant, les sites étaient séparés et l’atelier usinage distant de 150 mètres. Cela ne parait pas beaucoup mais les pièces passaient leur temps sur la route. Le projet nous fait économiser 10 000 km par an ! », note Éric Balufin.

Le nouvel ensemble, installé au cœur du dispositif industriel de Naval Group sur le site de la pointe, fera 3 210 m², comprenant les ateliers en rez-de-chaussée dont 2 080 m² pour l’usinage, un centre de formation soudure de 280 m² et enfin un étage tertiaire (bureaux et vestiaires) de 846 m². « Ce n’est pas un petit bâtiment ! ». La nef usinage aura par exemple une hauteur sous plafond de 15 mètres. « C’est ce dont nous avons besoin pour les plus grandes pièces des sous-marins », explique le dirigeant.

Base navale de Naval Groupe à Brest — Photo : © Isabelle Jaffré - Le Journal des entreprises

L’ancien bâtiment a, lui, été détruit en 2019 et les travaux de construction vont démarrer courant janvier 2020 pour une livraison en septembre. Le chantier a demandé une certaine gymnastique afin de ne pas arrêter la production pendant les travaux. « Nous avons dû redéployer les activités chaudronnerie qui étaient installées dans la nef détruite. Cela demande un peu d’organisation. » Il est prévu que le nouvel atelier multispécialités soit opérationnel en décembre 2020. Environ 150 salariés permanents, sans compter les gens de passage, y travailleront. Le bâtiment d’usinage actuel n’a pas encore été réaffecté. « Mais on trouvera, je ne me fais pas de souci, on est à l’étroit ! », sourit le dirigeant.

Nouvelles machines et impression 3D

Cette construction d’atelier s’accompagne d’un investissement machines important : environ 4,5 millions d’euros. Le groupe modernise son parc avec des machines à commandes numériques : aléseuse, tour verticale 5 axes, etc. « Cela va nous permettre de réaliser des pièces que l’on ne pouvait pas faire auparavant. C’est aussi un confort pour les travailleurs d’avoir des machines modernes », se réjouit le directeur.

L’entreprise travaille aussi sur la fabrication additive, en d’autres termes l’impression 3D. « Nous maîtrisons déjà l’organique – avec du plastique -, nous voulons aller plus loin avec la métallique. » Le process est connu, reste à réaliser les tests s’assurant de la fiabilité et solidité des pièces réalisées. « C’est notre centre de recherche à Nantes qui gère cela, mais l’atelier sera à Brest car c’est très proche du métier de soudeur, pour lequel nous avons un centre de formation. »

La fabrication additive est une technologie fondamentale pour le futur de Naval Group, selon Éric Balufin, qui explique : « C’est une autre philosophie. Quand on usine une pièce, il s’agit d’enlever de la matière. Avec la fabrication additive, on en ajoute. L’avantage, c’est que nous pouvons alors réaliser des formes que nous ne pouvions pas faire avant. Un exemple : les hélices. Elles sont fabriquées à partir d’un moule et ensuite taillées. Mais, à cause du moulage, on ne peut pas faire n’importe quelle forme. En fabrication additive, nous pourrons expérimenter d’autres formes d’hélices pour minimiser leur bruit dans l’eau. » Le nerf de la guerre pour les sous-marins, qui cherche à être les plus silencieux possible.

65 millions d’euros pour 2020-2023

Un deuxième atelier sera en construction en 2020, pour un montant de 3 à 4 millions d’euros, pour l’activité « systèmes de combat ». « Il s’agit des radars, sonars, guerre électronique, etc. Le budget n’est pas encore tout à fait arrêté, mais on espère réaliser ce projet également en 2020. »

« Ces investissements sont une marque forte de la confiance du groupe dans l’activité à Brest. »

Et le site de Brest ne va pas s’arrêter là. En effet, il vient d’obtenir une enveloppe de 65 millions d’euros supplémentaires, sur la période 2020-2023 inclue, pour poursuivre la modernisation du site, notamment les rénovations et agrandissements des ateliers mécanique, chaudronnerie, régénération d’atmosphère… « Nous travaillons aussi sur la qualité de vie au travail sur nos trois sites. Parmi les actions déjà réalisées nous avons l’embauche d’un ergonome, la sécurisation de la circulation, de l’éclairage solaire… Et nous allons continuer », cite Éric Balufin. Enfin, l’enveloppe servira aussi à financer le transfert de compétences pour former les salariés et futurs salariés, via des chantiers écoles ou encore de l’utilisation de réalité virtuelle.

Car après quelques années à se serrer la ceinture, Naval Group réinvestit et réembauche massivement. « Cette tendance va se poursuivre. Nous visons un solde positif de 200 personnes d’ici 2023, soit environ 3 000 salariés », annonce le directeur du site. Objectif : « plus d’efficacité pour notre principal donneur d’ordres : la Marine nationale. Et confirmer les perspectives à l’international », conclut-il.

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