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Lessonia reprise par ses managers pour poursuivre sa croissance
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Lessonia reprise par ses managers pour poursuivre sa croissance

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Vingt ans après sa création, l’entreprise finistérienne Lessonia est devenue un leader européen de la fabrication de cosmétiques à façon. En mars, Christophe Winckler, son fondateur, a cédé la majorité de ses parts à une partie de son équipe de management. De quoi ouvrir une nouvelle page pour celle qui entend doubler son chiffre d’affaires d’ici 2030.

Après avoir investi massivement en 2019 pour agrandir son site de production de Saint-Thonan, Lessonia prévoit de construire un nouveau bâtiment de stockage d’ici 2025 — Photo : Lessonia

Créée en 2002 à Saint-Thonan par Christophe Winckler, ingénieur en agroalimentaire de formation, Lessonia était historiquement spécialisé dans la transformation des algues, avant de progressivement se tourner vers la production et la transformation de diverses matières végétales… Pour finalement s’imposer comme un leader européen de la fabrication à façon et du conditionnement de produits cosmétiques et d’ingrédients naturels. Au point d’être aujourd’hui devenue un fournisseur incontournable des grands noms de la cosmétique mondiale. L’entreprise, qui emploie 230 salariés et compte en embaucher une vingtaine de plus cette année, vient ainsi de dépasser les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont plus de 65 % réalisés à l’international.

Une transmission amorcée dès 2013

Et vingt ans après le début de l’aventure, Christophe Winckler vient de franchir un nouveau cap. Depuis fin mars, il a en effet cédé la majorité de ses parts pour faire évoluer l’actionnariat de la société autour d’une équipe de managers emmenée par Sébastien Guillotin, directeur général depuis 2020. Une opération orchestrée par le cabinet de conseil parisien Sevenstones, qui permet aux managers de renforcer leur participation et de prendre le contrôle majoritaire de la société. En parallèle, des investisseurs minoritaires et des partenaires bancaires tels que NewAlpha Verto, Bpifrance et BNP Paribas Développement accompagnent l’entreprise afin de la soutenir dans cette nouvelle étape de son développement. Une transmission anticipée de longue date. "Transmettre le contrôle de l’entreprise à l’équipe de management qui, jour après jour, a contribué au développement de Lessonia était un objectif que je m’étais fixé dès 2013", se félicite Christophe Winckler, dont les managers étaient déjà montés à 36 % du capital à travers deux opérations successives, en 2015 et en 2021. "À chaque fois, j’ai eu la chance que des associés historiques qui m’avaient aidé au démarrage de la société acceptent de céder leurs parts", souligne celui qui "restera dans les parages encore cinq ou six ans, mais pas du tout à un niveau opérationnel". Car c’est désormais pour l’intérêt commun que Christophe Winkler compte œuvrer, à travers une fondation qu’il vient de créer et qu’il a baptisée "La poule rousse".

De Dirinon à Hong Kong en onze ans

C’est donc une nouvelle page qui s’ouvre pour Lessonia, qui compte bien capitaliser sur la trajectoire de croissance impulsée par Christophe Winckler dès ses premières années d’activité. "J’ai commencé tout seul à Dirinon, dans un bureau que je louais chez Technature, l’entreprise de cosmétique créée par Philippe Le Fur et dont j’avais été l’un des premiers salariés en qualité de directeur commercial", se remémore-t-il. "C’est avec lui que nous avons créé Lessonia en 2002, afin d’aller sur des marchés complémentaires, et notamment celui des algues pour la thalassothérapie ou encore l’alimentation animale". Très vite, la start-up se spécialise dans la transformation des algues et investit dans une première usine implantée à Milizac d’où sortiront ses premiers ingrédients exfoliants.

Christophe Winckler, fondateur de Lessonia, et Sébastien Guillotin, directeur général — Photo : Lessonia

La croissance est rapidement au rendez-vous, avec une progression du chiffre d’affaires de l’ordre de 20 à 25 % par an. Et très vite, l’entreprise se diversifie dans la production et la transformation d’autres matières végétales en produits cosmétiques : écorces d’orange, pépins de raisin et autres extraits de kiwis ou de litchis. En 2007, pour soutenir son développement, Lessonia prend ses nouveaux quartiers dans une usine flambant neuf construite sur deux étages à Saint-Thonan. En 2010, elle accélère à l’export et ouvre un bureau au Mexique, tête de pont pour se développer ensuite aux États-Unis et au Brésil. L’année suivante, elle attaque le marché asiatique en ouvrant un bureau à Hong Kong, depuis lequel elle gagne des parts de marché en Chine, en Corée, au Japon et en Thaïlande. Un bureau dont Christophe Winckler avait à l’époque confié la responsabilité à un certain Sébastien Guillotin, aujourd’hui directeur général de l’entreprise dans laquelle il était entré en tant que commercial.

Investissements en série

En 2013, Lessonia rachète sa consœur Océaliance, implantée à Plouzané et spécialisée dans la fabrication de produits cosmétiques sophistiqués. En 2016, elle se lance sur le marché des masques imprégnés, une activité dans laquelle elle investit 7,5 millions d’euros pour la construction d’une seconde usine de 8 000 m². En 2019, elle injecte 1,2 million d’euros supplémentaires pour y intégrer une troisième ligne de préparation automatisée, portant sa capacité de production à 48 millions de masques par an. Une trajectoire exponentielle que Stéphane Guillotin compte bien poursuivre.

"Nous nous sommes fixé pour objectif de doubler notre chiffre d’affaires et nos effectifs d’ici sept ans", confie ainsi le nouveau directeur général. Un objectif qu’il compte atteindre en continuant à s’appuyer sur ses trois piliers actuels. À commencer par les masques imprégnés, pour lesquels Lessonia dispose d’une capacité de production de 250 000 unités par jour. Une production qui représente un tiers de l’activité et pour laquelle Lessonia continue d’innover avec une nouvelle gamme dont le packaging est entièrement recyclable et dont le masque en lui-même est compostable.

Second pilier : les ingrédients d’origine naturelle, avec là encore une nouvelle gamme innovante lancée en avril après un an de R & D et qui vient enrichir un catalogue comptant plus de 200 ingrédients. Et enfin, un troisième pilier qui monte en flèche : les cosmétiques sous forme de poudres à réhydrater, une activité pour laquelle Lessonia a investi plus de 150 000 euros l’année dernière. "Nous prévoyons d’en investir 300 000 supplémentaires dans les 18 mois à venir afin de nous doter d’une troisième ligne de conditionnement", confie Stéphane Guillotin. Autre investissement en vue : après avoir acheté un terrain attenant à son site de production, Lessonia prévoit d’investir 7 millions d’euros dans un nouveau bâtiment qui permettra, dès 2025, de centraliser le stockage pour libérer de l’espace de fabrication et de conditionnement dans ses deux autres bâtiments.

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