« Il y a 450 piscicultures en France, qui nourrissent en très grande majorité les poissons par brouette puis à la main. Dans les bassins, il y a des dominants et des dominés. Si la nourriture est mal distribuée, on se retrouve avec des poissons de tailles différentes, ce qui engendre un tri et des pertes.» En prenant connaissance de ce problème, l’ingénieur Sébastien Termet s’est mis à plancher dans son garage sur un système automatisé permettant de nourrir les poissons à un endroit précis et au moment voulu. Un an plus tard, après avoir créé la société Westair, installée en premier lieu à la pépinière de la Technopole de Quimper et depuis janvier 2018 dans la zone Pays-Bas à Briec, un premier modèle breveté sous le nom “Multizone” vient d’être installé chez Truite Services, dans le Pas-de-Calais. « Elle sera notre vitrine et notre premier commercial, dans un domaine d’activité assez fermé où tous les acteurs se connaissent », estime Sébastien Termet, sûr de l’avenir de son innovation, « car Multizone permet un gain de 20% de productivité et des économies substantielles en aliments ».
Une innovation peut en cacher une autre
“Multizone” est un système de gestion globale du bassin, muni de capteurs pour surveiller le taux d’oxygène dans l’eau, du NH4 et la température. En surface, il comporte un réseau de tuyauterie sous pression , alimenté par un distributeur connecté à un smartphone mais aussi une autre innovation maison : la vanne à voies multiples et programmable “Mulitway”. À cela s’ajoute encore “CleanPipe”, un système de nettoyage des tuyaux par obus propulsé par air comprimé, « que l’on vient ajouter dans le réseau quand on en a besoin.» Et bientôt, le micro-robot autonome d’inspection de tuyauterie “ScanPipe” sortira à son tour de l’atelier de Briec. « Il scanne l’intérieur de la tuyauterie au dixième de millimètre et permet de générer un plan très précis d’un réseau. Cela intéresse beaucoup de gens.»
De nombreux débouchés
« L’aquaculture, c’est le sommet de l’iceberg », ajoute Sébastien Termet. Ses inventions permettant de distribuer tous types de granulés, de poudres et de fluides, dans un seul réseau là où il en fallait auparavant plusieurs, les débouchés sont nombreux. De grands groupes industriels pharmaceutiques, pétroliers et même du nucléaire ont déjà contacté l’entreprise. Mais pour l’heure, elle préfère cibler l’aquaculture: « Nous avons cependant miniaturisé notre système pour les chercheurs en laboratoire qui doivent nourrir des poissons par microdosage, un autre marché de niche mais mondial.»
Après le salon Smart Industries de Villepinte, elle ira se faire connaître à Bruxelles fin avril lors du salon Sea Food mais aussi au Space de Rennes, en septembre.
