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Les Recycleurs Bretons lancent une filière de valorisation du bois [exclusif]
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Les Recycleurs Bretons lancent une filière de valorisation du bois [exclusif]

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Deux ans après avoir lancé une filière de démantèlement de navires, les Recycleurs Bretons, spécialisés dans le traitement et l'élimination de déchets non dangereux à Guipavas (Finistère), viennent d'expédier par voie maritime une première cargaison de 2 000 tonnes de bois recyclé destinées à alimenter une usine de cogénération irlandaise. Le début d'une nouvelle filière bretonne de valorisation du bois au niveau européen.

— Photo : © Les Recycleurs Bretons

Les Recycleurs Bretons mettent en place une nouvelle filière de recyclage de bois, avec une ambition européenne. « Le but est de faire face à la saturation des exutoires traditionnels des déchets de bois sur le territoire national », entame Pierre Rolland, PDG de l'entreprise finistérienne (120 salariés ; 25 millions d’euros de chiffre d’affaires). « Pour y parvenir, nous avons collaboré activement avec la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), qui contrôle le transfert transfrontalier des déchets. Nous avons aussi mis en œuvre de nouveaux processus logistiques et industriels afin de préparer une matière de qualité qui réponde aux exigences techniques des usines de cogénération ».

Deux ans de travail

Photo : © Jean-Marc Le Droff / Le Journal des entreprises

Répandu dans de nombreux pays européens, mais encore peu développé en France où Brest fait figure de pionnière, ce procédé de cogénération permet en effet de produire de l’énergie et de la chaleur à partir de la combustion de bois recyclé. « Des villes entières, en Europe du Nord notamment, sont ainsi chauffées ou alimentées en énergie électrique grâce à des déchets issus du broyage de meubles, de panneaux ou encore de palettes », poursuit le dirigeant. Fin octobre, 2 000 tonnes de bois recyclé sont ainsi parties du port de commerce de Brest en direction d’une usine de cogénération irlandaise. « Nous privilégions le transport maritime car il a un bien meilleur bilan carbone que le transport terrestre. Et puis le port de Brest dispose d’installations performantes en matière de transport de marchandises recyclées ». Une première expédition qui vient concrétiser deux ans de travail, et qui aura essentiellement nécessité de l’investissement humain et l’embauche de cinq personnes.

Répondre à une demande de plus en plus forte

« Créer cette nouvelle filière était nécessaire pour pérenniser nos contrats et poursuivre notre objectif de tendre vers le zéro enfouissement », poursuit Pierre Rolland, qui compte exporter 30 000 tonnes de bois recyclé par an et gagner des parts de marché dans d’autres pays de l’Union Européenne. Il faut dire aussi que la reprise dans le secteur du bâtiment, mais aussi le développement d’éco-organismes de valorisation des déchets comme Eco-mobilier, avec lequel les Recycleurs Bretons travaillent, font grimper la demande en matière de recyclage de bois. « Désormais, des bateaux partiront chaque mois depuis notre site du port de commerce pour des pays proches, confirmant que la notion d’économie circulaire peut se conjuguer aussi bien au niveau local qu’européen », ajoute le dirigeant.

En parallèle, les Recycleurs Bretons continuent à développer leur cœur de métier, à savoir le recyclage de cartons, de plastiques, métaux et autres biodéchets. Mais aussi leur activité de démantèlement de navires, avec quatre navires à leur actif pour 2018. Une filière lancée il y a seulement deux ans, mise en œuvre par une équipe d’une vingtaine de personnes, et qui comprend également le démantèlement d’outils industriels comme celui, récemment, du portique de l’arsenal de Brest.

D’autres projets à venir

Une vitalité qui prouve que, malgré l’incendie qui a touché l’un de leurs sites de stockage début octobre, les Recycleurs Bretons ont encore de l’énergie à revendre. Un incendie que le PDG relativise. « Nous avons eu de la chance que notre outil ait été préservé, et que seule la partie stockage ait été touchée. Au final, nous n’aurons fonctionné en mode dégradé que pendant un mois, et tout devrait revenir à la normale d’ici la mi-décembre. Nos équipes se sont fortement mobilisées pour préserver nos clients et assurer la continuité de service ».

Et si cet incendie a été quasiment transparent pour ses clients, l’épisode aura au moins eu le mérite de permettre à Pierre Rolland de remettre à plat certains aspects de sa chaîne de production. « Nous allons en profiter pour améliorer encore notre outil et les différents process. Nous venons notamment de modifier notre chaîne de production afin d’améliorer le tri des déchets et la qualité des matériaux que nous valorisons », détaille le PDG, qui préfère rester discret sur le montant de l’investissement. Une vitalité qui se matérialisera aussi début 2019, avec la concrétisation de nouveaux projets actuellement dans les cartons. Mais sur lesquels, là encore, le dirigeant préfère rester discret. « Je préfère parler des choses une fois qu’elles sont faites », glisse-t-il dans un sourire.

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