Les propositions des industriels de l'alimentaire breton pour l'alternance et l'apprentissage
# Agroalimentaire # Politique économique

Les propositions des industriels de l'alimentaire breton pour l'alternance et l'apprentissage

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Réunis au sein de l'institut de formation Ifria Bretagne à Quimper ce 23 février, des représentants d'entreprises industrielles alimentaires bretonnes ont présenté une série de propositions en vue de réformer l'apprentissage et l'alternance. Ils souhaitent aller plus loin que la réforme prévue actuellement par le gouvernement.

— Photo : Pierre Gicquel

Mi-novembre 2017 le gouvernement lançait une concertation en vue préparer la réforme de l'apprentissage et de la formation professionnelle, qui devrait être présentée à l'Assemblée nationale en avril. Dès la fin novembre, quelques 260 dirigeants et DRH issus de 150 entreprises industrielles alimentaires bretonnes (portant quelques 26 000 emplois) s'étaient rassemblés à Quimper pour plancher sur ce sujet épineux et néanmoins stratégique pour leur avenir.

Revaloriser l'image de l'agroalimentaire

Après quelques mois de réflexion, c'est depuis le siège quimpérois de l'institut de formation agroalimentaire Ifria Bretagne (qui compte 650 entreprises dans son réseau), qu'ils viennent de présenter, en présence de parlementaires bretons, une liste de propositions qu'ils transmettront à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. « L'alternance est en effet un sujet stratégique pour l'industrie agroalimentaire, ce sujet est au centre de nos préoccupations », assure d'entrée de jeu Benjamin Castel, président de l'Ifria et DRH du groupe Bigard (14 000 salariés, 4,3 Md€ de CA), pour qui le pragmatisme est le maître-mot dans ce projet: « Il faut se dire la vérité entre dirigeants d'entreprises, formateurs et politiques. Ce que nous voulons, c'est faire du pratico-pratique : rendre la formation professionnelle moins complexe, plus flexible, rendre les salariés plus polyvalents et surtout accepter de se regarder en face et tenter de montrer le positif dans nos métiers ».

« L'industrie agroalimentaire a besoin de se restructurer, de revaloriser son image. »

Sandra Pellerin, DRH de MerAlliance (saumon fumé et thon Petit Navire, filiale du groupe Thai Union Frozen, 400 salariés en Finistère, 170 M€ de CA consolidé) et également administratrice de l'Ifria, rebondit sur ces propos : « Nous sommes dans un contexte où les métiers changent, les populations aussi : les jeunes n'ont plus les mêmes aspirations qu'avant, on ne fait plus carrière quarante années durant dans le même job. Il nous faut nous adapter pour rester performant. Nous proposons donc de changer de paradigme. L'industrie agroalimentaire a besoin de se restructurer, de revaloriser son image. L'Ifria a par exemple lancé une campagne de communication sur YouTube et sur les réseaux sociaux. Ils nous faut attirer les publics là où ils sont. Et en interne, nous devons améliorer le processus d'intégration et la formation, en donnant du temps et des outils à nos tuteurs. »

De gauche à droite: Graziella Melchior, députée LREM membre de la commission pour la réforme de l'apprentissage, Benjamin Castel, président de l'Ifria Bretagne et DRH du groupe Bigard, Sandra Pellerin, DRH de MerAllinace et Christophe Batogé, directeur du développement RH chez Bigard — Photo : Pierre Gicquel

Quatre axes d'amélioration

Pour ce faire, ils proposent quatre axes pour « lever les freins à l'apprentissage » et attirer bien plus de jeunes talents selon eux : « Premièrement, pouvoir proposer une offre de formation tout au long de la vie, sans borne d'âge comme on en trouve aujourd'hui, ce qui va plus loin que la proposition actuelle du gouvernement, énumère Christophe Batogé, directeur du développement RH pour Bigard et nommé en 2015 ambassadeur breton de l'apprentissage. Deuxièmement, il faut clarifier et simplifier l'offre de formation. Nous souhaitons donc un contrat unique d'alternance qui réunirait l'apprentissage et l'alternance. Troisièmement, promouvoir l'alternance dès le collège en musclant les connexions entreprises/école. Et être plus incitatifs, en diminuant l'écart de jours de vacances par rapport aux étudiants, ou en apportant des droits nouveaux. Avec une vraie rémunération qui irait bien au-delà des 40 % du Smic, comme 100 % du Smic ou 100 % du coefficient salarial d'un poste. Et quatrièmement, remettre l'entreprise au centre du système et faire en sorte qu'elle devienne elle-même centre de formation. Ce qui règlerait les problèmes de mobilité pour les apprentis et permettrait de connecter directement la théorie à la la pratique. »

« Nous souhaitons un contrat unique d'alternance qui réunirait l'apprentissage et l'alternance [...] avec une vraie rémunération qui irait bien au-delà des 40 % du Smic. »

Présente lors de cette présentation, la député finistérienne Graziella Melchior, membre de la majorité LREM, acquiesce à la plupart de ces propositions, même si elle avoue quelques points d'achoppement: « Globalement cela va dans le bon sens. Nous ajoutons l'idée qu'un contrat d'apprentissage puisse démarrer à tout moment de l'année, sans devoir attendre septembre. Quant à la formation en interne, ce n'est pas applicable partout mais nous ne sommes pas fermés. Et concernant un contrat unique, le projet de loi ne prévoit pas de fusion mais disons, une convergence. »


Chiffres-clés

D'après une enquête présentée fin 2017 par l'Ifria, l'industrie agroalimentaire emploie 68 600 salariés en Bretagne, soit près de 40% des emplois de l'industrie de la région. La moitié des salariés de l'agroalimentaire travaillent dans des entreprises de plus de 250 salariés et les deux tiers de ces 68 600 salariés sont des ouvriers. Côté apprentissage, 23,5 % des candidats bretons suivent une formation "Transformations agroalimentaires, alimentation, cuisine" mais en 2016, les industriels de bretons de l'alimentaire ne représentent que 3,1% des employeurs d'apprentis, le jeunes préférant en majorité les entreprises artisanales (charcuterie, boulangerie-pâtisserie).

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