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Le groupe naval Piriou renoue avec ses ambitions d'avant crise
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Le groupe naval Piriou renoue avec ses ambitions d'avant crise

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Après une année 2020 bousculée par la crise sanitaire, le groupe naval Piriou retrouve son cap qui doit lui permettre d’atteindre 400 à 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, contre 152 millions d’euros en 2018. Repris fin 2019 par Vincent Faujour, l’ETI a notamment des ambitions à l’international, dans l’Océan Indien, en Afrique et en Asie.

Le groupe naval Piriou emploie 400 ETP à Concarneau, ville où se trouve son siège — Photo : Isabelle Jaffré

En janvier 2020, quand Vincent Faujour est devenu le capitaine du groupe concarnois Piriou, il ne se doutait pas de la tempête qui l’attendait. Directeur général depuis 2015 du chantier naval créé par la famille Piriou en 1965, il en a pris la présidence à la suite de Pascal Piriou après une opération au capital qui a permis la sortie de la famille Piriou. Désormais le groupe Piriou (1 000 salariés, 250 M€ de CA en 2021) est détenu à 60 % par une équipe dirigeante, le reste par quatre fonds : deux fonds bretons (Arkéa Capital et Idia Capital), Bpifrance qui les accompagnait déjà à l’international, AfricInvest, un fonds présent là où Piriou avait des chantiers en Afrique mais surtout dans des pays où le chantier naval souhaite s’implanter.

S’organiser pendant la crise sanitaire

Un capital solide avec une équipe dirigeante qui s’est inscrite dans la continuité a permis au groupe de construction et de maintenance de navires de se maintenir, tant bien que mal pendant cette année 2020 marquée par la crise sanitaire. Le confinement de mars 2020 a été "la douche froide, explique Vincent Faujour. Ce n’est évidemment pas comme cela que nous imaginions les mois suivant la transmission. Mais une fois que le Covid était là, il n’y avait qu’une solution : se retrousser les manches. Nous avons essayé de rebondir avec ce schéma qui s’imposait à nous".

Avec des sites de production fermés en France, Piriou s’est organisé en télétravail pour tous les postes où cela était possible. "Il fallait conserver les fonctions commerciales et celles permettant de payer les salaires et les fournisseurs notamment", poursuit le président. Très vite, l’entreprise doit remettre à flot ses chantiers. "Nous avions des bateaux à livrer. Nous avons donc inventé de nouvelles façons de faire nos points d’étapes avec les clients, les jalons. Avec des lunettes équipées de caméra et un micro, les salariés diffusaient ce que nos clients et fournisseurs avaient besoin de vérifier", cite Vincent Faujour, qui souligne l’aide des organisations professionnelles. Le Gican (Groupement des Industries de Construction et Activités Navales) ou encore Bretagne Pôle Naval, dans lequel le groupe est impliqué, ont permis aux entreprises du secteur de partager les bonnes pratiques et méthodes.

Pour autant, l’opération comptable 2020 n’est pas bonne. Le dirigeant ne révèle d’ailleurs pas le chiffre d’affaires de cette année si particulière. "Il y a un trou d’air. Mais, depuis, nous avons rebondi. Nous serons à 250 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 contre 200 millions d’euros en 2019 parce que nous avons continué à prendre des commandes." La DGA (Direction générale de l’armement) a notamment commandé 20 remorqueurs dont 15 remorqueurs portuaires et 5 remorqueurs portuaires côtiers. Piriou doit livrer la première unité à l’été 2022, avec un rythme de livraison de quatre unités par an. L’activité réparation a, elle, davantage pâti de la crise. "Les armateurs ont repoussé la maintenance car les bateaux ont moins tourné. C’était aussi plus compliqué à organiser à cause du virus", estime Vincent Faujour.

10 millions d’euros d’investissements

Pour préparer l’avenir, le bureau d’études de Piriou travaille par exemple, sur les nouvelles propulsions comme l’hydrogène. Le groupe investit aussi. Une enveloppe de 10 millions d’euros est prévue pour améliorer différents sites du groupe. À Concarneau, le siège, qui représente 400 ETP, 1 500 m² de nouveaux bureaux sont en cours de construction pour une mise en service en janvier 2022. "Nous avions des gens dans des préfabriqués, nous manquons aussi de place pour recevoir nos clients. En ce moment, nous accueillons 40 Argentins et 10 Sénégalais. Il y aura bientôt des Belges et des Hollandais", note Vincent Faujour. Piriou a donc également racheté un bâtiment de 300 m² du port de Concarneau pour en faire des logements. Le site de Piriou Naval Services a Brest va aussi bénéficier d’un investissement avec un coup de pouce de 400 000 euros du plan de relance du gouvernement. À Lanester (Morbihan), la filiale Kership aura bientôt droit à 7 500 m² supplémentaires pour le développement de l’entreprise.

Vincent Faujour était le directeur général de Piriou. Il est devenu en 2020, le président du groupe naval — Photo : Isabelle Jaffré

Grâce au contrat de la DGA, mais aussi celui avec les marines hollandaise et belge pour 12 chasseurs de mines signé en 2019 permet au groupe Piriou de garder le cap mis à la reprise de doubler voire tripler son chiffre d’affaires dès 2023, en atteignant 400 à 500 millions d’euros de chiffre d’affaires. "Notre carnet de commandes atteint déjà 1,5 milliard d’euros et notre chiffre d’affaires en 2022 sera proche de 300 millions d’euros", projette le président de Piriou.

Ambition dans l’Océan Indien, en Asie et Afrique

En reprenant la barre du groupe naval à la famille Piriou, Vincent Faujour avait des objectifs à tenir : conserver le centre de décision en Bretagne, à Concarneau en particulier et permettre au groupe de dépasser le plateau en termes de chiffre d’affaires que l’entreprise avait atteint depuis une dizaine d’années, autour de 150 à 180 millions d’euros. Pour cela, le dirigeant a décidé de continuer le travail de transformation du groupe. "En 2010, nous faisions 100 % de bateaux civils. Aujourd’hui, le militaire représente 70 % de notre activité", analyse-t-il. La segmentation et la structuration du groupe sont passées par différentes étapes comme la création de Kership en 2013, en partenariat avec DCNS, devenu Naval Group. Le chantier concarnois possède 55 % du capital de la société spécialisée dans la construction et la maintenance de bateaux militaires. Dans le même temps, la quantité de bateaux de pêche construits par Piriou a baissé. "Nous aimerions en faire plus mais il est vrai que ce secteur connaît une conjoncture difficile", reconnaît Vincent Faujour.

En plus des sites de Concarneau, Brest et Lanester, Piriou est présent à Toulon en France métropolitaine. Le groupe entretient des ambitions dans l’Océan Indien avec un site à la Réunion (35 salariés) et un projet de croissance externe dans les cartons. L’Asie et l’Afrique sont deux continents où Piriou souhaite se développer au-delà du chantier de Hô Chi Minh-Ville au Vietnam (250 personnes) et des sites au Nigeria (150 personnes), en Algérie, au Sénégal au Maroc et en Côte d’Ivoire.

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