Le 6 mars 2023, la compagnie aérienne normande Chalair (108 salariés, 28 M€ de chiffre d’affaires) reprendra la ligne Brest-Orly. Un événement attendu par les dirigeants nord finistériens après l’annonce, en 2022, de l’abandon de la ligne par Transavia, la filiale low cost d’Air France. “Nous avons rencontré la CCI, mais aussi des représentants patronaux comme le Medef 29 et Investir en Finistère, pour comprendre les besoins sur cette ligne, sachant qu’il existe déjà une ligne Brest-Roissy bien desservie”, explique Alain Battisti, le président de Chalair.
Objectif : 60 000 voyageurs la première année
L’attente des patrons finistériens concerne surtout la régularité de la ligne et la possibilité de faire un aller-retour à Paris dans la journée, grâce à la plus grande proximité d’Orly avec la capitale en comparaison avec Roissy. Sur ce dernier point, le pari est tenu sur le papier. Chalair proposera au moins deux allers-retours par jour, du lundi au vendredi, avec un départ de Brest à 7 heures ou 6 h 45 selon les périodes de l’année, et un retour d’Orly à 20 h 30. “Pendant les périodes de fortes demandes, en été et une partie de l’automne, nous monterons même à trois allers-retours dans la journée en semaine”, annonce le directeur général adjoint, Jérôme Latrasse.
Chalair ambitionne de faire voyager 60 000 personnes la première année sur cette ligne (de mars à décembre), puis de monter à au moins 75 000 voyageurs en 2024. “Cela correspond au point d’équilibre de la ligne”, indique Alain Battisti. Le prix d’appel est fixé à 90 euros TTC. “Ce n’est pas un tarif low cost mais cela nous semble un prix raisonnable”, appuie le président. Si la ligne trouve son public, Chalair envisage même de passer à des avions plus grands, des jets de 84 à 114 places, contre des ATR (avions à hélices) de 48 à 70 sièges prévus.
Coup de pouce pour Chalair dans ses ambitions : elle a signé un partenariat avec Air France pour un “partage de codes”. “Concrètement, cela veut dire que les passagers bénéficient du programme de fidélité d’Air France et des correspondances. Les billets seront également proposés par Air France”, explique Alain Battisti.
Avec l'ouverture de la ligne Brest-Orly en mars, Chalair prend de l'avance sur son concurrent Céleste, une compagnie en création également sur les rangs pour relancer la ligne mais qui peine à boucler son budget malgré des subventions des collectivités et des souscriptions d'entreprises et réseaux économiques finistériens. “Ce projet était légitime il y a deux ans quand il n'y avait plus de ligne, estime le président de Chalair. Mais à partir du 6 mars, nous allons rendre ce service, et sans demander d'argent public…"
Du poids dans le Finistère
Après une année 2022 en demi-teinte suite aux restrictions de déplacements dues au Covid en début d'année, Chalair veut de redéployer en 2023. La flotte de 12 avions va s’agrandir, avec l’arrivée de trois nouveaux ATR entre juillet et octobre. “La reprise de notre croissance dépendra du calendrier de leur intégration à la flotte. Nous avons malheureusement déjà pris un peu de retard sur ce qui était prévu”, note le président. La compagnie a arrêté des liaisons peu rentables, comme Limoges-Orly et La Rochelle-Poitiers-Lyon.
La Bretagne, en revanche, commence à peser dans la stratégie du groupe. Si la délégation de service public Quimper-Orly se termine l’hiver prochain, Chalair va annoncer dans les prochaines semaines une nouvelle ligne entre la préfecture du Finistère et l’Irlande. Elle a lancé en octobre une ligne Rennes-Toulouse et compte doubler le nombre de vols d'ici fin mars. Elle opère depuis 2007 la liaison Brest-Bordeaux. Enfin, il y a deux ans, elle a installé son équipe de maintenance des avions à Morlaix. “Nous y recrutons encore deux personnes. Les 16 salariés doivent rejoindre prochainement les anciens locaux de Hop!, se réjouit Alain Battisti. L’ouverture de Brest-Orly signifie aussi l’arrivée de 16 personnels navigants et trois techniciens à Brest, auxquels s’ajoutent les 15 salariés à Quimper, soit environ 50 salariés dans le Finistère.”
