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Brittany Ferries face aux premiers effets du Brexit
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Brittany Ferries face aux premiers effets du Brexit

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Alors que la compagnie maritime Brittany Ferries annonce pour l'année 2017 une hausse de 5% de fréquentation de ses lignes longues (Espagne, Irlande et Grande-Bretagne), elle constate dans le même temps une baisse de 5% du trafic sur ses lignes Transmanche, son activité principale. Des lignes courtes fréquentées à 80% par une clientèle britannique. L'ombre du Brexit planerait-il sur la Manche?

— Photo : Pierre Gicquel

Sur la période 2016/2017, la compagnie maritime Brittany Ferries (2.770 salariés, 2,3 millions de passagers, 454 M€ de CA) accuse une baisse de fréquentation de 5% sur ses lignes Transmanche. Mais dans le même temps, elle constate une augmentation de 5% sur les lignes longues distances, vers l'Espagne, l'Irlande et la Grande-Bretagne. Ainsi qu'une légère hausse du transport de camions et remorques, tant sur la Manche qu'en Atlantique. De quoi s'interroger sur les premiers effets du Brexit.

Plus de négatif que de positif

Les lignes Transmanche représentent 83% du trafic passager pour la Brittany Ferries. Elles comptaient 2.056.000 passagers en 2015/2016, alors qu'en 2016/2017 ils n'étaient plus « que » 1.958.000 passagers. Sur les même périodes, les lignes longues reliant l'Irlande à la France et l'Espagne à la France et à la Grande-Bretagne, voyaient une hausse de 376.000 à 394.000 passagers. Une hausse bienvenue mais insuffisante pour relever la barre: la compagnie subit donc une baisse globale de son trafic passager de -3%. «Les clients réguliers sont toujours au rendez-vous» assure la Brittany ferries dans un communiqué, mais s'inquiète aussi pour le futur avec «la baisse significative de la clientèle « primo visiteurs », qui pose la question de l'attractivité de nos régions du Grand Ouest pour les générations à venir de Britanniques».

Brexit et attentats de Londres

« Impact inattendu du Brexit, poursuit la Brittany Ferries, la clientèle française est également en baisse sur le Transmanche, phénomène aggravé par les actes de terrorisme qu’a connu la ville de Londres au printemps 2017 ».

Croissance sur le fret

En fret, la croissance globale est de 4% (+2% sur les lignes Tansmanche pour atteindre les 173.000 véhicules transportés, et + 14% sur les lignes Grande-Bretagne/Espagne, en atteignant 40.000 véhicules). Un signe d'espoir pour la compagnie qui souhaite proposer une alternative crédible au transport routier continental.

Une livre qui pèse lourd

Si la compagnie paie ses factures de carburants en dollars (17 à 20% de ses dépenses), les billets et achats à bord se font majoritairement en livre sterling. Une livre qui valait autour d'1,30 € juste avant l'annonce du résultat du référendum du Brexit en juin 2016, et qui est aujourd'hui échangée à hauteur d'1,11€. Soit une baisse de 15% de sa valeur face à l'euro, alors même que les conditions du divorce entre Grande-Bretagne et UE ne sont pas encore définies.

« La saison 2017 se termine conformément à nos prévisions. Il est évident que le Brexit impacte notre activité. [...] Le niveau actuel de la Livre Sterling va fortement impacter nos résultats financiers futurs. C’est un paramètre que nous ne contrôlons évidemment pas et tous nos partenaires, fournisseurs et collaborateurs doivent dès à présent intégrer cette situation» accuse Jean-Marc Roué, le président du conseil de surveillance de la Brittany Ferries. Il appelle donc à une «mobilisation sans précédent quant aux moyens de promotion de la destination France en Angleterre». Les touristes britanniques restant les premiers visiteurs étrangers vers la France, «mais que sur leurs 10 premières destinations préférées pour leurs vacances, seule la France, contrairement à des pays comme l’Espagne, le Portugal et l’Italie, est en régression».

Pouvoir d'achat ou désaffection ?

Le taux de change défavorable aux Britanniques n'explique certes pas tout. Après seulement une saison touristique sous la menace du Brexit, difficile d'apprécier ses effets sur l'économie locale. Car à cette conjoncture s'ajoute une tendance de fonds amorcée depuis le début des années 2000: la baisse de fréquentation des touristes britanniques en Bretagne et en Normandie.

En cause, de nombreux facteurs pas forcément quantifiables mais réels. Comme les effets de la crise financière de 2008 sur l'économie en générale et sur le pouvoir d'achat des touristes, l'arrivée des billets d'avion low-cost vers de nouvelles destinations plus exotiques ou encore de nouvelles manières de voyager: avec des séjours plus courts, plus diversifiés et des locations en AirBnB plutôt qu'à l'hôtel... Le Comité Régional du tourisme (CRT) de Bretagne vient d'ailleurs d'annoncer un pré-bilan de la saison basé sur des estimations qui confirmeraient cette tendance à la baisse.

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