Marc-Olivier Bernard a pris la direction de la Brasserie de Bretagne au cours de l’année 2017, prenant la suite de François Quellec. Son arrivée dans l’entreprise s’accompagne d’un changement de cap : « Après trois bonnes années, 2016 a été une année difficile car la brasserie n’avait pas réussi à tenir ses engagements en termes de production pour la grande distribution, ce qui a amené à des pénalités financières. Cela a pris du temps pour comprendre l’origine du mal et trouver la solution pour corriger le tir. Cela a créé des tensions. J’ai été appelé dans ce contexte », relate Marc-Olivier Bernard, ancien directeur de la branche aval pour la coopérative agricole Le Gouessant, également passé par Craft, Orangina, Mars Incorporated, Chancerelle ou encore Kronenbourg. « Je suis un amoureux des marques, et la Brasserie de Bretagne a de belles marques à défendre. »
Du nouveau dans la gamme
Celle qui est avant tout connue sous le nom de “Brasserie Britt”, fondée en 2000 et reprise en 2012, est en pleine évolution. Tout d’abord dans ses gammes de produits : « Aujourd’hui notre première marque est la Sant Erwann. Britt va même passer au troisième rang en termes de ventes, car la Dremmwel, notre bière bio, va la dépasser. Face à ce succès, nous allons arrêter la Britt sous sa forme de bière pills, pour la recentrer sur sa version dite Melen. Nous ne changeons rien pour la Britt blanche, et la rousse va être améliorée. La Gwinniz Du, bière à base de blé noir, va passer sous la marque Dremmwel, qui comporte aussi une gamme IPA qui marche très bien. La Celtika, bière à 8,8°, est quant à elle arrêtée. Enfin, au printemps, nous lancerons une nouvelle gamme, la Sant Erwann triple, car nous pensons que la bière d’abbaye a sa place sur le marché. »
12 % de croissance en 2017
Un marché de la bière de spécialité qui croît en France de 5 à 8 % par an, sur lequel surfe la brasserie finistérienne : « Le marché se désintoxique des bières dites de soif. Le consommateur cherche un produit qui a du goût et une typicité particulière. La consommation actuelle est de 31 litres par an et par personne, et elle augmente. De notre côté, nous avons connu une croissance de 12 % en 2017. C’est une jolie performance mais la marge de progression est encore importante, de 10 % par an en moyenne. »
Pour 2017, la Brasserie de Bretagne présente un chiffre d’affaires de 9,4 millions d’euros et une production de 48 000 hectolitres de bières, vendue à 80 % en Bretagne, « ce qui est tout petit comparé aux géants du secteur, précise le dirigeant. Nous souhaitons passer à 100 puis 150 000 hectolitres. Pour que cela arrive, il faudra pousser les murs. »
Direction Concarneau
Mieux dimensionner l’outil de production était devenu inévitable. Agrandir l’existant n’étant pas possible, il fallait donc déménager. « Bien entendu, nous avons regardé ici mais la mairie de Trégunc n’avait pas de terrain disponible », regrette le dirigeant. C’est donc à cinq kilomètres de là, du côté de la zone du Colguen, à Concarneau, que la brasserie déménagera en janvier 2020, sur un terrain et dans un bâtiment dont elle sera propriétaire. Un investissement important dont le chef d’entreprise ne souhaite pas dévoiler le montant. « Nous serons placés à l’entrée nord de la ville. C’est à la fois une jolie vitrine pour nous et un emplacement proche de la voie express. »
En attendant, le site actuel a quand même vu quelques investissements récents : dans un nouveau fermenteur de 50 000 litres, dans des machines pour l’enfûtage et l’embouteillage, mais aussi pour automatiser la mise en palettes. « Cela a déjà permis un gain de temps et donc de productivité évident, et surtout un gain en confort et sécurité pour les salariés, ce qui est primordial si l’on veut les garder. »
Des embauches en vue
« Qui dit hausse des volumes de 10 %, dit hausse de 5 % par an de la masse salariale », calcule Marc-Olivier Bernard. Ce qui signifie deux à trois embauches à chaque nouvelle année au sein de l’entreprise, qui en compte déjà 45 : « Nous devons renforcer nos rangs dans le service qualité, en logistique et sur la R & D, où nous recherchons un pilote pour diriger de petits brassins d’essai. »
Viser les cafés, hôtels et restaurants
Les ventes de l‘entreprise sont aujourd’hui réparties aux deux tiers pour la GMS et le reste auprès de commerces de produits régionaux et bio, et surtout, des cafés, hôtels et restaurants. Mais le dirigeant souhaite modifier cet équilibre : « Le CHR est un secteur qui offre un levier de croissance important. Nous visons un équilibre à 50/50 d’ici trois ans, le tout, sans diminuer le volume des ventes en GMS. »