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Jean-François Furic SA voit plus grand à Penmarc'h
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Jean-François Furic SA voit plus grand à Penmarc'h

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La conserverie Jean-François Furic SA a investi 10 millions d’euros dans sa nouvelle usine, livrée quelques semaines avant le confinement. Un déménagement du port de Saint-Guénolé à l’entrée de Penmarc’h qui doit lui permettre de se développer en gagnant en capacité de production et productivité.

La conserverie Jean-François Furic SA dispose désormais d'une usine moderne à l'entrée de Penmarc'h. — Photo : © Jean-François Furic SA

C’est un projet de cinq ans qui vient d’aboutir cette année pour Jean-François Furic SA. La conserverie familiale de Saint-Guénolé a investi 10 millions d’euros dans la réalisation d’une nouvelle usine, à l’entrée de Penmarc’h (Finistère), qui va lui permettre de se développer. « Nous étions installés depuis fin 1998 sur le port de Saint-Guénolé, mais nous étions trop à l’étroit avec des bureaux installés dans des préfabriqués », constatait Sten Furic, le fils du fondateur dont la société porte le nom, et qui codirige désormais l’entreprise avec sa sœur Maria. « Notre objectif était double, poursuit Sten Furic. Nous voulions augmenter nos capacités de production, mais aussi améliorer notre productivité avec des postes mieux aménagés et des flux mieux pensés. » L’enjeu est important pour l’entreprise qui réalise 19 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 80 salariés.

Un travail collectif pour la nouvelle usine

La conception de la future usine s’est avérée être un travail de longue haleine. Toutes les équipes ont été mises à contribution. « C’était un véritable casse-tête pour les flux. Après six longs mois de travail sur la question, nous avons réussi à définir un plan clair des flux. Cela a été un véritable soulagement pour toute l’équipe qui a travaillé dessus. Il y a une véritable rupture entre l’ancienne usine et la nouvelle », sourit le dirigeant. Le nouveau bâtiment s’étale sur 6 100 m² de surface, contre 3 000 m² dans l’ancien. « Nous avons également une réserve foncière de 800 m² sur notre terrain de 21 000 m² », ajoute le dirigeant.

La nouvelle usine peut, comme l’ancienne, être visitée, mais tout le parcours a été repensé. Plus question de traverser l’usine. Les visiteurs pourront observer les travailleurs depuis une coursive en hauteur. Un écran géant dans l’espace d’accueil permettra une immersion du visiteur dans toutes les étapes de la filière avec des films tournés pour cette occasion. L’entreprise s’est également dotée d’une salle de conférences aménageable, qui lui permettra d’accueillir dans de bonnes conditions des groupes mais aussi des scolaires de tous niveaux. « Les visites seront désormais accompagnées d’un guide pour tout le parcours. Depuis cet été, nous proposons également des animations scientifiques ou culturelles. C’est quelque chose que nous aimerions faire toute l’année », indique Sten Furic. L’objectif est ainsi de faire connaître la filière de la pêche et le métier de conserveur sur le territoire de façon attractive. « Nous sommes des acteurs du territoire, cela nous tient à cœur. C’est pourquoi nous sommes membres de Produit en Bretagne, du Crepi 29, entreprise du patrimoine vivant ».

Une longue histoire de famille

Car si l’entreprise n’est née que fin 1998, le savoir-faire de la famille Furic remonte, lui, à plusieurs décennies. C’est en 1923 qu’est née la conserverie Alain Furic à la pointe de Penmarc’h. L’homme est alors l’un des premiers conserveurs. Au fil des années, l’entreprise se développe avec la création d’activités connexes comme la pisciculture, l’armement de bateaux de pêche, un magasin de marée… La société se développe particulièrement à partir des années 1970. Puis dans les années 1980, la conserverie devient un groupe avec, à la tête des différentes filiales, les quatre petits-fils d’Alain Furic. Mais celles-ci sont cédées à partir des années 1990. L’armement et Furic Pisciculture sont rachetés en 2001 par le groupe Intermarché, la conserverie est, elle, cédée à Saupiquet dès 1996. Jean-François Furic qui dirigeait cette conserverie partira en 1997, les relations avec le groupe Saupiquet devenant tendues. Le Breton décide alors de repartir – presque — de zéro. Il lance une conserverie qui porte son nom et s’installe au port de Saint-Guénolé avec quatre personnes. « Mon père voulait montrer qu’il était possible de poursuivre la conserverie à la pointe de Penmarc’h », raconte Sten Furic.

Défenseur de son territoire, Jean-François Furic SA s’engage aussi au niveau de la pêche. L’entreprise a ainsi obtenu les certifications MSC (label de la pêche durable) et bio. « Nous faisons attention à la provenance de nos poissons. Les sardines viennent de Concarneau et Douarnenez en frais. Malheureusement en RHD (restauration hors domicile, NDLR), la provenance ne peut pas être aussi valorisée qu’en épicerie. Nous avons donc choisi de nous approvisionner au Maroc. » Ce qui ne veut pas dire que la qualité n’est pas au rendez-vous : « même en RHD, nous restons sur un emboîtage manuel. Chaque poisson passe entre les mains de quelqu’un », détaille-t-il. Les maquereaux viennent eux d’Irlande ou des Îles Féroé. Que ce soit en France ou à l’étranger, l’entreprise travaille en tout cas sur des relations de long terme avec ses fournisseurs : « Nous ne sommes pas là pour faire des « coups » avec un fournisseur avec des prix bas », insiste Sten Furic.

30 à 35 % de parts de marchés en RHD

La conserverie fabrique des conserves classiques de poissons : sardines, maquereaux et thon. « 90 % de notre activité est consacrée à la sardine et au thon mais nous avons aussi d’autres produits : soupe de poissons, algues, rillettes », précise Sten Furic. L’entreprise Jean-François Furic SA est présente sur deux marchés. Sa marque la plus connue est La Compagnie de la mer. Cette gamme gastronomique est destinée aux épiceries fines et au réseau de boutiques de l’entreprise. « Nous en avons huit actuellement uniquement en Bretagne et à Guérande, mais nous avons le projet de nous implanter au-delà du grand Ouest », annonce le dirigeant. La marque est également vendue au magasin de la nouvelle usine, accolé à l’espace découverte.

Au début des années 2000, la conserverie s’est diversifiée en lançant sa gamme Keriti, destinée à la restauration hors domicile avec des conserves de maquereaux, sardines et de thon, avec des parts de marchés importantes : 30 % de parts de marché pour les sardines et 35 % pour les maquereaux. « C’est un marché concurrentiel mais qui a trouvé son équilibre », décrit le patron. Désormais, la RHD constitue 70 % du plan de charge de l’usine J-F Furic « Nous sommes très axés sur la restauration sociale et commerciale, la crise du coronavirus nous a donc beaucoup impactés avec une perte de chiffre d’affaires de 40 % dans les premières semaines du confinement, explique Sten Furic. Nous travaillons heureusement aussi pour des secteurs qui ont poursuivi leurs activités : hôpitaux, armée, etc. »

Un coup dur qui a cependant conforté la stratégie voulue par le dirigeant : arriver à 50 % de petits boîtages avec la Compagnie Bretonne et 50 % de RHD. « Cela devrait aussi nous permettre d’équilibrer le plan de charge toute l’année et de diversifier nos circuits de distribution. Le Covid a ainsi renforcé nos axes de travail », assure Sten Furic qui pense atténuer mais pas rattraper le retard sur cette année. Malgré cette année si particulière, le dirigeant reste optimiste : « Nous avons un nouvel outil. Nous pensons sur le long terme avec un plan 2019-2025 qui reste le même : travail sur les ressources, développement du modèle partenarial, des éléments du lean management, la libération de l’entreprise, notre démarche RSE et l’économie circulaire », détaille-t-il. Des embauches, de 15 à 20 personnes, sont déjà prévues dans les quatre prochaines années. La nouvelle usine doit aussi permettre l’élargissement de la gamme de produits, notamment dans le domaine des tartinables et des soupes.

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