Bretagne
Jean Coisnon : "Il est important que la valeur ajoutée, le savoir-faire, l’emploi, soient ici"
Interview Bretagne # Agroalimentaire # Réseaux d'accompagnement

Jean Coisnon président de Produit en Bretagne "Il est important que la valeur ajoutée, le savoir-faire, l’emploi, soient ici"

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Le fondateur de l’agence de marketing brestoise AOC, Jean Coisnon, a été élu président de Produit en Bretagne (474 membres) en début d’année. Il compte à la fois travailler dans la continuité de son prédécesseur sur les questions de RSE notamment mais veut aussi lancer un travail prospectif pour les 40 ans du réseau en 2033.

Jean Coisnon, nouveau président de Produit en Bretagne — Photo : David Pouilloux

Vous avez succédé en début d’année à Loïc Hénaff en tant quand président de Produit en Bretagne. Quel est votre parcours au sein de l’association ?

En 2010, j’aimais cette marque Produit en Bretagne, sans pouvoir en identifier la raison. J’avais un attachement un peu viscéral à la marque, qui est lié à la Bretagne, indéniablement. Il y avait une force qui me poussait à adhérer sans savoir en fait précisément ce que j’allais découvrir derrière. Quelque chose me disait, "je veux faire partie de l’aventure". J’ai découvert alors tout l’envers du décor.

C’est-à-dire ?

Je connaissais la marque consommateur, comme globalement tous les Bretons. Je ne connaissais pas toute la puissance et la mécanique de fonctionnement du réseau qu’on n’appelait pas fondamentalement encore "réseau" à l’époque. Mais il y avait déjà toutes ces commissions, ces groupes de travail, toute cette énergie collective à dépenser pour un territoire. C’était inconnu pour moi. Au regard de mon profil, j’ai intégré assez vite la commission marketing. Pour les 20 ans de Produit en Bretagne, j’ai rencontré Jakez Bernard (ancien président, NDLR) et j’ai intégré le groupe de travail sur la stratégie à long terme de l’association. Et puis, il y a 3 ans maintenant, Loïc m’a sollicité pour entrer dans le Conseil d’administration, au moment où se terminait mon mandat d’animateur de la commission marketing. Au sein de cette commission, j’ai notamment co-créé la Breizh Marketing Akademi, avec l’idée de rendre les équipes marketing un peu moins esseulées dans les entreprises. L’Akademi organise des conférences qui permettent des échanges sur des sujets marketing innovants, par exemple.

Cette année, vous avez organisé votre assemblée générale à Nantes. Intégrer la Loire-Atlantique est toujours aussi important ?

Chaque année, nous tournons : Quimper en 2019, La Gacilly et à distance en 2021 et Nantes cette année. La Bretagne à cinq départements est un élément fondateur de Produit en Bretagne. Nous n’avons pas autant d’adhérents en Loire-Atlantique qu’en Ille-et-Vilaine, mais on ne se pose pas la question en ces termes. Les gens, où qu’ils soient, déploient une énergie extraordinaire pour le réseau.

Vous étiez membre du bureau depuis trois ans, vous vous inscrivez dans une continuité ?

Je parle de continuité parce que j’estime que ce n’est pas parce que j’arrive à la présidence qu’il faut tout changer. J’aimerais porter certains éléments, mais il y a d’abord des travaux commencés depuis trois ans ou plus, qui me plaisent énormément. Je prends trois exemples très précis.

Tout d’abord notre démarche RSE et la labellisation qui s’appelle RSE Bretagne 26 000. Nous en sommes aux balbutiements. Nous travaillons à la performance globale d’une entreprise. Ensuite, l’autre projet qui me tient à cœur est le rapprochement avec le monde agricole. Le 17 mai 2022 avait lieu à Pontivy (Morbihan) un colloque organisé par Produit en Bretagne et par Agriculture de Bretagne, durant lequel nous remettions une étude sur la vision qu’ont les citoyens bretons de l’alimentaire et de l’alimentation demain. Il y a des sujets agricoles très importants, sur l’avenir de l’élevage aussi, et des éleveurs. Il y a des enjeux dans l’agroalimentaire aujourd’hui, que ce soit au niveau de l’emploi, ou de l’énergie, des approvisionnements, etc.

Le troisième point, enfin, est le chantier de la transparence sur les ingrédients, que l’on renforce particulièrement aujourd’hui. D’abord, parce que ça va dans le sens de l’histoire, dans le sens de la demande du consommateur et dans le sens de la réglementation. Cela fait 3 bonnes raisons pour avancer sur ce sujet. C’est aussi l’un des engagements de départs du réseau : avoir des ingrédients bretons si l’approvisionnement existe en quantité et qualité suffisantes.

Mais en tant que nouveau président, quels seront vos nouveaux chantiers ?

Le premier est de retravailler la gouvernance de Produit en Bretagne. Ce qui paraît être un chantier interne anodin est en fait très important. J’ai pris conscience que Produit en Bretagne ne pouvait plus reposer que sur une seule personne, un seul homme ou une seule femme. D’abord parce que la fonction de président va finir par faire peur. Ensuite, parce que le réseau grossit. Il y a désormais une multiplicité de sollicitations de projets, d’enjeux. On ne peut pas s’y connaître en tout. Il est logique de retravailler avec des experts et donc de créer plusieurs postes de vice-présidents chargés de l’agroalimentaire, la distribution, l’emploi, etc.

J’ai aussi à cœur de faire connaître la Bretagne au-delà de ses frontières. Nous avons encore cette image un peu folklorique alors que nous innovons énormément par exemple. Il faut devenir moins modestes sur ces sujets car ils permettent aussi d’attirer les jeunes et les compétences. Or, c’est un sujet essentiel aujourd’hui.

Quel est le projet stratégique que vous portez ?

Il s’agit d’un projet stratégique Produit en Bretagne 2033 pour les 40 ans de Produit en Bretagne. Delphine Rault, dirigeante de Grand Ouest étiquettes et vice-présidente a en charge ce sujet prospectif.

Un mandat de président, dure trois ans, six ans maximum avec un deuxième mandat. C’est très court. Il faut un projet pour porter l’association sur le long terme, pour avoir des réflexions autour de la réindustrialisation, les écoemballages, etc. Une première version devrait être présentée en 2023 pour les 30 ans. L’idée est d’avoir une propulsion à un peu plus long terme, avec un peu plus de prise de hauteur. Nous en sommes à la construction de la méthodologie.

Produit en Bretagne est connu du grand public grâce à son logo sur les produits agroalimentaires. Quelle est la place des services ?

Le réseau n’a jamais été aussi représentatif du tissu économique breton. L’agroalimentaire peut difficilement fonctionner sans la distribution et les autres entreprises de services : imprimeur, agence web… Cela ne me dérange pas que les consommateurs ne sachent pas que tel imprimeur, banque ou cabinet d’avocats est adhérent. Ce n’est pas un drame. Ce qui compte, c’est que les dirigeants se tournent vers des adhérents de Produit en Bretagne, s’ils ont quelque chose à acheter, un produit ou une prestation, afin d’apporter de la valeur ajoutée au territoire. La Bretagne ne peut pas tout produire, mais il est important que la valeur ajoutée, le savoir-faire, l’emploi, soient ici.

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