Innovation : Les services au service de l'industrie

Innovation : Les services au service de l'industrie

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La Semaine des entreprises de services B to B, organisée par la CCI Bretagne en partenariat avec Le Journal des entreprises, se tient du 4 au 8 novembre. Le thème de cette 6e édition porte sur les services comme « source d'innovation pour l'industrie ». Un thème d'actualité...
— Photo : Le Journal des Entreprises

Services et industrie ne sont plus cloisonnés et réduits à un code APE ou NAF. Les frontières entre les deux secteurs d'activités sont de plus en plus poreuses. L'un sert l'autre et vice-versa. On ne sait d'ailleurs souvent pas comment classifier telle ou telle entreprise, à cheval sur les deux domaines. « Ce ne sont pas deux populations d'entreprises déconnectées ! », précise Roland Cariou, responsable du pôle programme régionaux entreprises et filières à la CCI Bretagne (en médaillon).




Un secteur de poidsen Bretagne

« Les entreprises prestataires de services aux entreprises jouent un rôle primordial dans le développement économique, note David Cabedoce, vice-président de la CCI Bretagne (commission industrie, services et innovation), organisateur de la semaine dédiée, début novembre. En Bretagne, ce secteur compte 25.000 établissements, 180.000 emplois et représente un tiers de la richesse produite. » Ces entreprises de services résisteraient d'ailleurs mieux à la crise. Incontournable, ce secteur des services innovants à l'industrie est en pleine mutation. « La chaîne de valeurs de la conception au consommateur final en passant par la fabrication et la distribution a évolué, atteste l'expert consulaire. Cette chaîne éclate car les entreprises de services prennent de plus en plus de poids, notamment dans la conception. »




« Fabless »

On assiste à un mouvement « Fabless » (littéralement « sans usine »). « Précurseur en France, Alcatel a bâti sa stratégie dessus il y a une dizaine d'années. L'important n'est plus de fabriquer un téléphone, mais de maîtriser sa conception, son design... Le client recherche un usage et un service, pas un produit », explique encore Roland Cariou. Attention, « Fabless » ne signifie pas une France sans industrie ! L'approche partenariale est primordiale entre services et industries. « Les entreprises françaises qui résistent sont de plus en plus pointues et réactives. Elles vont parfois se décharger d'une partie de la commercialisation et de la conception. » Des entreprises de services assurent d'ailleurs les deux. « Certaines se spécialisent dans l'ingénierie et le marketing global. »




Apporter de la valeur ajoutée

Patron fondateur de Medria Technologies (40 salariés, CA : 4,2 M€), à Châteaugiron, Jean-Pierre Le Monnier a compris l'importance du service rendu au monde de l'élevage grâce à ses innovations. Sa société conçoit des monitorings de détection précoce de troubles de santé d'un cheptel via des capteurs. L'éleveur est connecté en permanence à ses animaux via le web. « Nous développons le réseau social de la vache », s'amuse Jean-Pierre Le Monnier qui touche également les partenaires de l'éleveur comme les vétérinaires. « Nous sommes un maillon nouveau entre l'animal et les professionnels qui s'appuie sur les nouvelles technologies. » Sans faire le métier des autres, Medria pratique « l'open innovation » et recherche la coopération. « On ne peut pas rester seul, notamment pour exporter. » L'entreprise de services devient parfois donneuse d'ordres et l'industriel un sous-traitant.




Au service d'un usage

Les industriels vendent désormais un usage et non plus un bien : l'économie de la fonctionnalité. En Bretagne, c'est l'exemple de Bolloré qui « vend » l'usage de voitures en libre-service. Mais aussi Canon Bretagne, qui met même son usine de Liffré à disposition de marques et concepteurs extérieurs. L'enjeu est bien de connecter conception à commercialisation. Après, on trouvera toujours l'industriel pour faire faire. Et, dans ce domaine, « c'est plus rassurant de faire appel à une PME dans un rayon de 200 km », explique Roland Cariou. Il met d'ailleurs en garde les industriels trop centrés sur leurs produits. L'heure doit être à l'ouverture ! « L'entreprise de services leur apporte de la valeur ajoutée », souligne-t-il. Medria choisit ainsi ses partenaires « en fonction de la capacité à leur apporter de la valeur ajoutée ». Les entreprises bretonnes de TIC le font depuis longtemps. Dans l'électronique, c'est déjà le cas aussi. C'était moins vrai dans la mécanique mais cela évolue.



G.B.