Hervé Lelarge (Bpifrance Bretagne) : « 922 millions injectés dans l'économie bretonne en 2018 »
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Hervé Lelarge directeur de Bpifrance Bretagne Hervé Lelarge (Bpifrance Bretagne) : « 922 millions injectés dans l'économie bretonne en 2018 »

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Hervé Lelarge est le directeur régional de Bpifrance en Bretagne. Si, selon lui, 2019 a très bien démarré, la banque publique remarque cependant des signaux faibles inquiétants, notamment au niveau de la transmission et de l'endettement des PME.

En 2018, Bpifrance a accompagné 4400 entreprises en Bretagne. Un chiffre stable mais "le montant injecté est en hausse de 7,7%" selon le directeur régional de la banque publique, Hervé Lelarge — Photo : © Isabelle Jaffré

Le Journal des Entreprises : Quel bilan tirez-vous de l’action de Bpifrance en Bretagne pour l’année 2018 ?

Hervé Lelarge : On aurait pu penser que l’activité de Bpifrance, qui est contre-cyclique, marquerait le pas, mais ce n’est pas le cas. Bien que les financements soient plus faciles à trouver aujourd’hui que sur la période 2008-2012, Bpifrance continue d’accompagner davantage d’entreprises. En 2018, 4 421 entreprises ont été soutenues en Bretagne (soit 4 875 projets) à hauteur de 922 M€, autorisant près de 2 Md€ de financements publics et privés. Le nombre d’entreprises accompagnées est stable à -1 % mais le montant injecté est en hausse de 7,7 %. Nous avons connu une hausse sur tous nos secteurs (la garantie, le cofinancement).

23 entreprises bretonnes ont participé aux programmes Accélérateurs et 51 missions de conseils ont été réalisées. Les chefs d’entreprise ont notamment plébiscité le diagnostic stratégique. Un consultant vient les accompagner sur leurs problèmes de gouvernance, de production, de stratégie, etc. Les grands groupes ont l’habitude de faire appel à ce genre de consultants, mais la démarche est bénéfique aussi pour les PME.

Comment se présente 2019 ?

H.L. : L’année a très bien démarré, contrairement à ce que l’on aurait pu croire. On remarque cependant des signaux faibles inquiétants, notamment au niveau de la transmission et de l'endettement des entreprises. Et c’est souvent là que les crises commencent. Au niveau des transmissions, on voit des montages très complexes pour des PME quand ils étaient auparavant réservés à des groupes. Je trouve cela dangereux. Avant, on disait qu’une entreprise se vendait sept fois son résultat net. Aujourd’hui, c’est 7 ou 10 fois son Ebitda. Bientôt sept fois son chiffre d’affaires ? Où est-ce qu’on s’arrêtera ?

Dans les nouveautés, depuis le 1er janvier, nous avons repris l’ensemble des missions de l’Agence France Entrepreneur et de la Caisse des Dépôts et Consignations en faveur de la création d’entreprises. Nous avons une nouvelle marque, Bpifrance Création, dont l’objectif est de faciliter l’entrepreneuriat pour tous.

Vous avez aussi de plus en plus une action auprès des TPE ?

H.L. : En 2017, nous avons créé un prêt Croissance Bretagne, avec la Région, à destination des entreprises de 3 à 50 salariés. Malheureusement nous avons eu du mal à toucher le public des TPE : nous en avons fait 120 par an. Avec la Région, nous avons donc souhaité aller plus loin en soutenant le segment des microentreprises de 1 à 9 salariés, y compris les entreprises individuelles avec le Prêt Flash TPE. Le montant est de 10 000 euros pour 4 ans sans garantie. Il vise à aider les TPE à financer les équipements non financés par les banques. Par exemple : les outils qui sont dans le camion et l’essence pour le faire rouler. L’idée est aussi de faire commercialiser ce prêt par un distributeur bancaire, en lien plus direct que nous avec les TPE. Nous sommes actuellement en test avec le groupe Arkéa.

Une partie de l'équipe Bpifrance Bretagne. — Photo : © Isabelle Jaffré
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