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Hénaff veut piloter la mutation verte en Bretagne
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Hénaff veut piloter la mutation verte en Bretagne

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Loïc Hénaff, patron du groupe agroalimentaire du même nom, engage l’entreprise bretonne dans un plan de progrès ambitieux, « Be good 2030 ». Sa vision : produire bien, bon et sain, à travers cinq piliers prioritaires « à impact positif ».

Le groupe agroalimentaire breton Hénaff produit 35 millions de boites de pâté par an — Photo : Valérie Dahm

« Se développer, mais pas à n’importe quel prix. J’ai la vision d’une entreprise qui doit s’occuper de son avenir et des générations futures, autant que de sa rentabilité ». Conscient des défis majeurs qui s’imposent à la société, Loïc Hénaff engage puissamment le groupe agroalimentaire, connu pour son célèbre pâté, dans un nouvel élan. « Notre vision 2030 : produire bien, bon et sain. »

Se placer en chef de file de l'innovation positive

Pour faire face à une défiance généralisée des consommateurs et répondre à leurs attentes en matière de développement durable, le groupe Hénaff (281 salariés, 45,5 M€ de CA) lance « Be good 2030 ». Une stratégie ambitieuse, qui se décline en cinq piliers et quatorze engagements prioritaires.

Tous vont dans le même sens : une démarche à impact positif. Ces nouvelles exigences concernent l’environnement, les ressources humaines, le territoire, le bien-être animal, ainsi que "le produire sain et gourmand". Un sacré pari pour la PME finistérienne, qui aime jouer au centre de la dynamique entrepreneuriale bretonne. « Faire de notre entreprise le chef de file de l’innovation positive en Bretagne » sonne comme le nouveau leitmotiv du groupe, qui souhaite « que beaucoup (lui) emboîtent le pas ! » L’entreprise est d’ailleurs inscrite dans la Breizh Cop, le projet d’avenir que la Région Bretagne imagine pour 2040.

Valoriser les ressources locales

Suite logique de cent ans d’ancrage en territoire breton, cette nouvelle stratégie est une continuité. Créée en 1917 par Jean Hénaff, la conserverie finistérienne revendique un impact économique et social positif sur son territoire, permettant aux agriculteurs de valoriser leur production et de lutter contre l’exode rural. Descendant de cette lignée familiale, Loïc Hénaff aime s’autoproclamer « patron d’une industrie de campagne ». Et rappeler que « le trésor de l’entreprise n’est pas le pâté, mais les gens ! ».

Photo : Isabelle Jaffré

Très attaché au CDI, l’entreprise entend offrir des perspectives aux jeunes. 94 % du personnel est en contrat à durée indéterminée actuellement et 2,3 % de la masse salariale est consacrée à la formation. L’actuel patron entend bien consolider les socles humain et culturel sur lesquels s’est bâtie l’entreprise, qui continue de s'approvisionner à 76 % localement.

Qu’il s’agisse des porcs issus d’élevages situés à moins de 150 km de l’usine, du sel de Guérande, en passant par les boîtes de conserve fabriquées à Douarnenez, l’entreprise mise sur les ressources locales. Et tient à les préserver, notamment par le biais d'une gestion de l’eau en circuit fermé, récompensée par l’Agence de l’eau. Si 84 % des déchets sont valorisés, le groupe vise un idéal de 100 % en 2030. Écoconception des produits et emballages, valorisation de tous les déchets industriels et logistiques sont à l’ordre du jour.

Vers un tiers de ventes en bio

La mutation passe aussi par des partenariats. Concernant les 42 000 porcs traités annuellement, le groupe Hénaff entend garantir la bientraitance animale à des consommateurs de plus en plus soucieux des modes de production. Ne plus castrer les porcelets, stopper le meulage des dents et la coupe des queues, offrir plus d’espaces de vie aux porcs et truies… les objectifs 2030 sont très ambitieux et couvrent l’ensemble de la filière porc à travers 45 critères (état des exploitations, conduite et suivi des élevages, transport, etc.) Un dossier complexe, qui nécessitera de convaincre et engager tous les éleveurs d’ici à 2030.

Pour Hénaff, il s’agit bien de consolider l’avenir à moyen terme. Déjà, le groupe a opéré un virage stratégique depuis trois ans, avec une diversification qui porte la croissance du chiffre d'affaires à +9,1 %. Une belle performance, générée par l’acquisition du fabricant de spécialités alimentaires à base d'algues GlobeXplore (35 personnes) à Rosporden, et du charcutier bretillien Kervern (25 salariés), qui consolide l’axe bio et le fait grimper de 2 % à 10 % du CA d'Hénaff. Un axe prioritaire, porté par le lancement du pâté bio en 2018 et bientôt de la saucisse bio en 2019. Le désengagement des marques de distributeur – un marché déficitaire pour le groupe – est lancé.

En poursuivant sa transformation, le groupe Hénaff vise des ventes réparties d’ici à 2030 entre un tiers de charcuterie conventionnelle, un tiers de produits bio et un tiers de produits de la mer.

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