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Guyot Environnement vise plus haut depuis le port de Brest
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Guyot Environnement vise plus haut depuis le port de Brest

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Le groupe familial de valorisation des déchets, créé en 1983 par Michel Guyot, va s’étendre à l’Est sans oublier ses racines brestoises. En 2024, une tour de 39 mètres sur le port de commerce deviendra le siège de l’entreprise, juste à côté de l’actuel. Le groupe investit aussi pour devenir producteur d’énergie grâce à des chaufferies de cogénération.

Le nouveau siège de Guyot Environnement au port de commerce de Brest sera livré en 2024 — Photo : A3 Argouarch Architectes

Guyot Environnement prépare déjà l’avenir. Le groupe de valorisation de déchets, créé en 1983 par Michel Guyot, avait déjà marqué de son empreinte le port de commerce avec la tour Guyot construite en 2007. En 2024, c’est une nouvelle tour de 39 mètres qui sera érigée à côté de la première. Un investissement de 11 millions d’euros pour lequel les travaux ont démarré à l’été 2022. "Nous avons fait appel à l’architecte brestois Pierre-Henri Argouarch pour qu'il nous fasse un beau bâtiment. Nous voulions faire à l’entrée sud de Brest ce que Le Saint fait pour l’entrée nord", indique Erwan Guyot, président de Guyot Environnement. Celui-ci dirige le groupe familial avec sa sœur Giulia Guyot et ses beaux-frères Frédéric Jestin et Bertrand Le Floch.

Erwan Guyot, président de Guyot Environnement — Photo : Isabelle Jaffré

S’étendre à l’Est

La nouvelle tour comptera 4 300 m² de bureaux contre 1 800 m² pour le siège actuel. "Il y aura moins d’open space mais davantage de bureaux, d’espaces communs et d'espaces de visites pour accueillir nos salariés, nos clients mais aussi les visiteurs extérieurs comme les écoles", note Erwan Guyot. Le groupe a en effet bien grandi depuis 2007. L’entreprise réalisait à l’époque 70 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2022, le groupe réalise 270 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 400 salariés et vise 400 millions d’euros et 550 salariés d’ici cinq ans.

Pour atteindre cet objectif, Erwan Guyot a établi un programme d’investissement ambitieux de 80 millions d’euros sur la période 2022-2025. "Tout a commencé il y a deux ans avec un événement important sur notre marché. Le numéro 2, GDE, a été racheté par le numéro 1, Derichebourg", raconte le dirigeant. Le spécialiste du recyclage de matériaux GDE (1,16 Md€ de CA en 2019, plus de 1 300 salariés) comptait 88 sites de collecte en France et en Europe. Grâce à cette acquisition, le leader Derichebourg affichait en 2021 un chiffre d’affaires consolidé de 4,81 milliards d’euros et 4 300 salariés dédiés à l’activité de recyclage des métaux. "Mais le rapprochement les forçait à vendre des sites. Nous avons travaillé un an sur la reprise des sites de Lorient, Nantes et la Rochelle, rapporte le président du groupe brestois. Nous n’avons pas été retenus mais cela nous a donné des envies de nous étendre à l’Est !"

80 millions d’euros d’investissements

Le plan B d’Erwan Guyot est activé : créer ses propres sites grâce à un programme de développement. Le groupe achète du foncier dans le Morbihan à Vannes et Missillac, proche de Saint-Nazaire et enfin à Nantes, avec un accès à quai. L’objectif est d'ouvrir ses trois sites de recyclage d’ici la fin de l’année 2023. "À Nantes, notre accès à quai est stratégique pour faciliter l’export vers nos sites espagnols. Certains clients trouvaient Brest trop éloignée", indique-t-il.

En effet, en juin 2019, Guyot Environnement avait racheté l’entreprise du Pays basque Hirumet (55 salariés, 80 M€ de CA). Une seconde acquisition, toujours au Pays basque espagnol est en cours. "La première acquisition avait été un vrai pari ; mais c’est une réussite même s’il y a eu des hauts et des bas. Quelques mois après le rachat, les cours s’étaient effondrés, il y a eu le Covid-19. Mais, depuis, le marché est bien reparti et nous sommes très satisfaits", conclut Erwan Guyot.

Chargement de matériaux au port de commerce de Brest par Guyot Environnement — Photo : Guyot Environnement

Pour financer cette expansion, le groupe a prévu un plan d’investissement 2023-2025 de 80 millions d’euros. Nantes va bénéficier de 10 millions d’euros pour une première tranche de travaux. Les sites historiques de Brest et de Morlaix vont aussi être améliorés, notamment pour produire davantage de combustibles. 10 millions d’euros iront à Brest et 25 millions d’euros à Morlaix pour financer ces améliorations. "Nous allons également consacrer 25 millions d’euros pour faire évoluer les autres sites bretons (Loudéac, Ploërmel, Guingamp, Ploufragan) et pour les nouveaux de Vannes et Missillac", ajoute le président.

Accélérer la production d’énergie

L’autre axe de développement de Guyot Environnement est la production d’énergie. L’entreprise va investir 45 millions d’euros pour une chaufferie qui rendra possible la production d’énergie bas carbone à partir de déchets pour l’usine de trituration du groupe de transformation des oléagineux Bunge à Brest. "Le projet a été ralenti mais la mise en route est prévue pour 2025", assure Erwan Guyot. Un autre projet de chaudière concerne le site de Laïta à Créhen (Côtes-d’Armor) pour un montant de 14 millions d’euros. "Le chantier débutera en 2023 pour une livraison en 2024." Trois autres projets sont dans les cartons.

Côté énergie, Guyot environnement regarde aussi du côté de l’hydrogène vert. "C’est pour cela que nous nous sommes rapprochés du bateau Energy Observer, explique Erwan Guyot. Pour que nos ingénieurs apprennent ce qu’est l’hydrogène vert, comment on fabrique de cet hydrogène vert à partir de l'électricité. Nous travaillons sur notre écosystème." En ligne de mire : décarboner les transports de l’entreprise. "Nous avons 160 camions qui roulent tous les jours. Mais la technologie actuelle ne convient pas encore à notre activité. Il ne faut pas brûler les étapes. Arriver à un résultat d’ici 2030, ce serait déjà bien", estime le dirigeant. Ce dernier pense aussi au fret maritime. En 2021, Guyot Environnement a expédié 215 000 tonnes de matière par bateau, livrées jusque dans la péninsule ibérique. Un transport moins polluant que le camion mais une propulsion à l’hydrogène vert permettait d’aller encore plus loin.

D’ici là, Guyot environnement va devoir s’adapter aux évolutions de ses obligations légales avec la REP : responsabilité élargie du producteur. Le producteur et le distributeur doivent financer, organiser et mettre en place les solutions de collecte, de réutilisation ou de recyclage appropriées pour son produit. "C’est une révolution : cela signifie davantage de tri mais aussi de compte à rendre et de l’administratif. Nous devons donc étoffer nos équipes pour répondre à cette charge de travail supplémentaire", explique Erwan Guyot, qui craint des effets collatéraux comme la perte de propriété de leur matière première : les déchets. "Nous devrons peut-être traiter des déchets qui appartiendront à la filière et à nos confrères. C’est un sujet complexe."

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