L’entreprise brestoise Guyot Environnement (400 salariés, 260 M€ de CA), spécialisée dans la collecte et la valorisation de déchets, vient de signer un partenariat avec le projet Energy Observer, du nom du premier bateau à hydrogène et zéro émission. Elle rejoint ainsi Accor, Thélem assurances ou encore Air Liquide.
L’objectif pour Erwan Guyot, président de Guyot Environnement, est clair : décarboner son fret maritime. "En 2021, nous avons expédié 215 000 tonnes de matière par bateau, livrées jusque dans la péninsule ibérique. Toutes les semaines, nous chargeons un navire d’environ 5 000 tonnes de ferrailles. L’avantage, c’est que ce mode de transport est moins polluant que le camion, car il nous en faudrait 8 600 pour acheminer la même quantité. Mais nous voulons aller plus loin encore."
Produire de l’électricité
Dans les faits, les équipes de recherche et développement de Guyot Environnement et d’Energy Observer travailleront sur des projets communs, comme le confirme son fondateur et capitaine Victorien Erussard. "Ce qui nous intéresse à travers ce partenariat avec Guyot, c’est leur expertise : 95 % de l’hydrogène est produit grâce aux énergies fossiles. Mais on peut aussi le produire à travers l’éolien, ou le solaire, et le potentiel est énorme en convertissant les déchets. Si l’hydrogène est utilisé massivement pour décarboner notre industrie et nos déplacements, nous pouvons réduire jusqu’à 20 % l’émission des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. D’ici l’horizon 2050, cela représente 30 millions d’emplois et 2 500 milliards de chiffres d’affaires en vente plus équipement", argue-t-il.
Des projets plein la tête, Guyot Environnement souhaite produire de l’électricité verte, puis la transformer en hydrogène vert, pour ensuite la consommer dans les véhicules légers et camions de l’entreprise. "Et demain, sur des navires chargés pour notre compte dans le port de Brest", planifie Erwan Guyot.
Un cargo de fret à zéro émission à venir
Le futur cargo de fret à zéro émission de gaz à effet de serre, développé par Energy Observer et présenté cette semaine lors du One Ocean Summit à Brest, constitue un futur point de ralliement entre les deux signataires du partenariat. Nom de code : Energy Observer II.
Mais très peu de détails le concernant ont été révélés à l’heure actuelle, si ce n’est sa capacité de charge de 5 000 tonnes et une mise à l’eau programmée pour 2025. "Il sera en rupture technologique totale, essentiellement sur la chaîne énergétique avec une propulsion électrique-hydrogène", déclare laconiquement Victorien Erussard au sujet de son bébé. Avant d’esquisser une éventuelle collaboration de Guyot Environnement sur le projet, "je pense notamment à la valorisation des déchets en temps réel."
De son côté Erwan Guyot fait les comptes : "Energy Observer II annonce 30 jours d’autonomie. Au départ de Brest, le bateau que nous chargeons chaque semaine met 36 heures à traverser la mer. Nous n’aurions plus besoin que d’un plein par mois…"
