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Guy Mordret (Anaximandre) : « Il faut favoriser les TPE dès leur création »
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Guy Mordret dirigeant d'Anaximandre Guy Mordret (Anaximandre) : « Il faut favoriser les TPE dès leur création »

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Guy Mordret, fondateur et dirigeant de l'agence de communication Anaximandre (6 salariés, 300 000 euros de CA), basée à Landerneau (Finistère), a souhaité partager son expérience dans un ouvrage qui vient de paraître, La solitude du créateur d'entreprise en France. Un témoignage en forme de coup de gueule.

Guy Mordret, dirigeant de l'agence de communication finistérienne Anaximandre, vient de publier un livre sur son expérience de créateur et de dirigeant d'entreprise — Photo : © Jean-Marc Le Droff / Le Journal des entreprises

Le Journal des Entreprises : Pourquoi avez-vous ressenti le besoin de partager votre expérience dans ce livre ?

Guy Mordret : Après vingt ans passés à la tête d'une entreprise et en échangeant avec des confrères, j'ai constaté qu'il existait un certain nombre d'obstacles auxquels nous nous heurtions tous, et ce dès le stade de la création d'entreprise. Dans mon créneau, celui des entreprises innovantes, on s'aperçoit que le financement est difficile à obtenir, car la notion d'innovation varie en fonction des zones géographiques et des secteurs concernés, et que les structures d'accompagnement, comme les technopôles, n'ont pas suffisamment de moyens pour accompagner les projets. Dans les faits, seuls 3 à 5 % des projets sont financés, et il n'y a pas d'argent pour financer l'innovation dans la prestation de services.

Je m'en rends d'autant plus compte aujourd'hui que je cherche à financer Dielfenn, une start-up spécialisée dans le Big data. Je ne suis pourtant pas novice en la matière, mais on me dit que si je n'ai pas réussi à faire une licorne d'Anaximandre, on ne peut pas me faire confiance pour créer une autre entreprise... Alors même que mon projet est bouclé ! Or, quand on regarde les chiffres de création, on s'aperçoit que ce sont souvent des projets portés par des jeunes sans expérience, ce qui est absurde. Je pense qu'il s'agit d'une problématique typiquement française, et c'est à mon sens un énorme gâchis, quand on sait que 9 start-up innovantes sur 10 mettent la clé sous la porte après trois ans d'activité.

« Je me suis amusé à calculer le montant des frais bancaires que j'ai payés depuis 2008 : plus de 20 000 euros. C'est énorme ! »

Au-delà du financement, quels autres thèmes abordez-vous ?

G. M. : J'ai passé en revue tout ce qui participe à la création et à la gestion d'une entreprise. Depuis la relation avec les élus, qu'on croise forcément à un moment ou à un autre, à l'administration qui demande énormément d'énergie, jusqu'à la relation client et toute la partie commerciale qu'un créateur ne maîtrise pas forcément dès le départ, l'importance de l'international et des réseaux... En passant bien sûr par les fournisseurs, et notamment les banques qui vous déroulent le tapis rouge au début mais ferment les vannes, dès qu'un incident de trésorerie se produit. À ce sujet, je me suis amusé à calculer le montant des frais bancaires que j'ai payés depuis la création d'Anaximandre en 2008 : plus de 20 000 euros, c'est énorme ! En clair : plus vous utilisez votre compte, plus vous payez...

Quel message souhaitez-vous faire passer à travers ce livre ?

G. M. : Il y a plus d'1,8 million d'entreprises de moins de dix salariés en France, et elles créent 25 % de la richesse nationale. Si chacune de ces entreprises embauchait ne serait-ce qu'une personne, on résorberait déjà une partie du chômage. Or, on sait qu'elles sont globalement toutes confrontées à des problèmes récurrents de trésorerie, de cotisations sociales, de prélèvements obligatoires, etc. Selon moi, les cotisations devraient, par exemple, être proportionnelles au chiffre d'affaires et à l'activité. Il faut absolument favoriser les TPE dès leur création à travers le financement, et faire ensuite en sorte qu'elles soient mieux accompagnées !


Livre La solitude du créateur d'entreprise en France, Guy Mordret, auto-édition.

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