Finistère
Frank Bellion (CCIMBO) : « Nous devons continuer à valoriser nos savoir-faire »
Interview Finistère # Conjoncture

Frank Bellion président de la CCIMBO Frank Bellion (CCIMBO) : « Nous devons continuer à valoriser nos savoir-faire »

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Plutôt discret ces derniers mois, Frank Bellion, président de la CCI métropolitaine de Bretagne Ouest (CCIMBO), livre son regard sur la conjoncture actuelle ainsi que sur les défis qui attendent l'économie finistérienne en 2020.

— Photo : © Jean-Marc Le Droff / Le Journal des entreprises

Quelle est votre analyse de la conjoncture actuelle dans le Finistère ?
Frank Bellion : La fin de l’année 2019 aura été somme toute convenable. Tous les secteurs se portent relativement bien et même si l’on a connu mieux, on peut aussi dire qu’on a connu bien pire. L’une de mes préoccupations concerne cependant le manque de réserves foncières pour l’installation des entreprises car, à l’heure actuelle, nous ne saurions pas où accueillir un grand projet. L’aménagement de la zone de Lanvian, qui est la seule grande réserve foncière dont nous pourrons disposer dans les années à venir, est donc crucial. Nous devons aussi porter une attention toute particulière à la formation car les entreprises peinent encore à trouver des collaborateurs, notamment dans l’industrie. Sur le plan maritime, le Brexit est également une préoccupation majeure, tant pour la pêche que pour le transport de passagers et de fret. Dans ce dernier domaine, nous avons beaucoup travaillé avec l’État et les douanes afin de faire en sorte que le trafic reste le plus fluide possible malgré les contrôles.

Où en sont le chantier du polder et les discussions avec les industriels des EMR ?
F. B. : On se serait bien passé du problème de conception du quai révélé cet été. On espère qu’il sera opérationnel dans le courant du premier trimestre 2021. Navantia a, quant à lui, prévu de s’installer à la fin de l’été prochain. En attendant que le quai du polder soit opérationnel, il pourra utiliser les quais de la forme de radoub n°3 qui peuvent supporter des charges importantes et disposent de moyens de manutention adéquats. Après la douche froide de l’été dernier, les dernières annonces du président de la République ont donné de la visibilité aux industriels, et nous sommes en discussion avec certains d’entre eux. On sent que ça démarre réellement, et il était grand temps car la concurrence est rude. À nous, désormais, de prouver que nous sommes capables de faire bien plus que de l’assemblage.

Les récents rachats de Krampouz et du groupe Le Calvez font peser le risque du départ de leurs centres de décision du Finistère. Cela vous inquiète-t-il ?
F. B. : Oui. C’est la vie des entreprises, mais en effet on peut craindre que leurs services support repartent tôt ou tard vers le siège. Il y a cependant un côté positif à ce genre de rachat, car si un grand groupe tel que Seb s’intéresse à une entreprise comme Krampouz, c’est parce qu’elle est sur un créneau qu’il va certainement développer. Et il y a de fortes chances pour qu’il le fasse là où est l’activité aujourd’hui, avec à la clé de l’emploi et de l’innovation.

Comment se portent les aéroports de Brest et Quimper, et quid de la LGV ?
F. B. : Celui de Brest se porte très bien, avec une progression du trafic parmi les meilleures en France avec 12 % de hausse cette année. Le trafic vers Paris, qui représente 50 % du trafic total, a augmenté de 6 % malgré l’ouverture de la ligne vers le hub international d’Amsterdam il y a six mois. La situation s’améliore à Quimper depuis qu’on a trouvé la solution de la DSP. On en est actuellement à 64 000 voyageurs par an, et notre objectif est d’atteindre les 100 000 le plus rapidement possible. Il faut redonner confiance en l’avion au bassin cornouaillais, et seule la régularité des vols pourra lui redonner cette confiance. Quant à la LGV, c’est un peu l’Arlésienne. Il y a eu beaucoup d’annonces, mais on n’a toujours aucune visibilité. Pour ma part, je reste déterminé à me battre pour mettre Brest à 3 heures de Paris, même si je sais que cela freinera la fréquentation des aéroports. Car pour que le Finistère soit attractif, il faut qu’il soit accessible.

Comment se présente l’avenir pour la CCIMBO ?
F. B. : On a traversé une période anxiogène, mais on y voit aujourd’hui plus clair avec la décision du gouvernement de nous contraindre à utiliser l’argent public dans des secteurs bien définis et à faire en sorte que la formation et les équipements s’autofinancent. En revanche, on ne peut pas nous fixer des objectifs sans nous donner les moyens de les financer. Je continue à espérer que la raison l’emporte. Pour continuer à financer nos actions, nous réfléchissons notamment à valoriser notre savoir-faire et notre expertise. Comme on l’a fait récemment à travers le groupe SEALAR et notre filiale Insfo, qui se sont vus confier la DSP pour l’exploitation de l’aéroport de Poitiers et concourent pour d’autres DSP portuaires et aéroportuaires. Je reste donc positif, car notre chambre départementale dispose de nombreux atouts.

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