Eureden, Tromelin et Valorex s'unissent pour supplanter le soja d'importation
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Eureden, Tromelin et Valorex s'unissent pour supplanter le soja d'importation

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En unissant leurs forces au sein du GIE Service de Valorisation des Protéines, les poids-lourds de l'agroalimentaire breton Eureden, Tromelin et Valorex créent une filière visant à réduire la forte dépendance des éleveurs français vis-à-vis du soja d'importation, venu principalement du Brésil et d'Argentine. Une première en France.

— Photo : © Jean-Marc Le Droff

« L’Europe doit être capable de recréer ses capacités à produire ses protéines », insistait Emmanuel Macron en août 2019 à l’issue du G7. Un appel du pied parfaitement entendu par les trois géants de l’agroalimentaire breton que sont Tromelin Nutrition (110 salariés, 65 M€ de CA), Eureden (9 000 salariés, 3 Md€ de CA) et Valorex (125 salariés, 82 M€ de CA), eux qui planchaient déjà depuis de longs mois sur la création d’une filière de valorisation de protéines végétales à l’échelle de la Bretagne.

Après la création d’un groupement d'intérêt économique Service de Valorisation des Protéines (GIE SVP) en mars 2019, leur projet vient de prendre une nouvelle dimension à travers la signature d’un accord de partenariat tripartite signé en juin. De quoi mettre le groupement en ordre de marche.

Complémentarité d’entités concurrentes

« À l’échelle nationale, près de 40 % des matières riches en protéines destinées à la consommation animale sont importées, et ce taux de dépendance s’élève à près de 95 % pour la Bretagne. Et nous n’avons pas attendu la pandémie pour nous en inquiéter », expose ainsi Henri Tromelin, directeur général de l’entreprise éponyme de nutrition animale basée à Plounéventer. À ses côtés, Stéphane Deleau, directeur général de Valorex, groupe brétillien basé à Combourtillé et spécialisé dans la nutrition animale et humaine, met en avant les atouts de ce groupement d’entités pourtant concurrentes. Collecte et stockage, R & D, transformation, débouchés… « La complémentarité de nos trois entreprises à chaque maillon de la filière confère au GIE SVP une formidable capacité d’innovation et des possibilités de déploiement de nouveaux process à grande échelle », estime-t-il.

Un modèle duplicable à l’échelle nationale

Concrètement, le GIE SVP veut développer l’approvisionnement local en incitant les agriculteurs adhérents d’Eureden à cultiver du soja, de la féverole et des pois. Les graines récoltées seront ensuite valorisées en aliments pour animaux hautement nutritifs grâce à un procédé innovant breveté par Valorex. De quoi augmenter les rendements des élevages, tout en réduisant les coûts. « Les légumineuses à graines, riches en protéines, ne représentent à l’heure actuelle que 0,6 % de la surface agricole bretonne, alors que les céréales en couvrent près de 30 % », souligne Yves Nicolas, directeur production Nutrition et santé animale d’Eureden.

Pour lancer la filière, le GIE SVP, qui disposera d’un budget de 225 000 euros par an, a d’ores et déjà investi dans la recherche de variétés adaptées aux sols et au climat bretons, ainsi que dans des outils d’analyse des performances et d’aide à la décision. Un système de contractualisation permettra par ailleurs de garantir les prix et les volumes pour les producteurs. Car « la filière ne sera pérenne que si elle est rentable », insiste Yves Nicolas. Le groupement pourra également compter sur les près de 3 millions d’euros investis fin 2019 par Tromelin Nutrition dans la modernisation de son usine de Plounéventer, ainsi que sur les 2,1 millions d’euros d’investissement planifiés début 2021 par Valorex pour augmenter les capacités de production de son usine de Combourtillé. Objectifs à terme : dupliquer ce modèle à l’échelle nationale et lancer une offre directe vers l’alimentation humaine.

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