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Énergie Transfert Thermique remet les gaz
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Énergie Transfert Thermique remet les gaz

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La crise sanitaire a freiné la croissance d’Énergie Transfert Thermique (ETT) à l’export. Mais le fabricant de pompes à chaleur de Ploudalmézeau veut repartir au plus vite grâce au plan de relance du gouvernement et à un contrat remporté en Russie sur un chantier de gaz naturel de Total.

— Photo : © Isabelle Jaffré

Touchée mais loin d’être coulée. Comme pour la majorité des entreprises travaillant à l’export, l’année 2020 ne sera pas une grande année pour Énergie Transfert Thermique (ETT). L’entreprise de Ploudalmézeau, fabricante de pompes à chaleur, était en pleine croissance jusqu’à la crise sanitaire. En deux ans, son chiffre d’affaires était passé de 46,5 millions à 52 millions d’euros en 2019, dont 15 % à l’export (contre seulement 8 % en 2014). « Malheureusement 2020 est une année perturbée et le poids de l’export sera plus faible que prévu. Notre chiffre d’affaires devrait tourner autour de 45 millions d’euros cette année », regrette Yves Millot, le président d’ETT.

Pour autant, le dirigeant reste confiant. « Nous nous sommes adaptés rapidement, lors du premier confinement, pour que les salariés puissent revenir en toute sécurité, même si nous avons dû faire appel à de l’activité partielle pour amortir les fluctuations de charges », explique-t-il. Les services (maintenance, matériel, modification de matériel chez les clients, etc.) ont été les premiers à reprendre avec un bon niveau d’activité. La société a tout de même souscrit un PGE (prêt garanti par l’État) au printemps pour se donner un matelas en cas de coup dur. « Notre trésorerie reste bonne. Nous sommes moins impactés par le second confinement. L’entreprise reste ouverte. Le BTP, cette fois, ne s’est pas interrompu. L’impact du second confinement semble moins important que le premier », note le président.

Lauréat du plan de relance

De bon augure pour la poursuite de la production d’ETT, qui est spécialisé dans les pompes à chaleur pour la grande distribution (40 % du chiffre d’affaires), l’industrie (22 %), le tertiaire (19 %), etc. « Nous fabriquons aussi pour les piscines et les cinémas. Le poids de chaque secteur varie énormément d’une année à l’autre », précise Yves Millot. L’entreprise compte parmi ses clients Auchan, Décathlon, Leroy Merlin. Des enseignes qu’elle suit à l’internationale. Elle a aussi équipé le Centre Pompidou à Paris ou encore des sites d’Airbus.

Pour repartir au plus vite, Yves Millot s’est positionné très tôt sur le plan de relance du gouvernement, dans le volet industrie. « Nous avions besoin de deux nouvelles machines automatisées : une plieuse et une poinçonneuse », expose-t-il. Un investissement total d’1,6 million d’euros. « Les objectifs de cet investissement sont multiples, poursuit Yves Millot. Le premier est d’augmenter la capacité de production. L’usine peut aujourd’hui fonctionner en trois-huit, y compris le vendredi et le samedi. Mais l’atelier tôlerie constitue un goulot d’étranglement qui contrarie notre croissance en France comme à l’export. »

Le siège d'ETT a vu le nombre de ses effectifs doubler en dix ans — Photo : Pierre Gicquel

Le second objectif du chef d’entreprise est d’améliorer les conditions de travail des salariés. Après avoir investi dans l’agrandissement de son usine (17 000 m² couverts) au début des années 2010, ETT investit désormais davantage dans ses moyens de production et l’aide à la manipulation. « Grâce à l’automatisation des tâches, nous avons une baisse de pénibilité. Nous faisons beaucoup de matériel sur-mesure, ce qui demande des manipulations sur l’ancienne machine. Nous allons éviter cela avec la nouvelle », indique-t-il. Enfin, l’outil va permettre à ETT d’être plus réactif au niveau des commandes. « Les deux poinçonneuses seront désormais quasiment les mêmes. C’est-à-dire que s’il y a un problème sur l’une, nous pourrons basculer sur l’autre sans que les salariés aient à réécrire le programme, explique Yves Millot. Nous allons aussi pouvoir raccourcir nos délais de livraison. C’est une demande forte de nos clients. »

Les marchés spéciaux comme axe de développement

Ces objectifs multiples collent parfaitement avec ceux du projet d’entreprises ETT 2025 : « le bien-être des salariés, la satisfaction clients et le développement à l’export », cite Yves Millot. Pour y parvenir, ETT a commencé à revoir son organisation, notamment commerciale. « Nous étions jusqu’alors articulés par zone géographique. Chaque commercial ou distributeur s’occupait de sa zone. Nous sommes passés à une organisation par marché afin de devenir des spécialistes sur chacun d’entre eux. Cela nous permet d’apporter des conseils encore plus probants », détaille Yves Millot. L’étape suivante consiste à calquer cette structuration dans l’usine également. « Nous sommes en train de le faire progressivement », annonce-t-il.

Si l’export est en berne cette année, ETT peut toujours compter sur sa dernière diversification en date : les marchés spéciaux. « Ce sont de gros investissements de type pétrolier », explique le dirigeant. Derrière ce terme de "spéciaux" se cachent les marchés pétroliers, gaz, plateformes offshore, éolien offshore, etc. ETT a décroché son premier contrat fin 2017 avec Total pour un immense chantier gazier à Yamal en Sibérie. L’entreprise a ainsi installé une centaine de machines destinées à refroidir des salles électriques et des salles de contrôles, et ce pour 9 millions d’euros.

Photo : Pierre Gicquel

Ce premier contrat lui a permis de se faire connaître et de gagner en crédibilité. « Désormais, nous sommes consultés régulièrement en Russie, mais aussi en Afrique, par exemple. Nous venons de conclure un nouveau marché avec Total de 3 millions d’euros, à nouveau pour du gaz naturel en Russie avec le projet Arctic LNG 2 », se félicite Yves Millot. Sur l’ensemble du montant, un tiers sera fabriqué à Ploudalmézeau. « Le reste est fait en Russie où nous avons ouvert une filiale. Là-bas, c’est un passage obligé pour décrocher les contrats », précise le patron. Qui se projette déjà en 2021 avec la création d’une autre filiale au Kazakhstan pour pouvoir, là aussi, obtenir de nouveaux contrats sur place. Les marchés spéciaux représentent un peu plus de 8 % du chiffre d’affaires d’ETT.

Innovation sur l’impact climatique

En France, le fabricant de pompes à chaleur se concentre sur sa récente gamme de matériel intégrant un nouveau fluide de refroidissement : le R32. « C’est une première en Europe pour les bâtiments tertiaires. Son empreinte environnementale est nettement inférieure à celle du R410A. Son GWP (Global warming potential ou potentiel de réchauffement global, facteur de conversion qui permet de comparer l’influence de différents gaz à effet de serre sur le système climatique, NLDR) est trois fois inférieur et permet une efficacité énergétique plus élevée », explique le dirigeant. 55 % des pompes fabriquées par ETT sont équipées de R32. « Cela ne coûte pas plus cher à produire, hormis les quelques investissements qui ont été faits pour adapter nos équipements à ce gaz. »

Autre innovation sur laquelle travaille ETT : des pompes à chaleur au propane - gaz qui a également peu d’impact environnemental - pour une dizaine de clients industriels sur des projets sur-mesure. « Nous sommes des précurseurs sur le propane. C’est un gaz connu mais il est nouveau sur un marché comme le nôtre. Nous nous devons de proposer aux clients des avancées sur le plan du développement durable, au-delà de la réglementation qui évolue. C’est un point très important pour l’avenir de l’entreprise », mesure Yves Millot.

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