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Des bâtiments pensés pour prévenir les risques
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Des bâtiments pensés pour prévenir les risques

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Le Saint, Fortunéo et le chantier du Guip ont été récompensés par la Carsat Bretagne pour la conception de leur bâtiment ou d’un équipement qui prend en compte la prévention des risques professionnels dès la conception. Ils racontent leur expérience.

La voirie a été construite dès le début du chantier du siège de Le Saint afin de limiter la boue — Photo : © Le Saint

Au départ, le chantier du Guip (26 salariés, 2,7 M€ de CA) voulait simplement un nouveau système d’aspiration des poussières de bois pour son atelier brestois. Celle en place devenait obsolète et il était important d’améliorer la qualité de l’air pour les salariés du chantier de rénovation de vieux bateaux. Une histoire de quelques mois, croyaient les dirigeants… « On s’est mis à chercher dans l’offre de marché existante, qui était très disparate. Avec des prix qui allaient du simple au double. On ne trouvait rien qui nous convenait », explique Tegwen Mauffret, fils du gérant, Yann Mauffret. Le chantier décide donc de faire appel à la caisse d'assurance retraite et de la santé au travail bretonne (Carsat Bretagne) pour être guidé. « Et pourtant, certains fournisseurs nous l’ont déconseillé, car cela prendrait du temps », sourit l’ébéniste.

Perdre du temps pour en gagner

Ils n’avaient pas tort : quatre ans ont été nécessaires pour que le nouveau système soit effectif dans l’atelier. « Cela a été un travail de longue haleine, mais ça valait le coup, raconte Tegwen Mauffret. Ce que nous voulions n’était pas trouvable sur le marché. La Carsat nous a d’abord aidés un faire un tri dans les offres. Ils ont ensuite fait des mesures sur nos machines. On a trouvé un concepteur qui a accepté de jouer le jeu d’un système sur mesure. De notre côté, on a revu notre façon de travailler. » Aujourd’hui, le chantier du Guip est équipé d’un système d’aspiration au sol innovant. « On a eu un conseil de la Carsat "gratuit", puisque c’est payé par nos cotisations ! »

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« À la Carsat, nous avons une démarche globale. On pense souvent qu’on est dans l’injonction face aux entreprises, mais ce n’est qu’1 % de notre activité. Les 99 % restants, on fait de la prévention, note Roselyne Elegoët, contrôleuse de sécurité dans le Finistère pour la Carsat Bretagne, qui a suivi le dossier du chantier. On peut penser que quatre ans, c’est long. Mais, la société a, au final, une solution adaptée ! » C’est elle qui a proposé le chantier pour être lauréat du prix « In situ », remis lors du salon Safexpo de Brest. « On essaie de faire connaître ses services qui interviennent en amont, même si certaines entreprises n’ont pas besoin de nous. Certains maîtres d’œuvre et d’ouvrage ont déjà bien intégré le principe de prévention dès la conception. »

Concertation avec les salariés

C’est le cas de Barraine Immobilier, qui a réalisé, avec le constructeur brestois ICC, Glazéo, le siège finistérien de Fortuneo (22,5 Md€ d'encours), zone de Prat-Pip à Guipavas. Un bâtiment de 12 millions d’euros pour 5 600 m² et qui doit accueillir 371 salariés d’ici 2020. « La prévention, c’est quelque chose que l’on fait depuis longtemps. On s’entoure d’experts dès le début du projet », explique Olivier Barraine, le dirigeant du promoteur brestois.

L'acoustique du bâtiment de Fortuneo a été particulièrement travaillée pour limiter le bruit dans les open spaces — Photo : © Fortuneo

« On a demandé aux salariés de donner leur avis. Le nouveau bâtiment a été l’occasion de tout repenser avec des ergonomistes, des "space planners", etc. », ajoute Carine Grovallet, chargée de la qualité de vie au travail chez Fortuneo. Le résultat, récompensé par la Carsat d’un Acanthe, donne un espace de travail très ouvert, où l’acoustique a été particulièrement soignée. « On connaît les contraintes liées au travail en open space, notamment le bruit. Un an après, on s’y sent bien ! », confie-t-elle.

Demander leur avis aux salariés a aussi fait partie de la démarche du réseau Le Saint (2 000 salariés, 507 M€ de CA en 2017). L’entreprise a investi 19 millions d’euros en 2017 pour construire son nouveau siège de 15 550 m² pour une capacité de 300 personnes à Guipavas. « On était beaucoup trop à l’étroit à Bourg-Blanc. Le service commercial en avait marre de travailler dans des préfabriqués sur le parking. J’avais beau leur dire que ça donnait un côté bungalow pendant l’été… », plaisante Gérard Le Saint.

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Implication du maître d’ouvrage

Également construit par le Brestois ICC, le bâtiment a aussi bénéficié d’une réflexion sur la conduite du chantier. Les chantiers prennent souvent du retard en hiver : la pluie, le vent, le manque de lumière rendent les travaux difficiles, voire dangereux pour les ouvriers. « La construction a été un succès à 100 %. Nous n’avons pas eu de blessés ! », souligne Thierry Aballéa, en charge du projet chez Le Saint.

Pour cela, toute une série de mesures ont été anticipées. La voirie aux abords du chantier a été réalisée en amont pour limiter la boue. L’éclairage sous les toits, qui sert depuis uniquement lors des maintenances, a été placé très tôt pour éclairer les ouvriers. L’ascenseur de service a été installé dès le début également. Cela a permis de monter par ce chemin les plaques de plâtres plutôt que d’utiliser des machines de chantiers, etc. « Certains peuvent penser que c’est une perte de temps, mais c’est faux. Le chantier est dans les temps, propre et il n’y a pas de surcoût particulier », insiste Thierry Aballéa.

Ces trois réussites finistériennes ont un point commun, selon Roselyne Elegoët : « L'implication du maître d’ouvrage ! »

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