Crédit Mutuel Arkéa : un bilan 2017 sous forme de démonstration de force
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Crédit Mutuel Arkéa : un bilan 2017 sous forme de démonstration de force

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Jean-Pierre Denis et Ronan Le Moal, respectivement président et directeur général du Crédit Mutuel Arkéa, ont présenté un bilan 2017 plus que positif pour les activités du groupe. De quoi leur donner confiance dans le projet d'indépendance, face à la Confédération nationale du Crédit Mutuel.

Dans sa lutte contre le CM11-CIC, Arkéa semble marquer un point avec des résultats 2017 particulièrement positifs et la confirmation d'une dynamique engagée depuis plusieurs années. — Photo : Pierre Gicquel

Deux jours après l'annonce des résultats 2017 du Crédit Mutuel CM11-CIC, Jean-Pierre Denis et Ronan Le Moal ont présenté à leur tour ceux du Crédit Mutuel Arkéa, qui réunit les fédérations du Crédit Mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et, pour quelques mois encore, du Massif-Central. Presque sans se nommer, les dirigeants des deux groupes se sont livré à une joute par chiffres interposés. Une manière de montrer les muscles avant d'entrer dans ce qui semble être la dernière phase d'un long divorce au sein de la Confédération nationale du Crédit Mutuel. Et si Arkéa fait office de David, contre le Goliath CM11-CIC, il semble marquer un point avec des résultats particulièrement positifs et la confirmation d'une dynamique engagée depuis plusieurs années.

2017 : année record pour Arkéa

En 2012, le Crédit Mutuel Arkéa présentait un résultat net de 168 M€. En constante augmentation, il atteignait 336 M€ en 2016. Pour 2017, il a atteint 428 M€, soit une hausse de 27 % en un an. Quant au produit net banque assurance (PNBA, équivalent du chiffre d'affaires pour les banques), il affiche lui aussi une belle progression de 12,8 % en atteignant les 2,09 milliards d'euros.

Une barre symbolique pour Jean-Pierre Denis : « Nous atteignions déjà des records en 2016. En 2017, nous faisons encore beaucoup mieux, avec un modèle à 100% banque et assurances de détail.» Et dans une forme de défiance à peine voilée à l'égard de ses concurrents, il ajoute : « Les banques ayant une activité BFI (NDLR: financement et investissement) annoncent aussi de bons résultats mais ils sont en fait liés à cette activité de BFI. Les ratios de bilan que nous présentons sont assez peu fréquents et nous placent très haut dans l'ensemble de l'union bancaire ».

« Ce qui compte, ce n'est pas d'être gros mais d'être bon dans ce que l'on fait »

Encore pour se démarquer de groupes plus imposants, il ajoute que malgré une majoration exceptionnelle de l'impôt sur les sociétés, qui a notamment affecté les résultats du CM11-CIC, « celle-ci a atteint 33 M€ pour Arkéa mais notre résultat net est hausse de 27,3%. Ce qui compte, ce n'est pas d'être gros mais d'être bon dans ce que l'on fait.»

Du côté du résultat d'exploitation, Arkéa progresse de 30%, avec un total de 610 M€. Son coefficient d'exploitation atteint son plus bas niveau depuis 6 ans, à 68,3 %. «Il est meilleur que celui de la BPCE, de la Banque Postale ou encore de BNP Paribas » précise Jean-Pierre Denis, « et témoigne d'une juste maîtrise des coûts », ajoute Ronan Le Moal, directeur général d'Arkéa.

Le ratio de solvabilité (Common Equity Tier One) augmente lui aussi: « Déjà largement supérieur de 10 points aux exigences réglementaires, il a progressé jusqu'à 18,5%. C'est le ratio le plus élevé de la place bancaire, ce qui confirme la solidité du groupe, qui dispose ainsi d'une réserve de puissance sans précédent pour continuer à se développer.»

Glazéo, le nouveau siège de Fortunéo installé près de Brest et inauguré en janvier , montré comme symbole par Arkéa de l'intérêt de maintenir les pôles de décisions et l'emploi en Finistère — Photo : Fortunéo

Progression sur les activités commerciales

Le portefeuille de clients du Crédit Mutuel Arkéa a augmenté de 4,3 % et atteint 4,24 millions de clients et sociétaires sur l'ensemble de ses activités. Une hausse boostée par les assurances (2,1 millions de contrats, +4,8%) mais aussi par la banque en ligne Fortunéo, « seule banque en ligne rentable en France », se félicite Jean-Pierre Denis.

Une autre activité moins connue du groupe mais néanmoins porteuse, la marque blanche : «Nous avons développé depuis 2010 un réseau de partenaires de distribution, avec lesquels nous commercialisons nos services sous marque blanche. Cela représente 25 % de notre PNBA et 20 % de l'apport. Travailler en marque blanche nous pousse à être aux meilleurs standards », précise Ronan Le Moal.
La production de crédits atteint quant à elle 12,9 Md€, portant les encours de la banque à plus de 50 Md€. Côté épargne, l'encours est en hausse de 7,2% et atteint 107 Md€, « avec une progression sur l'ensemble des catégories d'épargne, qu'elle soit bancaire, financière et assurance ».

Enfin, Ronan Le Moal a appuyé sur la reconnaissance d'Arkéa dans le domaine du digital et ses prises de position dans une dizaine de fintech, dont récemment Pumpkin : « Ce n'est pas une coquetterie, cela apporte un nouveau réservoir de clientèle qui alimentera demain la banque. Même si je n'aime pas le terme, c'est un harpon digital. Cela nous permet aussi de développer nos services dans le transactionnel, comme la possibilité de créer un compte depuis son smartphone en 8 minutes, mais aussi le relationnel, comme avec notre assistant personnel Max.»

Quant aux perspectives 2018, le dirigeant semble vouloir conquérir de nouveaux territoires mais en s'affranchissant de la géographie: «Nous pensons notamment à aller chercher les Bretons là où ils vivent, comme les Bretons de Paris ou d'ailleurs.»

« Vous voyez l'Etat laisser 4 millions de sociétaires sans leur banque mutualiste ? Et quel serait le plan B ? Une centralisation forcée ? »

Siège du groupe bancaire Crédit Mutuel Arkéa à Brest — Photo : Pierre Gicquel

L'indépendance : seule voie possible?

Interrogé sur le combat qui fait rage entre la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM) et Arkéa, Jean-Pierre Denis s'est encore une fois montré catégorique, avec une vision toujours à contre-pied des propos tenus encore récemment par Nicolas Théry, président de la CNCM : « Pour nous la situation est claire : les conflits d'intérêts s'aggravent, la centralisation est lancée et nous n'avons plus d'activité commune avec les autres fédérations. La seule solution est la séparation. Le rapport pour le moins synthétique remis par Christian Noyer (NDLR: médiateur nommé par les autorités bancaires pour résoudre le conflit) stipule que la séparation peut se faire et sans modification de la loi. Nous travaillons donc actuellement avec les autorités sur le scénario de séparation. L'ensemble des caisses locales voteront dans quelques semaines, dans le respect de la réglementation. D'ailleurs il me semble naturel que les caisses du Massif Central puissent elles aussi voter.»

Les votes des caisses locales, demandés par le Conseil d'Etat et inscrits dans les statuts de la CNCM, valideront donc l'indépendance. Ils s'échelonneront à partir de la fin du mois de mars et jusqu'à la fin de l'été.

« L'ensemble des caisses locales voteront dans quelques semaines, dans le respect de la réglementation. D'ailleurs il me semble naturel que les caisses du Massif Central puissent elles aussi voter.»

Quant aux questionnements sur la faisabilité juridique de la séparation et l'obtention du statut de banque mutualiste pour Arkéa, là encore, Jean-Pierre Denis balaye tout d'un revers de la main: « Il n'y pas mieux que les chiffres pour expliquer que le groupe Arkéa a déjà tout d'un groupe indépendant. Nos performances ne doivent rien à la confédération. Michel Lucas (NDLR : Lorientais d'origine, bâtisseur de la réussite du CM11-CIC et premier président de la CNCM) disait il y a quelques années : "laissez les faire, ils reviendront pour s'adosser à nous". Mais nous ne sommes pas impressionnés pas la petite musique qui se joue depuis Paris, qui vise à faire douter de l'obtention de l'agrément bancaire. Vous voyez l'Etat laisser 4 millions de sociétaires sans leur banque mutualiste? Et quel serait le plan B? Une centralisation forcée par les pouvoirs publics ? », conclut Jean-Pierre Denis.

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