Finistère
Coronavirus : les écoles supérieures finistériennes face au casse-tête des stages
Finistère # Organismes de formation

Coronavirus : les écoles supérieures finistériennes face au casse-tête des stages

S'abonner

Le printemps est souvent la période des stages en entreprises pour de nombreuses formations du supérieur. Un vrai casse-tête à gérer pour les écoles alors que les entreprises ont du mal à avoir de la visibilité sur leur activité.

— Photo : © Julien Ogor

Il y a encore quelques mois, les stagiaires en entreprises des grandes écoles, qu’ils soient en formation initiale ou en alternance, n’avaient qu’à se pencher pour trouver un stage. « Ils connaissent jusque-là le plein-emploi, avec la possibilité de choisir leur stage, parfois même d’imposer des conditions », explique Alexis Michel, directeur de l’Enib, école d’ingénieurs brestoise (800 étudiants). « Une génération bénie ! », ajoute même le directeur délégué de Brest Business School (BBS, 450 étudiants à Brest). Mais mi-mars, avec l’arrivée de la pandémie et le début du confinement, la donne a changé. Dès l’annonce de la fermeture des écoles, les établissements du Finistère se sont mis en ordre de marche. Leur chance : avoir déjà des outils de formation à distance. Dès l’annonce du confinement, l’Ensta Bretagne (1 000 étudiants), l’Enib, BBS, Open Campus Brest (300 étudiants) et l’Emba à Quimper (560 étudiants) ont basculé leur cours en visioconférence. Au niveau de l’enseignement, « il n’y a eu aucune rupture », déclarent tous les responsables de ces établissements. Le casse-tête a concerné les stages en entreprises.

Des aménagements possibles

Les moins impactés par la crise sont les alternants déjà en entreprise. Salariés, ils suivent les directives de la société qui les emploie : travail en présentiel adapté, télétravail, chômage partiel… « Pour ceux en chômage partiel, on s’arrange pour que cela n’ait pas de conséquences sur leur évaluation, explique François Pouletty, directeur et fondateur de l’Open Campus Brest. Quand les étudiants ont effectué moins des deux tiers des heures demandés, ils pourront poursuivre cet été. Quand ce n’est pas possible, on proposera de rendre un dossier sur une problématique d’entreprise. On trouve des solutions ! »

L'Ensta Bretagne forme notamment des ingénieurs des énergies marines renouvelables. — Photo : © Ensta Bretagne

Les alternances en cours ne sont donc pas menacées. « Le problème se pose surtout pour les futurs alternants qui doivent commencer à trouver une entreprise pour la rentrée », souligne Pascal Pinot, directeur de l’Ensta Bretagne. L’école d’ingénieur brestoise peut compter sur ses partenaires grandes entreprises (Thales, Naval Group, Safran, etc.) pour continuer à prendre des alternants. « C’est maintenant que cela se décide. Les entreprises seront-elles enclines à prendre des alternants en cette période compliquée ? Personne ne le sait pour l’instant », poursuit Pascal Pinot.

Des stages en entreprise à trouver en urgence

Le souci se pose aussi pour l’équilibre financier des établissements privés comme l’Open Campus. « Nous avons 80 % d’alternants. Si je ne peux pas recruter assez de candidats, le niveau de sélection diminue », se désole François Pouletty. À l’école de commerce de Quimper, l’Emba, « nous avons bien dit à nos candidats que s’ils ne trouvaient pas d’entreprise, ils avaient la possibilité de faire le cursus en formation initiale. Même si ce n’est pas le même projet, bien sûr », explique Jean-Luc Youinou, responsable du pôle commerce-gestion d’entreprise de l’EMBA.

Photo : © BBS

Les services des relations entreprises des établissements finistériens sont donc sur le pied de guerre pour prendre la température des partenaires. L’Ensta Bretagne a même organisé un forum virtuel début mai pour que partenaires et étudiants puissent échanger malgré les circonstances. L’enjeu est même parfois pour trouver des stages en urgence. Car, selon les écoles, les stages n’ont pas lieu à la même période. Certains venaient de les achever, d’autres devaient les démarrer en mars, mai ou avril. D’autres encore les démarrent en juin, dans des conditions qui restent floues. « Quelques stages ont eu lieu, d’autres ont été reportés, voire annulés, rapporte Pascal Pinot. Pour les dernières années, c’est gérable car ils peuvent poursuivre jusque mi-décembre si besoin. Mais certains stages étaient prévus à l’étranger : pour ses étudiants, tout s’est arrêté ! On a fait marcher le réseau des alumni pour trouver des stages de remplacement. » À l’Enib, seuls deux contrats de stage ont été rompus. Pour certains plus petits stages, certaines écoles acceptent même des semaines en hôpital pour aider les soignants ou encore chez les Pompiers de Paris. « Toute expérience est bonne à prendre. »

Reprendre aussi la recherche appliquée avec les entreprises

Car quid des diplômes quand un stage n’est pas possible ? « Il y a des aménagements, mais on ne fait pas n’importe quoi non plus », explique Luc Pontet. Si la recherche est plus difficile, elle reste possible. « On demande que les étudiants essaient », ajoute-t-il. Même démarche chez l’Enib. « On constate quand même que les entreprises jouent le jeu dans l’ensemble », notent les dirigeants d’établissements. « Il y a pu avoir de la panique au début, mais maintenant, avec la période de reprise qui arrive, la priorité est de redémarrer vite. Des stagiaires permettent aussi d’avoir des gens disponibles à moindre coût. » Des écoles comme l’Emba ou encore l’Open Campus ont déjà prévu d’adapter leur planning de cours en fonction des besoins des entreprises partenaires. « Seul impératif : les examens », indique Jean-Luc Youinou.

Enfin, les écoles participent aussi, avec leurs enseignants-chercheurs, à des projets de recherche avec les entreprises. « Les recherches bibliographiques, la publication de papiers, etc., ont continué. Mais tout ce qui est travail sur paillasse et sur machine s’est arrêté, indique le directeur de l’Enib. Ce sera la première chose a redémarré quand ce sera possible pour soutenir les entreprises dans leur innovation et leur développement. C’est indispensable de ne pas perdre cela de vue dans nos relations avec les entreprises. »

Finistère # Organismes de formation