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Coronavirus : l'entreprise de BTP Abers Étanchéité a repris en équipe réduite
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Coronavirus : l'entreprise de BTP Abers Étanchéité a repris en équipe réduite

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Alors qu’il avait stoppé l’activité d’Abers Étanchéité dès le début de la crise sanitaire en France, Romain Dumans, le patron de la PME du bâtiment installée à Gouesnou (Finistère), a décidé de reprendre avec une équipe réduite. S'il a protesté publiquement contre la communication du gouvernement, il estime aujourd’hui que de meilleures conditions pour la reprise du travail en respectant la santé des salariés sont réunies.

Dans une vidéo publiée sur YouTube le 20 mars, Romain Dumans, patron de la PME finistérienne du bâtiment Abers Étanchéité, dénonçait la communication contradictoire du gouvernement — Photo : © DR

Romain Dumans, patron de l’entreprise du bâtiment Abers Étanchéité (30 salariés) installée à Gouesnou (Finistère), avait poussé un coup de gueule dans une vidéo qui a dépassé les 3 millions de vues au début de la crise sanitaire. Il y dénonçait la communication du gouvernement, incitant à la fois les citoyens à rester confinés et les entreprises du bâtiment à continuer de travailler. Le patron avait alors décidé d’arrêter son activité complètement pour préserver la santé de ses salariés. « C’était la bonne décision », estime-t-il aujourd’hui.

Un risque nouveau pour l'employeur

« Après trois semaines de confinement, poursuit-il, nous avons des éléments supplémentaires pour analyser la situation. Des données positives et des données négatives. C’est à moi d’arbitrer le curseur économique et le curseur santé. Nous sommes obligés de gérer un risque auquel nous ne sommes pas préparés, pour lequel nous ne sommes pas compétents. Je me dis, sans en avoir la légitimité, que nous avons atteint le point où ne pas travailler va avoir une conséquence négative sur la santé. Risques psychosociaux d’une part, pas d’argent pour l’État, pas de budget pour la santé d’autre part. Donc il faut y aller. »

Romain Dumans avait commencé à anticiper cette reprise, prévoyant gel hydroalcoolique, masques, gants pour ses équipes. Le guide sanitaire de reprise des chantiers du BTP validé par les fédérations professionnelles du secteur et le gouvernement début avril est pour lui un cadre de travail « qui a le mérite d’exister », pour les bonnes pratiques à suivre. « Mais nous sommes tous humains, il y aura forcément des failles », analyse-t-il.

Une reprise de l’activité un peu à contrecœur

Abers Étanchéité a donc repris son activité avec une équipe réduite (5 chefs de chantiers) le 6 avril sur la base du volontariat. « Je ne le fais pas pour l’entreprise, car on va perdre encore plus d’argent avec ce fonctionnement, explique Romain Dumans. Je le fais pour relancer la machine et profiter de l’intérêt de s’être arrêté tôt. Je ne suis pas inquiet pour 2020, mais pour la suite. Si je brûle mes économies pour boucher les trous et que je n’ai pas de visibilité sur l’intérêt de m’endetter, je vais devoir avorter mes projets. » Des chantiers ont de toute façon été décalés : « nous sommes à 40 % de ce que l’on fait d’habitude ».

La colère a fait place au doute et à la crainte de ne pas prendre les bonnes décisions, alors que les mois à venir s’annoncent compliqués. « Je n’ai pas apprécié les propos de la ministre du Travail le 19 mars (elle soulignait le « manque de civisme » des entreprises de bâtiment ayant décidé de cesser toute activité, NDLR). Ceci dit, il y a beaucoup d’efforts de fait, tempère le patron. Je ne sais pas s’ils [les ministres] sont tous bons mais il faut les encourager. Quand on me dit 'chef, je ne suis pas d’accord', c’est vexant mais ça m’aide parfois à mieux voir certaines choses et à profiter de l’expérience des autres. »

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