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Coronavirus : « Il ne reste que 30 à 35 % des bateaux finistériens en mer »
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Yannick Calvez président du Comité Départemental des Pêches du Finistère Coronavirus : « Il ne reste que 30 à 35 % des bateaux finistériens en mer »

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La pêche finistérienne a connu un bon coup d’arrêt depuis le début de la crise sanitaire. Elle est en effet très dépendante des marchés italiens et espagnols, également fortement ralentis.

— Photo : © DR

Comment la crise du coronavirus a-t-elle impacté la pêche finistérienne ?

Yannick Calvez : Le marché aujourd’hui ne représente plus qu’un quart de ce qu’il est d’habitude. C’est mieux qu’il y a quelques semaines où nous étions tombés à 20 %. Quelques pêcheurs côtiers peuvent continuer à travailler. Les hauturiers, eux, sont à 80 % à quai. En tout, seuls 30 à 35 % des bateaux sont en mer. Heureusement, on a vu la demande augmenter un peu avec les vacances de Pâques, mais les prix en criées baissent un peu également. Ce n’est pas une catastrophe, mais pour éviter une chute des prix, il ne faudrait pas que trop de bateaux reprennent la mer.

Y a-t-il des aides prévues ?

Yannick Calvez : Un fonds de solidarité est en place, comme pour toutes les entreprises. Il s’adresse plutôt aux patrons-pêcheurs qui sont seuls. Le secteur bénéficie aussi des modalités de l’activité partielle. Beaucoup d’entreprises les ont mis en place, même si on ne connaît pas encore certaines précisions comme le taux du salaire qui est appliqué. Nous allons également pouvoir faire appel à des aides européennes pour l’arrêt temporaire de l’activité. La décision doit être validée par le Conseil européen le 18 avril mais les aides ont été validées par le Parlement. C’est donc en bonne voie. Reste à savoir quand les fonds seront réellement débloqués.

Bateau de pêche en pleine mer — Photo : © DR

Le président de la République a fixé comme objectif de déconfinement le 11 mai. Envisagez-vous une reprise à cette date ?

Yannick Calvez : Pour la pêche finistérienne, ce sera très compliqué. Nos marchés principaux sont l’Italie et L’Espagne. Et pour l’instant, il ne s’y passe rien. Il y a très peu de volumes. Sans ces deux pays, on ne peut pas redémarrer ! Un autre marché important est la Chine. Et là aussi, nous sommes dans l’inconnu le plus total.

Nous ne pourrons, de toute façon, pas tous reprendre en même temps. Si tous les bateaux repartent d’un coup, l’offre sera trop forte par rapport à un marché qui ne va pas reprendre à 100 % dès le 12 mai ! Il va falloir s’organiser. Le comité des pêches n‘a cependant aucun pouvoir pour ordonner à des navires de rester à quai. Ce sera aux organisations de producteurs de gérer ça.

En tant que président du comité des pêches, en quoi consistent vos journées pendant cette période ?

Yannick Calvez : Beaucoup de réunions ! Avec les autorités comme la Direction des pêches maritimes et de l’aquaculture (DPMA), les autres comités des pêches. L’idée est de mettre des outils en place pour les entreprises du secteur. Nous avons aussi des échanges avec la grande distribution (GMS) pour parler des débouchés. Nous essayons également de mettre en place de la vente directe. Mais tout le monde ne peut pas le faire. Il faut un port adapté par exemple. Cela ne représente que 5 à 10 % du marché. Le comité communique aussi sur les principes sanitaires à respecter sur les bateaux.

Vous êtes également patron-pêcheur. Comment se passe le confinement pour votre entreprise et vos salariés ?

Yannick Calvez : Nous sommes spécialisés dans les crustacés, tourteaux, araignées. Nous avons donc dû nous arrêter avec mes six salariés. En effet, il n’y a plus de débouchés ou presque pour le vivant. La restauration est fermée, la GMS privilégie surtout le libre-service. Et comme d’autres pêches, nos principaux débouchés sont en Italie et en Espagne. Nous sommes donc dans l’attente.

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