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Coronavirus : dans le Finistère, le secteur événementiel en panne sèche
Finistère # Événementiel # Conjoncture

Coronavirus : dans le Finistère, le secteur événementiel en panne sèche

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Avec une activité réduite à peau de chagrin quand elle n'est pas totalement à l'arrêt depuis les premières restrictions du gouvernement pour faire face à l'épidémie de Covid-19, les acteurs de l'événementiel du Finistère attendent avec fébrilité les effets des premières semaines de confinement sur la propagation du virus pour envisager la suite de la saison. Pour tous, la note sera quoi qu'il en soit salée.

Le secteur événementiel a vu son activité réduite à peau de chagrin dans le Finistère dès les prémices de la crise du Covid-19. Il est aujourd'hui quasiment totalement à l'arrêt et redoute que la reprise plus difficile que dans d'autres secteurs. — Photo : Audiolite

« Nous avons reçu les premières demandes d’annulation d’événements début mars. En quatre jours, nous avions déjà perdu 700 000 euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, nous sommes complètement à l’arrêt », retrace Régis Rassouli, président de l’agence de communication et d'événementiel Rivacom (60 salariés, 7,5 M€ de CA), basée à Brest et Rennes. « Nous assurons encore de la communication de crise pour nos clients, nous avons lancé de nouveaux services comme le montage vidéo rapide. Mais l’activité a déjà chuté de 20 % depuis début mars, et nous craignons que certains de nos clients soient trop impactés pour avoir à nouveau recours à nos services une fois la crise passée », témoigne le dirigeant.

Une reprise qui risque d'être longue

Mais ce qui inquiète le plus Régis Rassouli, c’est la partie événementielle de son groupe, qui représente 60 % de son activité. « À ce stade, nous avons de vrais doutes sur le fait que les grandes manifestations, les transats ou les salons prévus en juin ou en juillet puissent être maintenus. C’est donc difficile de chiffrer les pertes, d’autant que les montants ne seront pas les mêmes en cas de report ou d’annulation pure et simple. La façon dont le gouvernement va autoriser à nouveau les rassemblements publics et privés sera bien entendu cruciale, mais on sait d’ores et déjà que l’impact sera colossal sur un secteur qui compte beaucoup d’associations et d’indépendants. Les mesures de soutien générales suffiront-elles pour assurer la survie de ce tissu économique si particulier ? Sans parler des consommateurs : à quel moment décideront-ils de se rendre à nouveau dans des salons ou des festivals ? »

Autant de questions en suspens qui s’ajoutent à la complexité d’une situation qui évolue au jour le jour. « Tout laisse à penser que la reprise sera plus longue dans notre secteur que dans d’autres… En parallèle, nous allons devoir réinventer notre métier en étant plus créatifs et agiles. Par exemple, je doute que la finger food (nourriture préparée pour être mangée directement avec les doigts, NDLR) se développe dans les cocktails… Et c’est bien entendu toute la filière qui est impactée : traiteurs, prestataires audio, etc. De notre côté, nous avons de quoi tenir quelques mois car nous avons toujours gardé une partie de nos bénéfices en réserve. Nous continuons à avancer les salaires et à payer nos fournisseurs et nous avons le soutien de nos actionnaires (Rivacom fait partie du groupe Le Télégramme, NDLR), mais nous attendons bien entendu le retour de Bpifrance avec impatience. Je pense que cette crise va modifier durablement les comportements de nos clients. À l’avenir, ils privilégieront probablement davantage les notions de proximité et de solidarité territoriales à des relations uniquement marquées du sceau de la profitabilité », espère Régis Rassouli.

« Nous avons arrêté de chiffrer les pertes »

À Guipavas, près de Brest, Franck Fily et Sylvain Turpin, deux des trois coprésidents d’Audiolite (14 salariés, 4,5 M€ de CA) comptent les jours. Le principal prestataire de sonorisation et d’équipements scéniques en Bretagne, qui dispose d'une antenne à rennes, a lui aussi vu son activité s’arrêter net début mars, entraînant dans son sillage l’arrêt d’activité pour une soixantaine d’intermittents. « Nous avons arrêté de chiffrer les pertes depuis le début du confinement car, à ce stade, il est difficile de jauger quels événements seront reportés ou annulés. Rien qu’en vente de matériel, nous avons déjà perdu aux alentours de 350 000 euros », confient-ils.

La suite ? « On attend de voir si les mesures de confinement portent leurs fruits. Si les résultats ne sont pas bons d’ici une quinzaine de jours, nous aurons de nouvelles annulations en juin et nous serons très pessimistes pour juillet. Heureusement, ayant été parmi les premiers touchés, nous avons pu faire nos demandes de chômage partiel très tôt et prendre des mesures pour optimiser notre trésorerie et suspendre nos remboursements d’emprunt. On a de quoi voir venir, et le fait d’être complètement indépendants et peu endettés fait que nous sommes bien armés pour résister. Mais ce n’est pas le cas de tous nos confrères. Quoi qu’il en soit, nous voulons rassurer nos clients sur le fait que nous serons toujours là en septembre, même si on y aura tous laissé des plumes. Il faudra aussi que les spectateurs nous soutiennent en continuant à assister aux événements, même si ces derniers risquent de se dérouler dans des conditions dégradées ».

Le Bout du Monde sur le pied de guerre

Du côté de Quai Ouest Musiques (5 salariés, 3 M€ de CA), le producteur de spectacle brestois qui organise notamment les Mardis de Plouescat et de Morgat en période estivale, mais aussi le Festival du Bout du Monde qui réunit chaque année 60 000 festivaliers en août sur la presqu’île de Crozon, on reste sur le pied de guerre. « On continue à travailler sur l'organisation de tous nos événement d'été. Pour l’instant aucun artiste n’a annulé, mais il est encore tôt », confie Jacques Guérin, le directeur de la structure, qui a, en revanche, dû reporter les concerts de Paul Personne, d’Arnaud et de Batlik, prévus en avril. « Comme toute la filière, nous allons avoir un gros manque à gagner, c’est certain. Mais avant de parler musique, festival ou événement, c’est évidemment d’abord à la santé des personnes que nous pensons. Nous ne sommes pas maîtres du jeu, mais nous nous ajusterons en fonction de l’évolution de la situation d’ici fin avril ».

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