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Comment FH Industrie veut conquérir l'Amérique
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Comment FH Industrie veut conquérir l'Amérique

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Le concepteur et fabricant quimpérois de prothèses orthopédiques FH Industrie, porte des ambitions à l'international. Plusieurs millions d'euros y sont investis en moyens industriels et humains pour tenter de réussir ce pari.

— Photo : Pierre Gicquel

Des cinq sites que compte le groupe FH Ortho, dont le siège est à Mulhouse (42,5 M€ de CA en 2017, 240 salariés), celui de sa filiale quimpéroise FH Industrie est le plus important. 108 des 240 salariés du groupe y conçoivent et fabriquent près de 250 000 implants par an. Des prothèses orthopédiques en métal chirurgical ou polymère de haute précision (hanche, épaule, genou, cheville, rachis, ligament), qui font de FH Industrie un acteur important sur le plan national, mais pas encore sur le plan international.

Genou, hanche, épaule, cheville, rachis, ligament... FH Industrie est un généraliste de la prothèse qui a développé une gamme spécifique pour le marché américain — Photo : Pierre Gicquel

Grand en France, petit dans le monde

«Nous sommes au 24ème rang mondial, sur 250 acteurs industriels de l’orthopédie dans le monde. Et au troisième rang en France», calcule Philippe Veistroffer, dirigeant de la filiale FH Industrie. «Mais il faut savoir que 70% du marché mondial est accaparé par quatre sociétés américaines.»
Groupe familial jusqu’à la fin de 2014, FH Ortho compte désormais un fonds d’investissements français comme actionnaire principal. Une arrivée qui s’est accompagnée d’un important plan d’investissement, pour tenter de damer le pion face aux mastodontes américains: «FH Ortho compte déjà trois filiales à l’étranger, en Pologne, en Angleterre et aux USA. Ce dernier pays présente une belle opportunité, avec une croissance d’activité de 25% par an. 2% de ce marché nous suffirait. De 4,7 millions d’euros, nous visons 23 millions d’euros de chiffre d’affaires dans ce pays en 2022.»

3,5 M€ ont été investis en moyens industriels, comme ce robot japonais — Photo : Pierre Gicquel

Objectif USA

Pourquoi les USA en particulier? Tout d’abord car le contexte français n’est pas porteur, selon Philippe Veistroffer: «Ici, le tarif des prothèses est fixé par l’État et il est toujours révisé à la baisse. Pour garantir notre pérennité, nous devons viser des pays présentant des marges plus intéressantes.» L’Australie et l’Amérique du Sud sont aussi sur leur carte, mais les USA sont particulièrement ciblés: «Le marché américain est en croissance, l’Obama Care ayant créé un appel d’air, alors qu’ici il est mature. En France, où nous réalisons 75% de nos ventes, nous grignotons 2% de croissance par an en profitant des défaillances d’autres acteurs qui n’arrivent pas à suivre l’augmentation des exigences réglementaires...» L’export est donc une question de survie pour le groupe français, dans un marché qui se resserre de plus en plus: «De 75 organismes notifiés il y a quelques années, nous sommes passés à 40 aujourd’hui et demain certainement 25, car une nouvelle réglementation changera encore pas mal de choses en 2020.»

Ingénieurs en biomécanique et usineurs sont les profils les plus recherchés — Photo : Pierre Gicquel

Doubler le chiffre d’affaires d’ici 5 ans

FH Ortho présente un chiffre d’affaires consolidé en croissance. De 33 M€ en 2015, il est passé à 42,5 M€ en 2017. «Avec pour objectif 80 millions d’euros en 2022, ce qui fera de nous un acteur significatif», ambitionne Philippe Veistroffer.
Sa filiale portant la moitié de l’activité du groupe (18,5 M€ de CA en 2016 et 21,5 M€ en 2017), elle profite donc aussi d’une part importante du plan d’investissement. «3,5 millions d’euros ont été investis en moyens industriels en trois ans. Nous avons reçu de nouvelles machines, et beaucoup embauché». FH Industrie est en effet passée de 84 salariés en 2016 à Quimper, à 106 salariés en début 2018. «Et d’ici 2020 ou 2021, nous devrions atteindre 132 salariés, avec des embauches en usinage, au bureau d’études avec des ingénieurs en biomécanique mais aussi des juristes pour le cadre réglementaire.»
Pour accueillir tout ce beau monde, il faudra agrandir le site de la zone industrielle de Kernévez, de 1 500 m². «L’ancienne concession Dacia, voisine, a été rachetée et sera réhabilitée fin 2018. Et nous construirons un bâtiment sur notre actuel parking en 2020.»

Le site de FH Industrie grandira de 1 500 m² dans les deux années à venir. 25 embauches sont prévues dans ce laps de temps — Photo : Pierre Gicquel
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