Commande publique : Les PME bretonnes veulent leur part du gâteau !
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Commande publique : Les PME bretonnes veulent leur part du gâteau !

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Numérique À Rennes, le médiateur national de la commande publique a pu se rendre compte des difficultés des entreprises à percer ces marchés jugés opaques.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Selon le patron de Medtech (robotique médicale) à Montpellier, Bertin Nahum, « l'État français doit agir comme un prescripteur de l'innovation. Si nous voulons garder en France une innovation performante, il faut l'accompagner par la commande publique ». Le fait qu'il y ait un médiateur des marchés publics traduit bien le blocage que peuvent rencontrer les dirigeants d'entreprise et donc sa tentative de désamorçage par l'État. Jean-Lou Blachier, qui occupe la fonction, n'a pas peur de la confrontation. Invité à Rennes par le pôle Images & Réseaux, il a fait face à des patrons de PME venus partager leur expérience de la commande publique. Oui, cette commande peut-être « un levier de développement économique » (c'était le thème de la rencontre), notamment pour la filière numérique bretonne ! « Je vous invite, PME, à bien réfléchir à l'opportunité que représentent ces marchés », lance Jean-Lou Blachier. Car, malgré le « léger retrait » des achats de l'État (- 8 % entre 2012 et 2013), ils représentent encore une manne de 200 milliards d'euros, soit 10 % du PIB. Les commandes de fournitures, elles, sont en hausse de 5 %.




Bientôt une charte

« On ne part pas de rien en Bretagne », précise Céline Faivre, de la plateforme e-Mégalis, qui entend justement « simplifier l'administration électronique ». Au coeur du sujet : la dématérialisation. « Les acteurs publics manquent de volonté et ne dématérialisent pas tout ! » dénonce-t-elle. Et du côté des entreprises, « encore faut-il qu'elles soient prêtes aussi ». Dans la perspective des élections municipales, e-Mégalis a d'ailleurs décidé de rédiger une charte de bonne conduite de la commande publique, en partenariat avec Produit en Bretagne. Les futurs élus seront incités à la signer, pour s'engager à une meilleure exécution. Ce Breizh Small Business Act a déjà reçu une subvention de 25.000 €. Les expériences malheureuses sont légion. François Moron, DG d'eXo, une plateforme collaborative web, témoigne s'être déjà « cassé le nez » face à l'administration, pour cause juridique. « Nous sommes à l'âge de pierre de la dématérialisation ! », fustige cet autre entrepreneur. « On est plutôt à l'âge de bronze en Bretagne », tempère-t-on chez Bretagne Développement Innovation (BDI). « On subit le french bashing », témoigne un troisième entrepreneur qui s'est fait doubler par un concurrent étranger sur un marché de tablettes numériques à l'école.




Un label réclamé

Gérard Faria, associé de TeamCast, réclame quant à lui « un label » pour indiquer d'emblée aux PME si elles peuvent prétendre à tel ou tel marché et éviter ainsi de perdre du temps. Vincent Marcatté, président d'Images & Réseaux, confierait bien aux pôles le rôle de l'« avis consultatif » qui aiderait aussi l'acheteur public à juger de la pertinence de la réponse de telle entreprise. En matière de technologies innovantes, difficile de rentrer dans le cadre ! Encore une difficulté par rapport à des appels d'offres trop bornés. Jean-Lou Blachier, et son médiateur breton Michel Poitou, en ont conscience. C'est déjà un bon début.



G.B.

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