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Claude Boussard (TP 29) : « Les travaux publics manquent de visibilité pour 2021 dans le Finistère »
Interview Finistère # BTP

Claude Boussard président de la fédération TP 29 Claude Boussard (TP 29) : « Les travaux publics manquent de visibilité pour 2021 dans le Finistère »

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La fédération des travaux publics du Finistère (TP 29, 224 entreprises) s’inquiète de l’état des carnets de commandes pour 2021. En Finistère, des rendez-vous sont déjà fixés pour échanger avec les élus pour tenter d’accélérer les procédures d’appels d’offres.

— Photo : © Isabelle Jaffré

Comment se passe l’année 2020 pour les travaux publics dans le Finistère ?

L’année avait plutôt bien commencé, en dépit du fait que 2020 était une année électorale, toujours compliquée pour les travaux publics car le métier dépend à 60 % des commandes publiques. Les entreprises avaient des carnets de commandes bien fournis pour des chantiers qui devaient se réaliser en 2020. Mais la crise du coronavirus a provoqué un arrêt brutal des chantiers de mars à mai.

Quelles sont les conséquences sur le chiffre d’affaires des entreprises du TP ?

L’activité a ensuite été dégradée à compter de fin avril et jusqu’à début juin selon les entreprises et les clients. La perte d’activité représente 15 à 20 % sur l’ensemble de l’année. Le rattrapage est impossible. Les nouvelles normes sanitaires provoquent également un effet négatif sur le rendement des chantiers. Le surcoût est d’environ 5 %.

Les chantiers sont repartis cependant. Est-ce une activité en trompe-l’œil ?

On voit en effet beaucoup de chantiers en cours aujourd’hui. Ce sont ceux qui n’ont pas été faits pendant le confinement. Pendant cette période, le nombre d’appels d’offres a chuté de 70 %. À la rentrée, nous sommes encore à -35 % dans le Finistère. Cela joue sur le carnet de commandes pour les chantiers de 2021. Il y aura un trou. Nous manquons cruellement de visibilité sur le premier semestre 2021.

Qu’attendez-vous des collectivités ?

Nous organisons des rendez-vous avec les présidents des EPCI, dont certains sont nouveaux, pour leur expliquer les enjeux. Les travaux publics ont un rôle d’entretien du patrimoine : infrastructures d’eau, de routes, etc. Nous sommes aussi heureux de faire des pistes cyclables que des routes ! Ce que nous souhaitons, c’est une réaction des collectivités. Il faut qu’elles accélèrent sur le lancement d’appels d’offres. Ces dernières années, les collectivités avaient perdu leur capacité d’investissement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : 96 % des communes et EPCI du Finistère ont un taux d’épargne supérieur à 10 %, selon les chiffres de la Direction générale des finances publiques. Des moyens financiers sont donc disponibles pour investir maintenant !

Qu’avez-vous pensé du plan de relance du gouvernement ?

Nous sommes satisfaits de ce qui a été annoncé. Reste à savoir quand l’argent sera débloqué. Sur le plan national, on voit que plusieurs axes peuvent être en partie fléchés vers les TP : la sécurisation des infrastructures d’eau, mais aussi le développement des mobilités douces, le plan haut débit, etc. Nous espérons que cela aille vite, que les différents acteurs, de l’État aux communes se coordonnent et que les délais des décisions administratives se raccourcissent.

La crise peut-elle être de l’ampleur de celle de 2008 ?

C’est notre inquiétude. Nous ne maîtrisons pas du tout les paramètres de cette crise inédite. Combien de temps va-t-elle durer ? Les PGE (prêts garantis par l’État) devront être remboursés. Ils ont permis de renflouer les trésoreries, mais on espère tous qu’il n’y aura pas de deuxième vague. Pour éviter une crise trop importante, la profession a décidé de maintenir ses engagements auprès des jeunes via l’alternance pour éviter de repartir sur un cycle de manque de main-d’œuvre dans les années à venir.

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