Finistère
Bluebus s'oriente vers le marché de niche des petits bus électriques
Finistère # Industrie

Bluebus s'oriente vers le marché de niche des petits bus électriques

S'abonner

L’usine de bus du groupe Bolloré d’Ergué-Gabéric, Bluebus, va monter en puissance pour fabriquer la nouvelle génération de bus électriques de 6 mètres. La direction fait le choix d’accélérer sur ce marché de niche alors qu’elle est très concurrencée sur celui du bus standard de 12 mètres.

David Guennou, directeur de Bluebus, avec à gauche, l’ancienne version du bus 6 mètres et à droite, la dernière génération — Photo : Isabelle Jaffré

Les bus électriques sont bien alignés sur le parking de l’usine d’Ergué-Gabéric. Ils attendent d’être livrés en Île-de-France au client de Bluebus (250 salariés, 65 M€ de CA en 2021) : la RATP. "La crise sanitaire a fait prendre du retard aux livraisons, donc nous avons un peu de stock", sourit David Guennou, le directeur général de l’usine.

Un véritable bus miniature

La filiale du groupe Bolloré a présenté, fin septembre 2021 aux Rencontres nationales du transport public à Toulouse, une nouvelle génération de son bus électrique de 6 mètres, l’IT3. Ils viennent remplacer la première génération, née en 2011 du partenariat avec le constructeur Gruau (Laval, 140 salariés, 213 M€ de CA) noué en 2007. Des prototypes de l’IT3 roulent actuellement, notamment à Quimper et une trentaine de commandes ont déjà été enregistrées. "Ils conviennent à de petites villes ou à des grandes avec des centres-villes aux rues étroites. Nous avons aussi des contacts pour des navettes d’entreprises, par exemple," indique le dirigeant. Le projet de navette pour acheminer les touristes de la pointe du Raz du parking au site n’a, lui, pas abouti. "Mais notre bus est tout à fait adapté aux sites naturels : pas de bruit, pas de pollution, pas d’odeur… Et la nouvelle génération a désormais une autonomie de 200 km contre 150 km pour la première version."

Le nouveau bus de 6 mètres de Bluebus en essai sur le site de l’usine d’Ergué-Gabéric (Finistère) — Photo : Isabelle Jaffré

L’IT3, d’une capacité de 22 à 30 passagers, a été conçu comme un "vrai petit bus. Ce n’est pas un utilitaire aménagé comme il peut en exister sur ce marché, insiste David Guennou. Nous avons amélioré le confort des passagers." Pour le construire, l’usine a été repensée. "Nous avons complètement modifié la ligne en l’inversant et revu les postes de travail. La version précédente du bus avait six faces boulonnées. Aujourd’hui, nous avons un monobloc en inox", détaille-t-il. L’entreprise ne souhaite pas communiquer le montant de l’investissement, qui représenterait cependant quelques millions d’euros. Pour la commercialisation de ce nouveau bus, la société a bénéficié du Plan de relance à hauteur de 880 000 euros.

Les batteries viennent bien entendu de la société sœur de Bluebus, Blue Solutions (420 salariés, 100 M€ de CA), le fabricant de batterie implanté sur le même site. Les deux filiales du groupe Bolloré travaillent étroitement ensemble. Les bus sont en effet l’un des principaux débouchés des batteries Blue Solutions depuis les arrêts des services d’autopartage.

La RATP comme premier client

Bluebus mise beaucoup sur son nouveau bus de 6 mètres pour conquérir ce marché de niche. "Dans le transport de passagers, le standard, c’est le bus de 12 mètres, explique David Guennou. Mais ce marché est très concurrentiel." Depuis quelques années déjà, les grands constructeurs se sont mis aux bus électriques, avec des 12 mètres. Bluebus ne peut pas, comme eux, faire du volume. Malgré tout, l’entreprise finistérienne a décroché l’appel d’offres de la RATP pour un total de 200 bus de 12 mètres destinés à la région parisienne.

La marche de l’usine Bluebus d’Ergué-Gabéric (Finistère) a été revue pour la construction de ce nouveau bus — Photo : Isabelle Jaffré

"La RATP est notre premier client", assure le dirigeant. L’exploitant parisien a en effet également commandé les nouveaux bus de 6 mètres : "4 pour 2022 et 3 en 2023". Le ministère des Armées ou encore la ville d’Avignon dans le Vaucluse font partie des autres premiers clients de l’IT3. En 2021, 30 bus ont été produits. En 2022, le plan de charge de l’usine prévoit la fabrication de 50 bus de six mètres et de 100 à 150 de 12 mètres.

"La loi de transition énergétique pour la croissance verte pourrait venir augmenter nos ventes, ajoute David Guennou. Nous voyons passer des appels d’offres dans ce sens même si ce n’est pas encore massif." Cette loi prévoit depuis le 1er janvier 2020 le renouvellement des flottes de bus avec du "matériel roulant à faible émission", incluant les véhicules électriques, mais aussi les véhicules fonctionnant au gaz avec une proportion minimale de gaz d’origine renouvelable. L’objectif de Bluebus à court terme est de fabriquer 50 IT3 par an, "mais à plus long terme, nous devrions arriver à 200 ou 300 véhicules produits par an".

Si les ventes se concentrent aujourd’hui sur le marché français, Bluebus pense aussi à l’international. "Nous avons quelques bus au Luxembourg et en Belgique. Avec le bus de 6 mètres, nous allons aussi viser un développement dans le sud de l’Europe : Italie, Espagne, Portugal, Grèce", liste le directeur.

Parallèlement, en décembre 2021, Bluebus a annoncé avoir accordé au groupe haut-saônois d’ingénierie Gaussin (250 salariés, 48 M€ de CA) une licence mondiale pour son bus électrique de 6 mètres, à l’exclusion de la France. Le véhicule, rebaptisé Cit-e, doit être fabriqué par le réseau, actuel et futur, de licenciés de Gaussin. Courant sur une durée de vingt ans, cette licence permettra à Gaussin et ses licenciés de pénétrer les marchés au Moyen-Orient, notamment.

Vers le bus autonome

250 salariés travaillent chez Bluebus — Photo : Isabelle Jaffré

Le bus de 6 mètres de Bluebus coûte, nu, un peu plus d’une centaine de milliers d’euros. "Mais cela ne veut rien dire car nous faisons du sur-mesure : sièges, aide à la conduite, capteurs, etc. Chaque client a ses exigences. Un bus aujourd’hui est de toute façon très connecté. Nous n’en sommes pas encore au véhicule autonome mais on s’en approche !", s’enthousiasme-t-il.

Avec l’IT3, Bluebus fait ainsi un premier pas vers le bus autonome. L’entreprise fait partie d’un consortium pour le projet EFIBA (Émergence de la Filière Bus Autonome). Cette initiative, portée par le constructeur de véhicules autonomes lyonnais Navya (280 salariés, 10,7 M€ de CA en 2020), le spécialiste des systèmes embarqués toulousain Actia (3 600 salariés, 438,6 M€ de CA en 2020), l’exploitant Keolis (68 000 salariés, 6,1 Md€ de CA) et Bluebus, souhaite préparer la filière française au marché des autobus autonomes. L’ambition est de développer et industrialiser une version automatisée des bus électriques de Bluebus, depuis leur conception jusqu’à leur commercialisation. EFIBA est aussi lauréat du programme France Relance à hauteur d’1,1 million d’euros. "Nous allons livrer nos deux premiers bus à Navya dès cette année, se félicite David Guennou. Notre but n’est pas de nous lancer nous-mêmes sur le marché mais bien de fournir aux industriels une base de véhicules."

Finistère # Industrie # Production et distribution d'énergie # Transport
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise BLUEBUS