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Après les radars, ZF Autocruise prend le virage du lidar
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Après les radars, ZF Autocruise prend le virage du lidar

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Filiale de l’équipementier automobile allemand ZF, Autocruise à Plouzané (Finistère) va s’agrandir grâce à un investissement de 20 millions d’euros sur trois. Objectif : passer de la conception et fabrication actuelles des radars automobiles à celles du lidar, technologie laser permettant d’avancer sur le véhicule autonome.

L’atelier de ZF Autocruise à Plouzané va être agrandi — Photo : DR

Avec 20 millions d’euros d’investissement sur trois ans, l’équipementier automobile allemand ZF (148 000 salariés dans le monde, 36,5 Md€ de CA en 2019) développe son site ZF Autocruise de Plouzané, près de Brest. "C’est un très gros investissement pour nous", reconnaît Mickaël Léon, le directeur de site (160 salariés, 60 M€ de CA en 2021). En 2016, un investissement de 2,9 millions d’euros avait permis à la filiale finistérienne, qui conçoit et assemble des radars de régulation de distance et de systèmes d’alerte à la collision, d’agrandir son atelier de 500 m² pour préparer les nouvelles générations de radars.

Cette fois, ZF voit encore plus grand avec une extension de 1 300 m². "Aujourd'hui, nous avons environ 2 000 m² de locaux au total dont 850 m² d'atelier, donc nous doublons notre surface productive ", indique le directeur. L’extension va abriter un atelier en salle blanche. "Le coût du bâtiment est d’environ 2 millions d’euros. Le plus gros de l’investissement concerne l’équipement et les machines", précise Mickaël Léon. L’entreprise a obtenu 800 000 euros d’aide du plan de relance du gouvernement dans le cadre du volet automobile. La livraison du bâtiment est prévue en mai 2022 pour un début de production en octobre.

Du radar au lidar

Grâce à cet important investissement, le site brestois spécialiste des radars s’apprête à basculer vers une autre technologie. Après avoir travaillé sur des générations successives de radars pour véhicules (voitures et camions), le site se prépare déjà pour la fabrication de la prochaine technologie : le lidar (light detection and ranging). Cette méthode de télédétection et de télémétrie est semblable au radar, mais émet des impulsions de lumière infrarouge, au lieu d’ondes radio. "Avec les radars et les caméras qui équipent les véhiculent, il est déjà possible de repérer les obstacles ou de calculer la vitesse relative d’un autre véhicule, par exemple. Ces deux technologies sont complémentaires. Avec le lidar, technologie laser, nous pouvons aller beaucoup plus loin dans la perception des obstacles avec de la redondance d’informations", explique Mickaël Léon. L’objectif est bien entendu de pouvoir équiper des véhicules véritablement autonomes en toute sécurité.

Mickaël Léon, directeur du site ZF Autocruise de Plouzané avec dans la main, un lidar — Photo : Isabelle Jaffré

"Aujourd’hui, nous continuons à travailler sur les radars mais au fur et à mesure que la technologie se démocratise, il est économiquement plus difficile de les fabriquer ici, analyse le dirigeant. La production de la quatrième génération de radar a commencé à baisser. Le pic pour la cinquième génération arrivera d’ici 2023 ou 2024." D’où la préparation à ce virage technologique vers le lidar. "Nous travaillons sur la voiture du futur. Le passage vers le lidar est un vrai défi. La concurrence est mondiale avec également des start-up qui se lancent. Notre chance est d’avoir un premier client et de nous lancer dans la phase industrielle", insiste Mickaël Léon.

Vers le véhicule autonome

Si le site de Brest s’occupe d’industrialiser et de produire le lidar, le développement se fait conjointement avec d’autres sites en Allemagne. "On parle beaucoup de voiture autonome, mais avant d’y parvenir totalement, il y a encore des pas à franchir, prévient le dirigeant. Pour l’instant, le lidar n’est pas encore diffusé à large échelle, mais il était important d’être parmi les premiers à s’y mettre. C’est un beau défi pour nous !" Malgré tout, l’investissement arrive à un moment difficile pour l’industrie automobile qui subit la pénurie de composants, le rendant un peu plus risqué. "L’aide nous a tout de même permis d’enclencher cet investissement que nous préparions déjà un an avant la pandémie."

L’extension d’Autocruise est en cours de travaux à Plouzané, livraison prévue en mai 2022 — Photo : DR

En effet, malgré le coup d’arrêt lié au confinement du printemps 2020, ZF Autocruise a fini l’année à 63 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 3 millions de plus qu’en 2021. "C’est un paradoxe alors que mi-mars 2020, 97 % de notre activité s’est arrêtée ! Nous sommes repartis très fort dès juillet", note le dirigeant. À la reprise, les équipes d’Autocruise ont travaillé en continu 7 jours sur 7 "Nous avions fait un investissement en 2019 de 3,5 millions d’euros pour une nouvelle ligne de production qui est arrivé en avril 2020, se souvient-il. Elle n’a pu être installée que quelques mois plus tard."

Ralenti par la pénurie de composants

Mais depuis l’automne, le rythme d’Autocruise ralentit progressivement. En cause : la pénurie de composants. "L’activité sur l’année a été réduite d’environ 12 % à cause de cette pénurie, estime Mickaël Léon. Soit nous en manquons, soit ce sont nos clients qui en manquent sur d’autres produits et suspendent leurs commandes." Le directeur espère une amélioration pour le second semestre 2022.

Le recrutement est aussi un sujet sensible, même si ZF Autocruise est une entreprise attractive car à la pointe, dans tous les sens du terme. "Actuellement, nous avons plusieurs postes ouverts, on sent que les recrutements sont plus tendus qu’avant. Mais nous parvenons à convaincre des salariés en mobilité grâce à nos métiers mais aussi grâce à l’attractivité de la région brestoise", conclut Mickaël Léon.

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