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Après le rachat de Bolloré Ports France, Maritime Kuhn met le cap sur la croissance
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Après le rachat de Bolloré Ports France, Maritime Kuhn met le cap sur la croissance

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Fin 2019, le groupe familial brestois Maritime Kuhn reprenait les activités de Bolloré Ports France et doublait de taille avec des implantations dans 18 ports régionaux français. Depuis, l’entreprise a digéré le rachat en se structurant, elle investit et continue de chercher des opportunités.

Antoine, François-Georges et Arnaud Kuhn codirigent Maritime Kuhn. Ils sont la troisième génération — Photo : Maritime Kuhn

Entreprise emblématique du port de commerce de Brest - elle y est présente depuis 1948 -, Maritime Kuhn (800 salariés, 150 M€ de CA) est aujourd’hui déployée dans 18 ports français. Elle y a plusieurs activités : manutention, douane et logistique, transit maritime international, stockage de marchandise, commissionnaire de transport, consignation de navire, opérateur de terminal et enfin, affrètement maritime, ferroviaire et routier. “Au fil des années, nous avons développé des activités sur les différents trafics et différentes prestations sur les ports”, souligne Antoine Kuhn, président de Maritime Kuhn, qu’il codirige avec deux de ses frères.

Rachat de Bolloré Ports France

Cette expansion est assez récente. Fin 2019, l’entreprise familiale a en effet racheté Bolloré Ports France (BPF), la division maritime portuaire française appartenant au groupe Bolloré Logistique. À l’époque, la Maritime Kuhn est implantée dans 8 ports, du Havre à La Rochelle en passant par Concarneau. "Nous pesions environ 75 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 350 salariés, se souvient Antoine Kuhn. Cela nous a permis de rajouter à notre périmètre les ports de Dunkerque, Honfleur, Montoir-de-Bretagne, Sable d’Olonne, Sète… Ils avaient une présence, comme nous, à Saint-Malo, Saint-Brieuc et La Rochelle. Donc, là, nous avions des doublons." En une opération, Maritime Kuhn a ainsi doublé de taille, atteignant les 140 millions d’euros de chiffre d’affaires pour un effectif de 800 personnes.

"Mais le Covid est arrivé et 2020 ne s’est pas passée comme prévu !", regrette le président. Certains ports comme celui de Dunkerque ont vu leur activité tomber à zéro. D’autres, avec un trafic plus axé sur l’agroalimentaire comme Brest, ont continué de tourner malgré tout. Les dirigeants en ont alors profité pour structurer leur nouveau groupe. “Nous avons regardé là où nous avions désormais plusieurs entités, explique Antoine Kuhn. La particularité de BPF était d’avoir des sociétés autonomes et des agences, deux structures juridiques et fonctionnement différents.” Maritime Kuhn souhaite, elle, plutôt appliquer un schéma "un port égale une société". “Nous voulions un modèle décentralisé.” Dans certains cas, l’entreprise cède aussi une partie des activités, moins maritimes, ou s’est rapprochée d’autres sociétés présentes sur le port, “par souci d’homogénéisation et de complémentarité des activités sur le port”, précise le dirigeant. Maritime Kuhn est par exemple présent à 30 % au capital des sociétés portuaires STE à Dunkerque et d’HLP à Honfleur.

Gouvernance collégiale

Pour piloter le groupe, les trois frères se sont partagé la gestion des ports. “François-Georges, le plus jeune, s’occupe des Sables-d’Olonne, Rochefort et La Rochelle. Mon frère jumeau, Arnaud, s’occupe de Nantes, Montoir, Saint-Nazaire, Dunkerque, Rouen et Honfleur. Et moi, de Cherbourg, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Brest et Concarneau, liste Antoine Kuhn. Donc, même si c’est moi qui ai le titre de président, j’ai deux directeurs généraux qui ont exactement les mêmes pouvoirs que moi. Chacun gère son périmètre en parfaite autonomie.” Une direction collégiale décidée au moment du LBO qui a permis à leur père, Jacques Kuhn - ancien président de la CCI de Brest – de céder les rênes du groupe à la troisième génération.

Créée par François-Louis Kuhn, l’entreprise a d’abord été une société d’importation de vins d’Algérie. C’est Jacques Kuhn, dans les années 70, qui a développé le groupe Kuhn en diversifiant l’entreprise vers les services de prestations de transit, de consignation et de manutention des navires. Puis, il a saisi des opportunités pour racheter des sociétés portuaires à Lorient, Nantes. Le groupe Kuhn s’est aussi diversifié avec un pôle de logistique terrestre : ALT (désormais sorti du groupe familial et géré en autonomie par l’aîné de la fratrie, Jacques-Alexandre), un pôle de concession automobile BMW, d’agences de voyages et de la pêche avec la Compagnie Française du Thon Océanique (CFTO), basée à Concarneau. “À partir des années 2000, nous avons fait le choix stratégique de nous recentrer sur notre activité maritime, en cédant les autres activités”, indique Antoine Kuhn, qui dirigeait le pôle automobile jusqu’en 2003.

Après deux ans de Covid, la guerre en Ukraine a pris le relais dans la succession de crises. Mais désormais, Maritime Kuhn est structuré et a atteint une taille critique qui l’autorise à supporter davantage d’aléas. “Nous nous rendons compte que d’être sur une multitude de ports et de trafics différents permet de gommer les plus et les moins de chacun. Actuellement, le bois est touché, les engrais sont touchés, mais le groupe n’est pas à l’arrêt car le trafic agroalimentaire continue.” Maritime Kuhn a aussi développé une expertise dans les énergies marines renouvelables depuis quelques années sur certains ports comme Brest. “En manutention, ce n’est pas tout à fait le même métier : les pièces sont beaucoup plus lourdes, plus fragiles. Les clients sont aussi très exigeants, notamment sur les horaires”, note le président.

15 millions d’euros d’investissements en 2023

Côté investissements, Maritime Kuhn se doit d’avoir des plans ambitieux. “Nous sommes opérateurs de terminaux, cela signifie que nous investissons dans l’outillage. Une grue, cela vaut 5 millions d’euros. Nous sommes aussi parfois propriétaires des bâtiments de stockage”, précise le dirigeant. En 2022, le groupe a investi 9 millions d’euros et se prépare à investir 15,5 millions d’euros en 2023. “Chaque investissement se fait au cas par cas selon les besoins de nos implantations”, ajoute-t-il.

Aujourd’hui, Maritime Kuhn finit de “digérer” son rachat de BPF. “Nous nous étions donné un objectif de 150 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous l’avons désormais dépassé”, se félicite Antoine Kuhn. Le groupe est bien présent en Normandie, en Bretagne et sur la côte Atlantique, mais ne possède qu’une seule implantation en Méditerranée, à Sète. “Si des opportunités se présentent dans le Sud, nous serons à l’affût, même si nous devons rester prudents avec notre structure relativement récente”, conclut le président.

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