Triballat/Sojasun : Le groupe agroalimentaire attaqué en justice dans l'affaire Delicelight
# Industrie

Triballat/Sojasun : Le groupe agroalimentaire attaqué en justice dans l'affaire Delicelight

S'abonner
Dirigeants de SMO International, Olivier Baron et Serge Briand attaquent en justice le groupe Triballat (Sojasun), dirigé par Olivier Clanchin. Le conflit commercial, né de la vente de la PME Delicelight en 2009, se poursuit au tribunal correctionnel de Rennes.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Leur union était pourtant partie sur de bonnes bases. Elle va connaître un nouvel épisode, le 10 novembre prochain, avec la citation à comparaître de Triballat (900 salariés, 250 millions d'euros de chiffre d'affaires), groupe dirigé par Olivier Clanchin, au tribunal correctionnel de Rennes pour organisation d'insolvabilité.

Produits complémentaires
Repreneurs de Delicelight en 2006, une PME spécialisée dans les plats préparés à base de soja, Olivier Baron et Serge Briand, actuels dirigeants de SMO International à Loudéac, se mettent en quête d'un partenaire pour les accompagner dans leur développement. « Nous avions de bons produits autour d'un process maîtrisé mais la commercialisation était à la peine, précisent les intéressés. Triballat (Sojasun) a accepté d'entrer au capital à hauteur de 30 % ce qui nous allait très bien car nos produits étaient complémentaires de ses gammes. » Jusqu'à ce que la situation se tende.

Paiement sous trois ans
« L'activité ne décollait pas. Nous avons alors décidé de vendre Delicelight et Triballat s'est porté acquéreur. » Comme dans toutes cessions, le vendeur et l'acheteur se mettent d'accord sur les modalités de la vente. « La cession du capital de l'entreprise était de 326.181 euros, somme payée en partie en 2009, l'autre en 2010, confirment Serge Briand et Olivier Baron. Le compte-courant dû au moment de la vente atteignait 523.460 euros. 110.000 euros ont été acquittés lors de notre départ et pour le reste, soit 413.460 euros, un échéancier avait été signé avec Triballat afin de lisser cette somme sur trois ans. »

Promesses non tenues
Si le paiement de la première échéance (137.820 euros) est bien respecté au 31 décembre 2010, les deux suivantes ne le sont pas. « Il y avait bien une clause dans le contrat de cession qui prévoyait qu'en cas d'actif inférieur au passif, Triballat pouvait ne pas payer. Fin 2011, notre ancien partenaire s'est appuyé sur cet élément pour cesser les versements. Cela revenait à déposer le bilan. Une procédure qui ne fut pas mise en place à l'époque ». Pour Olivier Clanchin, P-dg de Triballat, « le remboursement n'avait plus lieu d'être puisque l'activité de la société était très difficile et les promesses initiales de développement commerciales finalement non tenues. »

Le tribunal de commerce condamne Triballat
Olivier Baron et Serge Briand saisissent le tribunal de commerce de Vannes en 2012. Après plusieurs reports, ils gagnent en première instance puis en appel. Le jugement exécutoire est rendu en décembre 2014. « Cela ne concernait que la première échéance. Une seconde procédure est en cours actuellement pour la dernière traite qui devait être initialement payée en décembre 2012. » Condamné par la justice commerciale, Olivier Clanchin se veut assez clair sur ses intentions actuelles : « nous sommes rentrés dans un combat de procédures entre des ex-associés. Il est clair que je ne paierai pas les sommes dues car elles n'ont pas lieu d'être. »

Porte-close pour l'huissier
Suite au jugement en appel, devenu exécutoire malgré un pourvoi en cassation de Triballat, un huissier se rend à La Gacilly, au siège de Delicelight, avec un commandement de payer. « Il a trouvé porte clause, affirment Olivier Baron et Serge Briand. L'activité de Delicelight, enfin ce qu'il en reste, avait été transférée ailleurs, sans que la société ne soit, là encore, liquidée. Le matériel et les machines, qui auraient pu représenter un actif à saisir, n'étaient plus là également. » La liquidation arrivera finalement quelques semaines plus tard, le 27 mai 2015. « Nous avions perdu le contrat avec le distributeur Dia, précise Olivier Clanchin. La perte de notre unique client justifiait l'arrêt de Delicelight. »

Rendez-vous le 10 novembre
Pour Olivier Baron et Serge Briand, cette manoeuvre est celle de trop. « Nous estimons que la société Triballat a créé les conditions de l'insolvabilité de Delicelight. Plus aucun argent ne transitait depuis plusieurs mois sur le compte-courant de l'entreprise. Tout a été organisé pour ne pas avoir à nous payer le solde de la vente correspondant à 275.640 euros, somme à laquelle s'ajoutent des pénalités de retard. » Ce sera désormais aux juges du tribunal correctionnel de Rennes d'apprécier, le 10 novembre prochain, les arguments du leader français des produits à base de soja.

# Industrie