Côtes-d'Armor
Trémeur Fraval (groupe Bidault) : "Notre remise en cause est perpétuelle"
Côtes-d'Armor # BTP # Management

Trémeur Fraval (groupe Bidault) : "Notre remise en cause est perpétuelle"

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Comptant parmi les entreprises du BTP les plus anciennes du département, l’entreprise Bidault à Saint-Donan vient de fêter ses 75 ans d’existence. Patron de la société depuis 2005, Trémeur Fraval détaille les fondamentaux de cette longévité.

Trémeur Fraval, P-dg du groupe de BTP Bidault à Saint-Donan — Photo : Julien Uguet

Comment expliquez-vous la longévité d’une entreprise comme Bidault ?

Trémeur Fraval : Sans aucun doute par la remise en cause perpétuelle de son modèle d’organisation et de fonctionnement. Bidault était à l’origine, lors de sa création en 1946, une petite menuiserie de Saint-Donan. Son fondateur, Louis Bidault, l’a fait grandir autour de cette expertise jusqu’à la céder en 1975. L’entreprise a de nouveau été vendue en 1999 avant que j’en reprenne les commandes en 2005. Chaque dirigeant a, à sa manière, contribué à sa croissance en l’enrichissant par ses expertises. Aujourd’hui, notre cœur de métier est le gros œuvre avec Bidault, secteur d’où je suis issu par mon passé dans le groupe Legendre, mais notre département menuiserie est devenu un véritable relais de croissance.

N’avez-vous aucun regret d’avoir franchi le pas alors que vous auriez pu couler des jours heureux dans un grand groupe ?

Trémeur Fraval : Je ne regrette pas d’avoir franchi le pas même si je reconnais qu’on ne se rend pas compte, à 34 ans à l’époque, de l’immensité de la tâche. Lors de ma reprise de Bidault, en 2005, l’entreprise comptait 33 salariés pour 2,7 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2020, nous avons atterri à 7,6 millions d’euros pour 85 salariés. L’aventure humaine est extraordinaire mais éprouvante.

La structuration d’une véritable équipe d’encadrement est-elle la clé de la réussite ?

Trémeur Fraval : Bien entendu. Pour continuer à avancer, il faut injecter du sang neuf régulièrement, aider les gens à progresser en interne. Mon expérience me sert mais elle est enrichie par mes collaborateurs. Je prends l’exemple récent du personnel administratif. Lors du renouvellement des postes, j’ai eu une attention particulière quant à la féminisation de l’équipe. Aujourd’hui, sur 12 cadres autour de moi, six sont des femmes. Elles apportent une sensibilité et une expertise totalement différentes. C’est une vraie chance pour l’entreprise.

Quels sont vos projets pour les 75 prochaines années ?

Trémeur Fraval : Le contexte actuel appelle à la prudence mais, en même temps, l’ADN de Bidault a toujours été de se projeter. En quinze ans, l’enveloppe d’investissement dépasse 2 millions d’euros afin de rester compétitif. On veut aussi grossir mais pas le faire de manière trop rapide. La création d’une antenne à Dinan ou Lannion a du sens par exemple, mais il faut trouver les bonnes personnes pour les piloter. L’enjeu aussi est de former les collaborateurs de demain qui nous déjà tant défaut aujourd’hui. Notre groupe compte 12 apprentis du CAP au Bac +5. Nous devons continuer sur cette voie car c’est le meilleur moyen de convaincre des jeunes que le bâtiment est attractif.

Le contexte actuel de pénurie de matériaux vous inquiète-t-il sur le court terme ?

Trémeur Fraval : Oui, car cette pénurie est couplée à une flambée des prix complètement dingue. Actuellement, les Chinois et les Américains viennent acheter du bois en Europe et nous, nous regardons les bateaux passer sous nos fenêtres. C’est d’autant plus inquiétant que les carnets de commandes sont bien remplis et que nos clients ont des projets.

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