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Timac Agro : Le marchand de sable CAN attend son heure
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Timac Agro : Le marchand de sable CAN attend son heure

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La Compagnie armoricaine de navigation, filiale du Malouin Roullier, attend depuis 2009 l'autorisation d'exploiter un gisement de sable coquillier.

— Photo : Le Journal des Entreprises

La rencontre avec le ministre de l'Économie Emmanuel Macron, le 16 février dernier, devait être décisive pour la CAN mais elle devra finalement attendre le mois d'avril. Cette société de 25 salariés du groupe d'agro-fournitures Roullier et de sa division Timac Agro France (1.100 salariés dont 450 à Saint-Malo) a défendu à Paris les enjeux économiques d'un dossier qu'elle porte depuis fin 2009 pour exploiter un nouveau gisement de sable coquillier marin en baie de Lannion. Sans accord à ce jour.

Un « avis favorable » mais toujours un grain de sable

Depuis l'interdiction d'exploiter le maërl, la CAN s'est tournée vers le sable coquillier alternatif, pour ses vertus en carbonate de calcium. Elle exploite déjà deux gisements en baies de Morlaix et de Saint-Brieuc, soit 175.000 m³ à eux deux. C'est la demande pour en exploiter un troisième au large de Lannion - initialement de 400.000 m³/an finalement réduits à 250.000 m³ pour un stock estimé à 186 millions de mètres cubes - qui traîne en longueur. Le dossier chahuté est monté jusqu'au Conseil d'État. « Après cinq années d'instruction, l'avis rendu le 1er octobre 2014 nous est favorable », explique l'industriel breton. Désormais, c'est la signature du ministre Macron, suivie de la contre-signature du Premier Ministre qui peuvent débloquer le titre de concession minière, sésame d'exploitation tant attendu.

« Ce gisement, on y tient ! »

Le groupe Roullier estime le temps perdu à quelques millions d'euros déjà... « Cela fait 55 ans que nous faisons de l'extraction. Heureusement que nous avions un peu de stocks. Ce gisement, on y tient ! », soufflent Bernard Lenoir, directeur du développement de la CAN, et Pierre Le Coz, président de Timac Agro, qui vend un tiers de sa « récolte » en l'état pour l'amendement agricole et en transforme les deux autres tiers dans la composition de ses autres produits d'agro-fournitures, comme les engrais. « C'est un enjeu essentiel pour ce territoire et la filière agricole bretonne », ajoute Sébastien Floch, directeur général des relations institutionnelles et du développement des partenariats stratégiques chez Roullier. Le groupe malouin est pourtant bien vu du gouvernement. Quand il pose la première pierre de son futur centre de R & D à Saint-Malo créateur de 200 emplois de chercheurs, Daniel Roullier sait pouvoir compter sur son ami le ministre breton de la Défense, Jean-Yves Le Drian. « Ce long dossier de sable coquillier est la preuve que le groupe ne fait pas de lobbying dans cette affaire », observe un proche.

Les opposants au projet brandissent trois arguments : le risque d'érosion du trait de côte, la turbidité liée à l'exploitation et l'impact sur la faune et une espèce en particulier. La CAN avance de son côté des études d'impact poussées et un volume extrait réduit à 2 % de cette « dune », soit un total de 3,1 millions de mètres cubes sur la durée globale de l'exploitation ramenée de 20 à 15 ans. Ses usines de Pontrieux et de Saint-Malo, qui en dépendent directement, emploient aussi respectivement 30 et 250 salariés. La balle est désormais dans le camp Macron qui a donné un nouveau rendez-vous aux protagonistes du dossier en avril.

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