La loi NOTRe a considérablement modifié le paysage des dispositifs de soutien à l’économie en recentrant ces compétences vers les agglomérations, et surtout, la Région Bretagne. Cette simplification était nécessaire au regard, par le passé, de l’éclatement des acteurs et de l’éparpillement des aides publiques. Toutefois, cette nouvelle architecture laisse les coudées franches aux équipes du président Loïg Chesnais-Girard, véritable chef de file de la politique économique bretonne, derrière lequel se rangent les intercommunalités.
Au regard de certaines sommes récemment mises en jeu, cette liberté étonne. Deux exemples en Côtes-d’Armor : Socavol et Manoir Industries. La collectivité a accordé une avance remboursable de 300 000 euros à chacun de ces projets de reprise. Sommes déjà perdues, disent certains, tant les perspectives de ces deux sociétés sont aussi hasardeuses que risquées. Mais derrière, un choix politique (et médiatique ?) a été opéré pour sauver 45 emplois chez Socavol et une centaine chez Manoir… Faites le calcul.
Sur le dossier Doux, qui enchaîne les plans de reprise et les pertes abyssales depuis 10 ans, l’interventionnisme de la Région Bretagne est encore plus puissant : 20,9 millions d’euros injectés en capital et en investissement pour sauver 900 postes. Loïg Chesnais-Girard justifie cet accompagnement par « une nouvelle façon de faire de la politique économique. On ne vient pas éponger des pertes, on vient en investisseur pour créer un nouveau modèle avec les industriels et les producteurs. ».
L’avenir lui donnera peut-être raison… ou pas. Le courage et l’audace politique auraient pu être aussi de fermer ces trois puits sans fonds pour réorienter les aides publiques versées vers des projets porteurs de sens, d’avenir et d’emploi durable.
