Côtes-d'Armor
Obsam ouvre son capital pour créer une base de données de la gestion de l’obsolescence
Côtes-d'Armor # Industrie # Levée de fonds

Obsam ouvre son capital pour créer une base de données de la gestion de l’obsolescence

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Obsam, spécialiste de la gestion et de la veille de l’obsolescence, vient de lever 1,5 million d’euros auprès de Sodero Venture et de Definvest, émanant du ministère des Armées. La PME basée à Taden (Côtes-d’Armor) va créer la première base de données multi-famille du secteur, pour mutualiser les moyens de gérer l’obsolescence des pièces, matières, logiciels, ingrédients…

Nathalie Barat-Vandamme, présidente-fondatrice d’Obsam, et Cyrille Hélary, responsable régional sud-ouest, ont de grandes ambitions pour l’entreprise costarmoricaine — Photo : Matthieu Leman

Nathalie Barat-Vandamme, fondatrice d’Obsam (1 M€ de CA en 2022, 20 salariés), le spécialiste de la veille et de la gestion de l’obsolescence des équipements complexes, vient de lever 1,5 million d’euros. "C’est un accélérateur, un carburant hors norme. Comme une fusée", s’enthousiasme la dirigeante. Cette levée a été réalisée auprès du fonds Definvest (fonds créé pour sécuriser le capital d’entreprises d’intérêt stratégique pour le secteur de la Défense, NDLR), géré par Bpifrance en s’appuyant sur l’expertise de la Direction générale de l’armement (DGA), et auprès de Sodero Venture, le fonds de Capital Innovation Breton de Sodero Gestion. Tous deux sont entrés au capital de la PME installée à Taden à hauteur de 30 % au total. La dirigeante conserve 67,8 % du capital d’Obsam, le reste appartenant à des managers de la société.

Première mondiale

Avec cet apport financier, l’entreprise a le projet de constituer "la première base au monde de données multifamille de produits et multidomaine de la gestion de l’obsolescence, dédiée à la France et aux pays de l’Union Européenne", affirme Nathalie Barat-Vandamme. "Un tel outil n’existe pas. Les Anglais en ont une mais uniquement dédiée à l’électronique. La nôtre couvrira tous les domaines et devrait comprendre rapidement trois millions de références. Elle permettra d’accéder aux solutions fournies par les PME." Ces dernières pourront proposer leurs solutions de remplacement des pièces, qu’elles soient sous la forme d’une disponibilité, d’une fabrication, d’une prestation, d’un dossier de qualification, de certification…

Pour la réaliser dans le temps prévu de 18 mois, une quinzaine d’ingénieurs vont être recrutés. Le processus a déjà démarré, et l’année 2023 sera consacrée à cette réalisation, qui s’appuiera sur la base déjà constituée pour l’un des principaux clients de la PME costarmoricaine : l’Armée française. "Nous l’avions expérimentée à petite échelle avec l’Armée de terre, il y a deux ans. Beaucoup de nos clients en ont eu connaissance et nous ont demandé s’ils pouvaient s’abonner", se souvient la dirigeante. L’idée d’une base élargie a alors germé, comme celle d’un abonnement pour y accéder. "Cet abonnement permettra de partager la connaissance de la solution et de son statut. Il sera sur mesure : il y aura un abonnement générique et différentes options, comme de la veille ou du traitement supplémentaires", souligne encore Nathalie Barat-Vandamme.

Apporteurs de solutions

L’adhésion à ce service d’abonnement mutualisé, baptisé Agbo (pour Abonnement Base de Gestion d’Obsolescence), ne sera pas au même tarif pour les grands comptes (les demandeurs de solutions) que pour les PME (les apporteurs de solution). Ces derniers paieront de l’ordre de deux à trois fois moins. Obsam ne prévoit pas de prendre des commissions. Les premiers abonnements devraient être pris au premier semestre 2024.

Cette nouvelle source de revenu ne devrait pas phagocyter le business actuel d’Obsam, dont le travail de veille et de gestion de l’obsolescence s’effectue sur volume et bons de commande. "L’abonnement ne représentera que 20 % de nos revenus. Pour les produits grand public, les solutions sont faciles mais pour les équipements plus complexes, si personne n’a la solution, nous la trouverons ou accompagnerons des PME qui pourraient la réaliser."

L’entreprise née en 2016 cherche à déménager des locaux de 200 m² qu'elle occupe à Taden. Un terrain est identifié à Quévert et trois devis de constructions d’un bâtiment 400 m² sont sur la table. "Nous pourrions également racheter une friche industrielle, ce qui serait bien dans nos valeurs RSE", confie la Costarmoricaine, dont les équipes sont passées en 2022 à la semaine de quatre jours. "Notre promesse est de rester ici, en Bretagne." L’équipe Agbo devrait s’installer près d’un pôle universitaire, à Saint-Brieuc ou Rennes. En septembre, Obsam a ouvert une agence (un salarié) à Bordeaux, pour être plus proche de ses clients notamment aéronautiques.

60 % de fausses obsolescences

Obsam a "créé son propre marché" il y a six ans. "Je travaillais dans une entreprise de maintenance aéronautique et on se trouvait plutôt en mode pompier. Je me demandais pourquoi personne n’anticipait les problèmes d’obsolescence", raconte Nathalie Barat-Vandamme. "Obsam vend un service et des datas qui permettent à nos clients d’accéder à des informations de procurabilité de ses pièces pour pérenniser leur outil de production." La PME costarmoricaine traite aussi bien des pièces que des joints, huiles, outillages, logiciels, ingrédients…

Ses recherches l’amènent à découvrir de "fausses obsolescences" qui se révèlent souvent n’être que des "excuses industrielles". "60 % des obsolescences déclarées ne le sont pas, nous rétablissons la vérité, assure la chef d’entreprise. Quand elles sont avérées, leurs causes sont diverses mais elles sont dues principalement à l’évolution des normes, notamment environnementales, mais aussi à des considérations plus capitalistiques : quand il n’y a plus de volume, la production s’arrête. Obsam se charge dans ce cas de réactiver la fabrication pour des clients, toujours des grands comptes dans les domaines de la Défense, de l’industrie, de l’aéronautique, dont les équipements sont souvent sensibles." La PME costarmoricaine, qui entend désormais devenir "incontournable" en matière de gestion d’obsolescence et multiplier son chiffre d’affaires par cinq en 2025, participe en cela à la souveraineté industrielle de la France.

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