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Norman Emballages relève le pari de la montée en gamme
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Norman Emballages relève le pari de la montée en gamme

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Née à Jersey en 1840, Norman Emballages a développé un savoir-faire unique dans la transformation du peuplier servant à la fabrication de bourriches d’huîtres ou de cageots de fruits et légumes. Agile et réactive, la PME familiale a toujours cultivé une stratégie de montée en gamme comme avec l’impression haute définition sur les emballages bois, lancée en 2013.

Plus de 7 millions d'emballages bois sortent chaque année de l'usine de Norman Emballages à Taden (Côtes-d'Armor). 50 % sont des bourriches d'huîtres et 50 % des cageots pour les fruits et légumes — Photo : Norman Emballages

Nichée à Taden, sur les bords de la Rance, à quelques encablures du port de Dinan, Norman Emballages fait partie du petit club des entreprises centenaires des Côtes-d’Armor. Fondée en 1908 sur le sol français, mais née 68 ans plutôt à Jersey, la PME familiale est un acteur majeur de la fabrication d’emballages légers en bois.

7 millions d’emballages par an

Sur un secteur concurrentiel, attaqué régulièrement sur le segment des achats de matières premières par ses concurrents espagnols, italiens ou chinois, Norman Emballages fait mieux que résister. Fort d’une volonté constante de monter en gamme, la société (70 salariés, CA non communiqué) produit, chaque année, plus de 7 millions de bourriches d’huîtres et de cageots de fruits et légumes.
« Contrairement à nos concurrents, nous sommes entrés sur ce marché en déroulant du bois de peuplier et non comme scieur devenu fabricant d’emballages, précise Paul-André Troy, aux commandes de la société depuis 2003 et actionnaire majoritaire depuis 2014 suite au rachat à la famille Norman. Cette particularité est importante car nous cultivons, depuis toujours, une écoute particulière aux attentes de nos clients et aux besoins du marché. »

Le numérique dans l’atelier

Dernier exemple en date, l’impression haute définition à même le bois, débutée en 2013, mais véritablement lancée depuis deux ans. « Jusqu’à présent, la personnalisation était faite au travers des films plastique ou du papier qui étaient agrafés. L’entrée du numérique dans notre atelier nous a permis de proposer des choses totalement inédites, pour certains qui s’apparentent à des petits objets de décoration. Le peuplier se prête à ce style de process par sa souplesse et sa taille très fine, allant de 1 mm à 5 mm. »

Une source de diversification

Pour se différencier dans les linéaires des supermarchés ou les étals des marchés, les producteurs d’huîtres sont parmi les plus actifs sur l’utilisation de cette innovation. « Au moment de Noël, le temps fort de notre activité sur le marché des bourriches, la demande a explosé. » À terme, l’idée pour Paul-André Troy est de proposer les avantages de cette technologie à d’autres marchés, alimentaire ou pas. « On pourrait faire de l’impression d’objets décoratifs, de bardages intérieurs, etc. Tout est envisageable, même si notre cœur de marché reste l’emballage bois. »

Une valorisation globale

Avec ce pôle impression, Norman Emballages confirme sa volonté constante de tirer un maximum de valeur ajoutée de ses grumes de peupliers. « L’activité d’origine était celle des tonneaux pour les conserver la morue des pêcheurs. Par la suite, nous avons été les premiers à vendre des barquettes de fraises en 1930, à proposer des paniers ronds pour les huîtres plates cinq ans plus tard, etc. » Depuis une vingtaine d’années, une activité de vente des déchets de fabrication a été développée. « Une partie sert à alimenter notre circuit de chauffage interne, l’autre part vers le secteur industriel pour la production de bois compressé pour l’ameublement, etc. »

Positionné sur un marché qui a atteint son rythme de croisière depuis plusieurs années, Paul-André Troy reste persuadé que l’emballage bois a de belles perspectives devant lui. L’enveloppe d’investissement industriel est ainsi a minima de 400 000 euros chaque année pour renouveler les équipements ou se doter, en 2011, d’une unité de stockage de produits finis à Vildé-Guingalan, agrandie en 2017. « Dans un contexte où la préservation de l’environnement est forte, nous avons un argument de poids. Nos emballages sont 100 % recyclables contrairement au plastique et au carton. Il est en outre léger ce qui limite les coûts de transport sur les bourriches notamment. »

Des marchés à l’export

Pour les cageots, la PME costarmoricaine a limité sa zone d’intervention au grand Ouest. « Nos clients sont nombreux sur cette zone mais par définition, nous produisons des emballages vides et quand on les transporte jusqu’aux coopératives, on transporte beaucoup de vide. Le transport est un poste de charge stratégique », analyse Paul-André Troy. Cette volonté de ménager son empreinte carbone n’empêche pas Norman Emballages d’être présent sur les marchés export. « J’ai une part d’Angleterre en moi par mon père. 15 % de notre activité se fait en Europe. C’est d’autant plus facile quand on parle anglais couramment. »

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