Côtes-d'Armor
Marie Morin : "La crise de l'électricité nous empêche de mettre en service notre nouvelle usine"
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Marie Morin : "La crise de l'électricité nous empêche de mettre en service notre nouvelle usine"

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Le fabricant de desserts ultra-frais costarmoricain Marie Morin craint de ne pas pouvoir mettre en service sa nouvelle usine. Aucune offre de contrat d’électricité ne lui a été transmise. Et les prix affichés sur les nouveaux contrats mettraient en péril la pérennité de son entreprise. Son dirigeant, avec 17 autres entreprises agroalimentaires, en appelle au gouvernement afin qu’il plafonne le prix de l’énergie.

Bruno Morin (à droite), qui dirige Marie Morin avec son frère Eric, sur le site de la nouvelle usine des Châtelets, avec Jacky Lorand (au centre), directeur commercial, et Maxime Resmond, directeur marketing et communication — Photo : Matthieu Leman

Bruno Morin, l’un des deux dirigeants de Marie Morin (28,5 millions d’euros en 2021, 75 salariés et une vingtaine d’intérimaires) dont le siège est à Quessoy (Côtes-d’Armor), avec son frère Eric, pèse ses mots, l’air grave. La nouvelle usine du fabricant de desserts, petit bijou de technologie et d’automatisme qui devait être opérationnel en février 2023, au terme d’un investissement de 15 millions d’euros, pourrait ne pas pouvoir être mise en service du fait de l’explosion des coûts de l’énergie.

"Je n’ai reçu aucune offre de contrat d’électricité pour le site", souffle le chef d’entreprise. "On m’a fait deux propositions oralement, à des prix totalement démesurés de 620 euros et 500 euros le mégawatt. Mais elles n’ont même pas été suivies d’offres de contrat." Dès lors, alors que la fabrication de mousses au chocolat (son best-seller) et d’autres produits ultra-frais nécessitent beaucoup d’électricité pour produire du froid, l’ouverture de l’usine de 3 000 m² est pour l’heure en suspend. "On ne pourra tout simplement pas appuyer sur le bouton marche."

Deux millions d’euros de facture d’électricité

Ce bâtiment, où les livraisons de robots et d’autres équipements se succèdent en ce mois de novembre, apparaissait essentiel pour le développement de l’entreprise familiale."Nous manquions de capacité de production. L’usine des Châtelets devait nous permettre de répondre à la demande des consommateurs, de nos clients (notamment la GMS, NDLR) mais aussi de nos équipes. On allait pouvoir sortir du travail de nuit et redonner du confort de travail à nos salariés." Il promettait enfin de doubler le chiffre d’affaires de l’entreprise costarmoricaine dans les six ou sept ans.

La promesse de jours meilleurs pourrait devenir augure de lendemains funestes pour l’usine située dans la zone des Châtelets, à Ploufragan. "Si nous ne pouvons pas commencer à produire et être rentables, commencer les remboursements va être problématique", avertit Bruno Morin. Et son fonctionnement, aux prix affichés sur les nouveaux contrats d’électricité signés, ne serait pas tenable. "90 % de l’usine et tout le process de production sont électriques. La facture s’élèverait à deux millions d’euros par an, alors que celle de notre site de Quessoy se monte aujourd’hui à 150 000 euros." L’usine historique de Marie Morin bénéficie d’un contrat qui lui assure un prix de 70 euros le mégawatt jusqu’à fin 2023. "En 2022, on ne va pas être bien. Mais en 2023, pas sûr qu’on puisse passer la marche. On a l’Himalaya devant nous."

Appel à un moratoire sur le prix de l’énergie

Le dirigeant se sent désarmé face à cette montagne qui se dresse devant lui. Si les deux frères ont ajouté au projet des Châtelets l’installation de plus de 1 130 m² de panneaux photovoltaïques su les toits de l’usine, l’équation reste malgré tout insoluble. Répercuter la hausse sur leurs produits, ce qu’ils s’apprêtent à proposer à leurs clients à hauteur de 12 % à l’ouverture de négociations toutes proches, ne pourrait être acceptable dans sa totalité. "Ça mettrait la mousse au chocolat à quatre euros, au lieu d’1,80 euro actuellement…" Alors Bruno Morin en appelle au gouvernement. "Je demande à l’État un moratoire sur les prix. Il faut qu’il fixe un plafond. À 200 euros le mégawatt, ce serait encore supportable." Un appel qui avait été soumis par courrier dès le 23 septembre à la préfecture et à des élus, par Marie Morin accompagné de 17 autres entreprises agroalimentaires des Côtes-d’Armor et d’Ille-et-Vilaine, représentant 2 400 salariés. "Nous n’avons reçu aucune réponse à cet appel à l’aide, à part une demande de précision de situation…"

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