L'union Innoval remet l'éleveur au centre du pré
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L'union Innoval remet l'éleveur au centre du pré

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A travers la fusion de leurs activités, au sein de l’alliance Innoval, BCEL Ouest, Évolution, GDS Bretagne et Copavenir affichent leur ambition de devenir un acteur de référence en matière de génétique et de services globaux à destination des éleveurs bovins, ovins et caprins.

— Photo : @DR

De la coopération à la fusion. Quatre ans après avoir mutualisé une partie de leurs compétences au sein d’Innoval, une filiale commune, les coopératives bretonnes Bretagne Conseil Élevage Ouest, Évolution, le Groupement de Défense sanitaire de Bretagne, ainsi que leur consœur charentaise Copavenir, vont se fondre dans une structure unique au 1er juillet 2021.

De cette union va naître un acteur majeur en France en matière de génétique, de sélection et de services globaux à destination des éleveurs bovins, caprins et ovins, qui représentera 1 908 salariés, 196 millions d’euros de chiffre d’affaires et 30 000 adhérents répartis sur 24 départements, de Brest dans le Finistère à Ambert dans le Puy-de-Dôme. « Tout a débuté en 2007 autour d’un projet de création d’une plateforme d’échange de nos données et de nos projets de services innovants, précise Yann Lecointre, directeur général d’Évolution (151 millions d’euros de chiffre d’affaires, 1 255 salariés) et futur directeur général de la nouvelle coopérative dont le nom définitif n’est pas encore acté. Nous avons finalement, collectivement, décidé de pousser cette démarche jusqu’au bout avec une fusion totale. »

Patrice Guiguian, président de BCEL Ouest; Vincent Rétif, président d'Evolution; Damien Laroche, président de Copavenir et Thierry Le Druilennec, président de GDS Bretagne ont décidé d'unir leur structure afin d'offrir plus de valeur ajoutée aux 30 000 adhérents de la future coopérative Innoval. — Photo : @DR

Mutualisation et maîtrise des coûts

Dans le grand Ouest, voire au niveau hexagonal, chacun des partenaires de l’alliance est aujourd’hui reconnu dans son métier. D’un côté, deux spécialistes du contrôle laitier : BCEL Ouest à Plérin dans les Côtes-d’Armor (25 millions d’euros de chiffre d’affaires, 448 salariés) et Copavenir, basée à La Couronne en Charente et Mignaloux-Beauvoir dans la Vienne (2,1 millions d’euros de chiffre d’affaires, 32 salariés).

De l’autre, Évolution, référence nationale en génétique et reproduction, basée à Noyal-sur-Vilaine en Ille-et-Vilaine et le GDS Bretagne, spécialisée dans la protection sanitaire depuis son siège de Ploufragan dans les Côtes-d’Armor (14,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, 203 salariés). « Ce rapprochement a du sens car nous partageons tous les quatre cette volonté de permettre à nos adhérents d’accroître, au quotidien, la performance économique de leur exploitation », assure Yann Lecointre.

Portée par un objectif, dans un secteur en pleine concentration, de mieux maîtriser les coûts via une mutualisation des infrastructures (locaux, parc véhicules, systèmes d’information, outils de gestion, etc.), la future coopérative entend « replacer » l’éleveur au centre du projet d’entreprise. « Plus l’élevage grandit, plus se multiplient le nombre de conseillers dont l’éleveur a besoin, ajoute Yann Lecointre. Demain, l’éleveur n’aura plus qu’un seul interlocuteur coordinateur qui l’aiguillera, si besoin, vers des spécialistes métiers afin de recevoir des conseils beaucoup plus ciblés. C’est, pour tout le monde, un gain de temps et d’efficacité. »

Photo : @DR

L’union entend toutefois garantir que la mutualisation ne sera pas guidée par une volonté d’orienter la conduite des élevages. « Si la mise en commun de nos services va devenir notre finalité au quotidien, tout sera croisé et complémentaire, afin d’offrir le meilleur choix aux éleveurs. Penons le cas du suivi de la gestation : demain, au regard de nos outils actuels, l’exploitant aura le choix entre deux outils, contre un seul actuellement. Il pourra utiliser l’échographie, ou suivre la gestation via l’analyse du lait. »

Une plateforme participative

Développé depuis 3 ans au sein de la filiale Innoval, le logiciel Icownect sera au cœur de ce processus. « Cette application de gestion de troupeau a démontré que nous pouvions mener des projets communs porteurs de valeur ajoutée, précise Yann Lecointre. Ensuite, cet outil regroupe l’ensemble des données d’élevage de l’identification à la santé en passant par la production laitière, le suivi de croissance, la reproduction, la génétique, l’alimentation, le suivi des ventes, etc. »

Dans une logique collaborative, Innoval a choisi de décloisonner les données accumulées chez ses 30 000 adhérents. « Là aussi, l’exploitant agricole revient au centre du dispositif. Toutes les données peuvent être utilisées et échangées entre les éleveurs afin de se comparer de façon anonyme. »

L’enjeu de l’exploitation des données

La future alliance fait d’ailleurs d’une meilleure exploitation de ses datas un atout stratégique au niveau concurrentiel. « La mise en commun des datas sanitaires, de reproduction, d’alimentation ou de génétique va nous permettre d’aboutir à du conseil de prédiction plutôt que de correction, ajoute Yann Lecointre. C’est ce petit supplément d’expertise qui va séduire les éleveurs en recherche constante de meilleures performances techniques et économiques. »

Cette mutualisation des données numériques deviendra, demain, un élément encore plus stratégique si d’autres opérateurs français, de la génétique, de la gestion sanitaire ou du conseil en élevage sont tentés de rejoindre l’union. « Avec un nombre d’éleveurs en recul de 5 % par an et un cheptel, lui aussi en diminution de 2 % par an, la concentration des acteurs est logique. Toutefois, tout rapprochement doit passer par un respect des histoires locales et démontrer qu’il peut tirer la filière vers le haut. »

« L’ambition est clairement de replacer l’éleveur au cœur de la conduite de son élevage. »

Conserver une proximité avec les territoires

Fort d’une implantation géographique, s’étirant sur 24 départements, le futur poids lourd de la génétique et du conseil entend tout mettre en œuvre pour conserver la proximité qui fait la force des quatre partenaires. « Si nous avons fait le choix de ne conserver qu’un seul conseil d’administration, 16 sections territoriales sont créées, complétées par 80 agences locales qui seront situées au plus près de nos conseillers et des éleveurs, confirme Yann Lecointre. Il semble essentiel de ne pas perdre l’autonomie d’animation dans les territoires et éviter ainsi, par notre taille, d’être un acteur hors-sol. »

Logiquement, les enseignes Évolution, Copavenir et BCEL Ouest seront rapidement remplacées par la signature commune en cours de réflexion. Pas le GDS Bretagne, qui, de par son agrément d’organisme à vocation sanitaire (OVS) délivré par l’État, restera une entité propre avec seulement une mutualisation des services transversaux. « Nous sommes aujourd’hui en mesure de développer une offre complète d’outils et de services en matière de conduite d’élevage pour offrir plus de valeur ajoutée individuellement à chaque exploitation, conclut Yann Lecointre. Ce mariage de raison, bien réfléchi, pleinement partagé et attendu par nos adhérents, doit également permettre de renforcer la position stratégique et économique des filières bovines, ovines et caprines françaises en Europe et dans le reste du monde. »

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Un rapprochement à l’échelle européenne

En amont de sa fusion à l’échelle française, Évolution (1 255 salariés, 154 millions d’euros de chiffre d’affaires) vient également d’unir ses forces, en matière de sélection bovine, avec deux autres intervenants majeurs en Europe : l’allemand Masterrind et le scandinave Vikinggenetics, détenu par les sociétés Faba en Finlande, Växa en Suède et Vikingdanmark au Danemark. « Dans un marché mondial qui se concentre et où les USA prennent de plus en plus en poids, il devenait stratégique, en termes d’indépendance génétique, d’unir nos forces, confirme Yann Lecointre, directeur général d’Évolution. Cette union se matérialise par la création d’une nouvelle coopérative en génétique bovine lait et viande, baptisée Arcowin, qui représentera 53 000 éleveurs en Europe. »

Depuis le 1er janvier 2021, Arcowin soutient les programmes de sélection laitiers et allaitants d’Évolution, Masterrind (600 salariés), et Vikinggenetics (155 salariés) avec pour objectif d’assurer le meilleur progrès génétique possible. « En échangeant les informations entre toutes les races et tous les pays, nous pourrons identifier les meilleurs animaux pour maximiser les gains génétiques et économiques dans tous les programmes de sélection. »

Ce rapprochement entre acteurs européens se limite pour l’instant uniquement au volet sélection même si d’autres synergies commerciales ou administratives ne sont pas exclues, dès lors que le mariage à trois fonctionne.

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