Les pêcheurs des Côtes-d’Armor contre-attaquent. En guerre ouverte avec Ailes Marines, porteur du projet de parc éolien en baie de Saint-Brieuc, accusé de ne pas tenir ses engagements sur le respect de la biodiversité des fonds marins, le comité des pêches des Côtes-d’Armor propose un projet alternatif de parc flottant à hydrogène. « Notre concept repose sur l’utilisation de la houle, précise Jean-Luc Stanek, président de la société Hace, basé à Bordeaux, qui développe depuis cinq ans cette technologie encore au stade du prototypage. À la moindre vague, jour comme nuit, vent ou pas, le mécanisme fonctionne. »
Un projet global autour de l’hydrogène
Pour les pêcheurs, auxquels certains reprochent une contestation peu constructive, ce projet préserve leurs intérêts et la biodiversité de la baie. « Certes, notre proposition arrive tard alors qu’Ailes Marines entend débuter ses travaux en mars, confirme Alain Coudray, président du comité des pêches des Côtes-d’Armor. Je tiens toutefois à rappeler qu’en l’état actuel des choses, le parc éolien se fait sans l’aval des pêcheurs qui mettront tout en œuvre pour empêcher sa construction. »
La première étape du projet porté par Hace consiste à réaliser un port flottant de 6 mégawatts puis une ferme houlomotrice de 500 mégawatts. La durée d’installation est estimée à trois ans. « Soit autant, voire plus rapidement que le calendrier annoncé par Ailes Marines », pointe Alain Coudray.
À terme, outre une unité de production d’hydrogène par électrolyse, le site ambitionne d’accueillir des viviers et des abris en mer, ainsi que des postes de ravitaillement pour les bateaux. « Notre projet, qui porte sur un investissement total de 2 milliards d’euros, comprend le basculement de 300 bateaux de pêche vers une motorisation à l’hydrogène ainsi que l’achat de 250 bus à hydrogène pour les territoires qui veulent passer à une mobilité décarbonée », décrit le président du comité des pêches.
Des investisseurs de Dubaï
Le PDG de Hace Jean-Luc Stanek projette la création de 2 500 emplois directs ainsi que 123 millions d’euros de bénéfice brut annuel pour la collectivité. « On espère convaincre des investisseurs français de regarder notre projet mais les financements sont sécurisés grâce à des financiers de Dubaï », plaide-t-il. Le soutien de potentiels capitaux étrangers ne semble pas contrarier les pêcheurs costarmoricains qui reprochent pourtant à Ailes Marines d’être détenus par un actionnaire espagnol, le géant Iberdrola. « Nous retenons avant tout que cette ferme houlomotrice n’aura pas d’impact sur les fonds marins et la biodiversité, et donc sur l’avenir de notre zone de travail », confirme Alain Coudray.