Côtes-d'Armor
Le foot business a croqué En Avant
Côtes-d'Armor # Sport

Le foot business a croqué En Avant

Avant d’être une machine à cash, un club de football doit d’abord être une machine à rêves.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Bertrand Desplat aime le rappeler à longueur d’interview. En Avant Guingamp, institution qu’il préside et dirige depuis 2011, n’est pas un club de football comme les autres en France. À juste titre, les « paysans guingampais » ont goûté à l’Europa Ligue, touché par deux fois le Graal en remportant la coupe de France et, depuis cinq ans, côtoient les cadors de la Ligue 1. C’est également l’unique club professionnel à fédérer, derrière lui, près de 150 petits actionnaires dirigeants de TPE/PME. À ce titre, on doit un certain respect à cette bourgade de 7 000 habitants pour lesquels le ballon rond rime avec passion, voire religion.

Photo : Séverine Gervois Taquet Photographe

Pourtant, les récents tumultes vécus par En Avant traduisent d’une certaine victoire du foot business. Les chiffres et les manières sont loin de s’inscrire dans l’ADN revendiqué d’un club façonné par l’emblématique, et toujours présent dans l’ombre, Noël Le Graët. Conforté « de manière inébranlable » la veille, l’entraîneur Antoine Kombouaré est remercié, le lendemain, sur le seul fait du Prince. Une sortie qui a un coût pour les finances de l’institution : plus de 3 millions d’euros afin d’honorer le contrat du technicien kanak et de ses adjoints, reconduits quelques mois plutôt jusqu’en 2020. L’arrivée de Jocelyn Gourvennec, qui émargeait, lors de son passage à Bordeaux, au même niveau que son prédécesseur, aura peu ou prou le même impact.

Le sauveur annoncé d’une saison mal embarquée l’a d’ailleurs lui-même reconnu. Deux ans après son départ, EAG a changé de dimension avec des investissements colossaux (Pro Park, siège social, Roudourou vague 4) dont certains ironisent déjà sur le fait que Guingamp disposera, en cas de relégation, des infrastructures les plus belles de Ligue 2. Obnubilés par la revalorisation des droits TV à l’horizon 2020, qui feront passer les clubs présents à cette date en Ligue 1 dans une nouvelle dimension, certains dirigeants d’En Avant Guingamp ont oublié qu’il reste encore deux ans à patienter avant d’atteindre cette échéance. Mais surtout, ils ont perdu à l’esprit, qu’avant d’être une machine à cash, un club de football est d’abord une machine à rêves.

Ce billet a été publié dans Le Journal des Entreprises Côtes-d'Armor n°377, décembre 2018.

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