Côtes-d'Armor
"La pénurie et l'envolée des prix des matériaux sont extrêmement inquiétantes"
Interview Côtes-d'Armor # BTP # Conjoncture

Philippe Nicol président de la Fédération française du bâtiment en Côtes-d'Armor "La pénurie et l'envolée des prix des matériaux sont extrêmement inquiétantes"

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La fédération du bâtiment en Côtes-d’Armor tire la sonnette d’alarme quant aux risques financiers qui pèsent sur les entreprises avec l’envolée du prix des matières premières de construction.

Philippe Nicol, président de la FFB 22 — Photo : Julien Uguet

Pourquoi tirez-vous la sonnette d’alarme concernant la pénurie et le prix des matériaux pour le bâtiment ?

Philippe Nicol : Il ne s’agit plus seulement désormais de demander aux clients qui ont des travaux à faire d’être patients, en raison des difficultés d’approvisionnements sur les chantiers mais bien d’alerter les décideurs, les collectivités territoriales, les offices HLM et les investisseurs privés d’une situation critique pour les entreprises du BTP. La conjoncture actuelle quant aux prix des matières premières, voire à leur pénurie pour certaines, est extrêmement inquiétante. Elle pourrait déboucher sur de grosses difficultés financières dans les mois à venir pour de nombreuses entreprises et artisans du bâtiment.

Comment se caractérise cette hausse ?

Philippe Nicol : À titre d’exemple, sur un an, certains prix de matériaux connaissent des progressions à deux chiffres. Nous sommes à + 40 % sur l’acier, conséquence directe de l’arrêt des hauts fourneaux en Europe en mars 2020 avec une production qui n’est toujours revenue à la normale. En parallèle, la demande d’acier est supérieure à l’offre, portée par une forte reprise en Asie. Sur le bois, la hausse est de + 25 % avec une situation préoccupante pour les bois de structure car les ruptures d’approvisionnement sont fortes. Sur le polystyrène, nous sommes à + 25 %.

Que préconisez-vous aux entreprises du bâtiment confrontées à ces difficultés ?

Philippe Nicol : Ceux qui répondent très régulièrement à des appels d’offres publics et privés doivent vérifier que les règles d’indexation des prix sont respectées et que le surcoût potentiel puisse être en partie pris en charge par le donneur d’ordre. Pour les marchés à venir, il est essentiel en accord, avec le maître d’ouvrage, d’insérer des clauses de variation des prix. Il faut bien se rendre compte qu’il est fréquent, dans notre secteur, de démarrer les travaux plus de 12 mois après avoir signé le marché. Enfin, pour les devis en cours, il est important de limiter la validité de l’offre à quelques semaines, un mois tout au plus.

Qu’attendez-vous des donneurs d’ordre, qu’ils soient privés ou publics ?

Philippe Nicol : Les maîtres d’ouvrage comprennent aisément que nous subissons tout comme eux une période d’instabilité. Il est vital qu’ils n’appliquent pas de pénalités de retard, retard dû à des ruptures d’approvisionnement sur le chantier ou à des délais de livraison non tenus par nos fournisseurs. Par ailleurs, il faut que les investisseurs privés acceptent d’intégrer la clause de variation des prix à leurs marchés. Il y va de la survie de nombreuses entreprises sur le moyen terme.

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