Ils ont eu le nez creux dès le départ. En 2003, trois plombiers chauffagistes décident de quitter le salariat pour créer GR Énergies à Merdrignac, dans les Côtes-d'Armor. Positionnée à l'origine sur le métier traditionnel de plombier chauffagiste, la jeune pousse se diversifie au fil des ans sur le marché des énergies renouvelables. Avec succès, puisque ce segment concentre aujourd'hui 90 % de l'activité et a permis à GR Énergies de considérablement grandir. L'entreprise emploie à ce jour 30 salariés et a réalisé 5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2017.
« Nous nous sommes doutés que les équipements au fioul ne resteraient pas une solution d’avenir. Les pompes à chaleur faisaient leur apparition », relate Samuel Recoursé, l'un des trois associés. Malgré les incertitudes qui planent encore sur ces nouvelles technologies à l’époque, ils décident de s’y intéresser de près. Visites à l’étranger, et notamment en Allemagne qui dispose d’une longueur d’avance sur la France, rencontres de constructeurs, installateurs, fournisseurs… Dès 2005, ils consacrent du temps pour apprivoiser ces nouveaux marchés, repérer les techniques et les fournisseurs fiables. En France et en Europe.
« Quand on part sur des métiers nouveaux, il faut éviter de réinventer l’eau chaude. Etre précurseur, mais pas trop, pour rester fiable. »
« Nous étions une petite PME, mais nous n’avons pas hésité à nous soustraire du temps directement productif, pour partir en visite et voyage d’étude », se remémore Samuel Recoursé. Riches de leurs nouvelles références et compétences, ils se lancent dans l’installation clé en main de chaudières à bois déchiqueté, le solaire thermique et le photovoltaïque. Suivront l’installation et la maintenance des systèmes de froid, la climatisation, l’aérothermie et la géothermie. Et, enfin, le séchage de fourrages en grange et la méthanisation.
Une clientèle qui s’élargit
Fort de ces nouvelles compétences, GR Énergies va s’attirer une clientèle plus variée. Concentrée au départ sur les particuliers et agriculteurs locaux, l’entreprise s’ouvre aux industriels et collectivités. Mais il faut savoir négocier le virage. Être sûr de pouvoir garantir aux clients performance, robustesse et fiabilité des installations. « Notre SAV est capital : nous n’installons rien au-delà de trois heures de route, pour pouvoir intervenir très rapidement ».
Pour organiser leur croissance, les trois associés ont une force, pas si répandue : une parfaite lucidité sur leurs compétences… et leurs manques. « Quand on part sur des métiers nouveaux, il faut éviter de réinventer l’eau chaude et il faut être précurseur, mais pas trop, pour rester fiable ». GR Énergies consolide ses savoir-faire, en embauchant un spécialiste du photovoltaïque en 2006, puis de l’énergie en 2007. Et enfin un ingénieur agronome lorsque démarrera l’activité méthanisation en 2013. Un véritable bureau d’études voit donc le jour, mû par un grand esprit d’ouverture. « On donne carte blanche aux nouvelles idées et à la prise d’initiative ».
« Nous faisons confiance à l’équipe, c’est indispensable ». Samuel Recoursé en est persuadé : être en capacité de laisser les clés du fonctionnement quotidien à ses collaborateurs, c’est une condition indispensable à la pérennité de la PME. « Ça laisse le temps de la réflexion, du recul. Et c’est plus enthousiasmant pour les équipes ». La configuration en trio d’associés a perduré elle aussi, avec la même confiance. « À trois, le partage d’idées est plus riche. On se réunit tous les quinze jours, pour évoquer les points d’actualité et d’avenir, de manière très souple, conviviale ».
Activités fluctuantes
Malgré tout, il faut faire avec des marchés porteurs, mais fluctuants et technologiquement complexes et évolutifs. Le photovoltaïque est devenu un marché mature et moins attractif financièrement pour les porteurs de projets. Le séchage en grange balbutie dans l’Ouest, le chauffage au bois déchiqueté se développe et la méthanisation, qui connaît un véritable essor, est une technologie complexe (60 % du CA). « C’est grâce à la diversité de nos métiers que nous pouvons absorber ces fluctuations ». Grâce aussi à une holding, mise en place par les associés, qui leur permet d’invertir en capital et en accompagnement technologique dans tous leurs domaines de compétences. Une assise financière aussi bien qu’un parfait observatoire de terrain, pour des technologies en perpétuelle évolution.
Actuellement, le carnet de commandes se porte très bien jusqu’en 2020 et même au-delà. Une perspective enthousiasmante pour les associés et les salariés, mais qui se heurte à un nouveau défi : le recrutement. Comme dans d’autres branches professionnelles, la pénurie fait son lit. « Nous formons les gens en interne, mais il faudra savoir les garder » !