Côtes-d'Armor
Fred Ghenassia, le passeur d’expériences
Portrait Côtes-d'Armor # Innovation

Fred Ghenassia, le passeur d’expériences

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Président de l’incubateur Open Bay à Saint-Brieuc depuis 2017, Fred Ghenassia a connu plusieurs vies avant de se poser en Côtes-d'Armor. Fort de ses nombreux succès et échecs, l'ex-DG des pinceaux Bullier/Léonard milite pour un développement économique du territoire qui s’effectue en aidant des jeunes pousses innovantes.

Fred Ghenassia est président de l’incubateur Open Bay à Saint-Brieuc depuis novembre 2017 — Photo : @JulienUguet

Ses parents étaient deux amoureux des séries américaines. Voilà pourquoi, à sa naissance, ils décident de le prénommer Fred. Un anglicisme qui guidera la destinée de l’actuel président de l’incubateur Open Bay à Saint-Brieuc. Toute sa vie, Fred Ghenassia, n’aura eu, en effet, de cesse de réaliser ses rêves… qu’ils soient américains, français, russes ou tunisiens.

Son histoire débute en Algérie en 1953. Fils de commerçants, il conserve peu de souvenirs de cette période si ce n’est « ces montagnes de Monsavon que mon papa vendait avec comme cadeau un disque en carton d’Édith Piaf. » À la fin de la guerre, il rentre en France. Avec l’aide de la communauté pied-noir, son père lance une activité de pressing puis ouvre un Franprix dans les Yvelines où le p’tit Fred « apprend le métier ».

Des échecs formateurs

En 1978, il sort diplômé de l’ISC Business School à Paris et fonde une société de négoce en lunettes de soleil Ray-Ban. « J’importais des paires discountées des USA. En un an, j’avais capté 20 % du marché français. Un an plus tard, je revendais l’entreprise à la marque. »

Fort de ce pécule, Fred Ghenassia rachète, à Melun, un supermarché puis se diversifie, en 1984, dans l’immobilier. Pris d’une frénésie entrepreneuriale, il fonde tout à tour un groupement d’achat de produits frais, une chaîne de magasins d’optiques avant de racheter des Shopi en région parisienne. L’histoire se finira dans la douleur en 1990. « J’étais happé par mes projets sans me rendre compte que mon bateau vacillait. Cette période a toutefois été formatrice. »

Un passage en URSS

Fred Ghenassia rebondit en URSS où il devient importateur et négociant de produits de BTP. « Un second échec sauf que j’ai appris, là-bas, à ne pas avoir peur dans les affaires. » Nouveau rebond en Tunisie où il se mue en distributeur Canal + au Moyen Orient et en Israël. « J’ai repris contact avec mon cousin qui m’avait aidé à monter le projet Ray Ban. Il était parti dans les cosmétiques. »

On est en 1996 et Fred Ghenassia met un pied dans un secteur dont il tombe amoureux. Conseiller de la marque Isabelle Lancray, il en devient le directeur général puis le propriétaire. « Quatre ans plus tard, je revends la société pour lancer ma marque, vendue exclusivement en télé-achat. »

Un enthousiaste qui remercie son pays

Après six années menées à 100 à l’heure, allant même jusqu’à animer sa propre émission de télé, ce père de trois enfants décide de faire une pause pour redevenir conseiller en stratégie. « C’est ainsi que j’ai fait la rencontre de Stéphanie Bullier. Je suis doublement tombé amoureux, de l’entreprise et de sa dirigeante. »

Nommé directeur général des pinceaux Léonard en 2011, Fred Ghenassia prolonge son break plus longtemps que prévu. Son départ, fin 2017, n’altère pas sa volonté d’aider un territoire qui l’a adopté. « Open Bay correspond à ma vision d’un développement économique qui s’effectue en aidant des jeunes pousses innovantes. Le projet le plus abouti, auquel je suis associé, est Hoali, une application qui permet de limiter l’impact de ses déchets. »

Éternelle enthousiaste, Fred Ghenassia fourmille de projet. « C’est naturel chez moi. Je suis français et pourtant, pendant tout mon parcours professionnel, j’ai eu cette volonté de remercier mon pays en lui donnant de mon temps et de mon expérience. »

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