François Caulier (Sacem) : « La musique améliore le bien-être en entreprise »
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François Caulier délégué régional de la Sacem François Caulier (Sacem) : « La musique améliore le bien-être en entreprise »

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Délégué régional de la Sacem dans les Côtes-d’Armor, François Caulier annonce une simplification des tarifs des droits d’auteur pour avoir une diffusion de la musique en entreprise.

François Caulier, délégué régional de la Sacem en Côtes-d'Armor, estime que, dans un contexte d’amélioration de la qualité de vie au travail, la musique est un levier pour favoriser le bonheur et le bien-être des salariés — Photo : @DR

Le Journal des Entreprises : Pouvez-vous nous redéfinir le rôle de la Sacem ?

François Caulier : Contrairement à ce que l’on peut penser, la Sacem n’est pas un service de l’État. Nous sommes une société privée de type coopératif dont 85 % des ressources collectées sont des droits payés, reversés aux créateurs dont les œuvres sont diffusées ou utilisées. Nous répartissons les droits, défendons les intérêts de nos membres, engagés pour la création artistique qu’elle soit musicale, écrite ou audiovisuelle. Enfin, nous avons également un rôle important de conseil auprès des créateurs ou des utilisateurs via notre portail Sacempro.

En tant que chef d’entreprise, est-il possible de ne pas payer de droits ?

F. C. : Il existe uniquement deux cas. Le premier est de se priver volontairement de musique. Le second est quand, de manière cumulée, la diffusion de la musique s’effectue dans un cadre familial, privé et gratuit. Dans une entreprise, tous les types de diffusion sont soumis à un paiement de droits. Cela va de la musique d’accueil, à celle d’attente téléphonique, au poste de radio que l’on installe dans l’atelier et même à la musique écoutée sur l’ordinateur professionnel. Je tiens à rappeler que depuis la création de la Sacem, ce cadre de taxation de la musique, dite fonctionnelle, existe. Il reste toutefois mal connu des dirigeants.

En janvier 2020, vous refondez votre grille tarifaire. Dans quelle logique ?

F. C. : L’objectif est d’offrir des tarifs plus clairs, plus compréhensibles et plus attractifs. La Sacem souhaitait apporter davantage de cohérence dans sa grille tarifaire afin qu’elle soit mieux acceptée. Je suis bien conscient que payer une facture n’est jamais très agréable. Mais si on sait à qui on paye, de quelle manière s’effectue le calcul et à quoi ça sert, cela va déjà beaucoup mieux. Je rappelle que, comme pour un brevet industriel, les droits d’auteur sont là pour protéger les créations artistiques.

Pourquoi maintenant ?

F. C. : Dans un contexte d’amélioration de la qualité de vie au travail, la musique apparaît comme un des leviers à activer pour favoriser le bonheur et le bien-être des salariés. Elle n’est plus du tout perçue comme distrayante ou gênante. Par ailleurs, elle permet d’améliorer l’image de sa société, ce que l’on appelle la dimension « marque employeur », afin d’aller recruter de nouveaux collaborateurs ou de nouveaux clients. Un magasin ou une borne d’accueil sans fond sonore perd de son attractivité commerciale.

Enfin, la musique reste un atout pour optimiser la productivité et la concentration des collaborateurs. Selon des études qualitatives et quantitatives menées par la Sacem en 2018, 65 % des personnes qui écoutent de la musique au travail le font pour se motiver. Avec la mise en place de plans Qualité de vie au travail (QVT), nous sommes d’ailleurs de plus en plus sollicités pour conseiller les entreprises qui souhaitent sonoriser leur hall de travail, mettre en place des radios internes, etc.

Comment vont s’articuler les nouvelles grilles tarifaires ?

F. C. : Ce sont des barèmes simples selon la taille de son effectif. Trois packages ont été imaginés : sonorisation de l’entreprise (show-room, atelier, etc.), organisation d’un à cinq événements dans l’entreprise et enfin un pack illimité. Pour avoir un ordre d’idée, choisir le pack 1 pour une entreprise de moins de 10 salariés coûte 159 euros HT par an. Ce tarif passe à 262 euros HT par an pour les moins de 50 salariés. À cela s’ajoute une réduction de 20 % si on se déclare préalablement.

Sur ce sujet encore très méconnu par les chefs d’entreprise, le travail de pédagogie sur le terrain va être essentiel…

F. C. : Effectivement. C’est une tâche à laquelle nous allons nous atteler en 2020. Une vaste campagne d’e-mailing va être lancée au niveau national pour informer les chefs d’entreprise, simuler le coût et aller jusqu’à payer en ligne le cas échéant. En Côtes-d’Armor, mes six collaborateurs seront au contact quotidien des clients, au téléphone et sur le terrain, pour expliquer cette évolution. L’idée n’est pas d’aller sanctionner systématiquement ceux qui ont oublié de payer ou de se déclarer spontanément. Entendons-nous bien, la Sacem est un partenaire, pas le gendarme de la musique qui vient uniquement rappeler les obligations légales en matière de diffusion d’œuvres sonores ou audiovisuelles. Toutefois, si des gens s’obstinent à ne pas payer, nous engageons des procédures contentieuses.

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