« En rejoignant Saint-Brieuc, l'Epide va continuer à prôner l’insertion par le travail »
Interview # Ressources humaines

« En rejoignant Saint-Brieuc, l'Epide va continuer à prôner l’insertion par le travail »

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Conforté par l’État avec une augmentation de ses capacités d’accueil, l’établissement pour l’insertion dans l’emploi de Lanrodec confirme que son positionnement mixant rigueur, social et économie est payant. Dirigé par Laurence Zellner, ex-collaboratrice des réseaux consulaires (CCI et chambre de métiers), l’Epide réussit à mobiliser un nombre, toujours plus important, de chefs d’entreprise. La structure annonce également son déménagement vers Saint-Brieuc à l'horizon 2020.

Laurence Zellner, directrice de l'Epide à Lanrodec, veut convaincre toujours plus d'entreprises de rejoindre les ambassadeurs de sa structure — Photo : @DR

L’Epide de Lanrodec vient d’être conforté par les services de l’État, avec même un renforcement de ses missions et de ses capacités d’accueil. C’est une véritable satisfaction ?

Laurence Zellner : C’est un soulagement car nous étions menacés de fermeture au niveau national avec un impact sur l’unique site de Bretagne, à Lanrodec. Avec l’annonce de l’État de conforter nos missions, et de les renforcer avec une capacité d'accueil qui passe en 2019 de 120 à 150 places, cela démontre l’intérêt d’une structure comme la nôtre.

Pouvez-vous rappeler les missions et objectifs de l’Epide ?

L. Z. : Placé sous la tutelle du ministère du Travail, le réseau des établissements pour l’insertion dans l’emploi a pour vocation à tendre la main aux jeunes, âgés de 18 à 25 ans, en rupture de la société et de vie en collectivité. Notre travail de réinsertion sociale a un seul objectif : celui de trouver à ces volontaires une place sur le marché du travail une fois leur cheminement personnel réalisé.

La première des clés de votre réussite réside dans une organisation d’inspiration militaire. Cette philosophie est nécessaire pour se remettre en phase avec le monde du travail ?

L. Z. : Ce fonctionnement est un héritage du ministère de la Défense et des armées à l’origine du projet. Un tiers de notre effectif d’encadrants est d’ailleurs composé de militaires à la retraite. Le respect des codes et des coutumes est un élément central de la réussite du projet de réinsertion. Nos jeunes se lèvent tous les jours à 6 h, font leur lit au carré, chantent La Marseillaise, se rassemblent pour le salut aux drapeaux, etc. Ils sont tous volontaires pour nous rejoindre, aiguillés par nos partenaires de l'action sociale, et restent libres de partir quand ils le veulent. À ce cadre rigoureux s’ajoutent, sur une période de huit à dix mois, une remise à niveau éducative, la possibilité de passer le permis de conduire et, surtout, de nombreux stages en entreprise.

« D’ici à 2020, l’Epide devrait normalement rejoindre Saint-Brieuc. »

C’est là que se trouve la seconde clé de la réussite de l’Epide ?

L. Z. : Notre plus grande fierté restera toujours d’avoir remis nos jeunes sur le chemin de l’emploi avec un travail trouvé ou une formation qualifiante. Le taux de réussite dépasse 80 %, ce qui est exceptionnel. Depuis 2015, l’Epide de Lanrodec dispose d’une chargée des relations entreprises qui renforce le travail de nos conseillers en insertion professionnelle. Il faut que les patrons engagés partagent nos valeurs. Tout le monde ne s’y retrouve pas, mais globalement la bienveillance est de plus en plus forte.

Quels sont les projets pour 2019 avec ce renforcement de vos missions ?

L. Z. : Nous allons renforcer notre réseau de patrons ambassadeurs en signant avec eux un pacte en matière d’employabilité. Il faut être conscient que nos jeunes, au début de leur apprentissage à l’Epide, ne vont pas assez bien respecter les horaires par exemple. C’est un constat que tout le monde doit partager. L’idée est d’avoir un pool de patrons qui acceptent ces particularités, sans préjugés ni freins.

Derrière, l’idée reste toutefois de trouver un emploi ou un terrain de formation qualifiante…

L. Z. : Effectivement, de plus en plus d’entreprises franchissent le pas avec un engagement social et citoyen fort. Nous comptons actuellement 200 sociétés partenaires. Je prends comme exemple Le Helloco Accouvage à Loudéac qui compte dans ses effectifs cinq jeunes issus de l’Epide. Je voudrais que ces cas se multiplient encore plus. L'accueil des stagiaires est relativement simple, sans coût supplémentaire pour l'entreprise puisque nous jouons le rôle d'accompagnant et de coordinateur. Toutefois, cet ancrage costarmoricain, qui nous a beaucoup servis, doit doucement prendre une dimension régionale. À l’Epide de sortir de son centre de Lanrodec en allant toujours plus au contact des patrons, des réseaux, etc.

Quel est le budget de fonctionnement de l’Epide de Lanrodec ?

L. Z. : Hors masse salariale de nos 45 agents, directement gérée par l’État, notre enveloppe est de 1,2 million d’euros. Cette somme, qui comprend le défraiement mensuel des stagiaires, contribue au soutien de nos actions vers les entreprises ou à la vie de la cité puisque nous participons à de nombreux événements en Bretagne.

Confortée pour les années à venir, l’Epide va aussi déménager dans les mois à venir…

L. Z. : Depuis le 22 novembre, notre tutelle nous a confirmé chercher un nouveau site d’accueil de nos stagiaires. Lanrodec s’y prête bien mais nous restons loin des transports en commun. Cela ne favorise pas véritablement l’autonomie de nos jeunes. D’ici à 2020, l’Epide devrait normalement rejoindre Saint-Brieuc. On nous a parlé de l’ex-collège Beaufeuillage, de l’ex-site de la clinique du littoral, etc. Rien n’est acté si ce n’est que nous allons quitter Lanrodec.

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